Sur une idée et une musique originales de Catherine Lara
en collaboration avec C. Lehn et E. Mouquet
Écrit et mis en scène par Giuliano Peparini
Avec la contribution exceptionnelle de MC Solaar
Avec Sinan Bertrand, Adrien Ouaki, Gabriele Beddoni, Jocelyn Laurent, Olivier Mathieu, Brahem Aiache, Grégoire Malandain, Aurore Mettray, Théo Legros-Lefeuvre
Résumé : Ils sont sept. Ils ne se connaissent pas. Ensemble, ils voyageront vers un formidable ailleurs. Sur une idée et une musique originale de Catherine Lara et une mise en scène de Giuliano Peparini.
Notre avis:
Il est des voyages que l’on fait sans savoir ce qui nous attend. En se laissant guider, prendre par la main et avancer. Fébrile d’abord, puis serein et émerveillé. Et dont on ne revient pas tout à fait pareil. Bô est de ceux-là. Qui ne ressemble à aucun autre. Car en fait de voyage, c’est surtout une ode à la vie dont il s’agit. Celles d’ici ou de là-bas, celles d’hier ou d’aujourd’hui, celles que l’on croise, qui souffrent, qui résistent ou qui s’aiment. Une parenthèse d’émotion et de grâce.
Sans réelle histoire, ni lien, Bô voit acrobates, danseurs et artistes évoluer autour de Catherine Lara et de son violon, dont naissent des airs aux sonorités orientales et mystérieuses, porte ouverte vers l’imagination. Sous son archet magique se succèdent ainsi une dizaine de tableaux, comme autant d’évocations diverses : l’enfance, le harcèlement à l’école, la guerre, la souffrance, l’amour, les amours… L’allégorie est évidemment reine dans ce royaume artistique et musical, qui invite chacun à se laisser envouter et à cheminer lui-même intérieurement. Comme une rencontre de la danse contemporaine et du Cirque du Soleil, les peaux se frôlent, les muscles s’envolent, les silhouettes se poursuivent, s’apprivoisent, et s’enlacent. Giuliano Peparini ‑dont le talent avait été si mal exploité dans les « grosses » productions françaises auxquelles il a participé — signe ici une superbe mise en scène. Libre, il ose, et c’est tant mieux, ce ballet ultra-moderne et audacieux où les corps se touchent pour toucher les cœurs. Tout en grâce et en gestes, il offre à chaque tableau intensité et émotions, laissant au spectateur le soin d’imaginer, de chercher parfois à comprendre. Mais le faut-il ? Peut-être pas. Car ce mélange d’efforts physiques et de sons envoutants venus d’un autre monde se suffit à lui-même et donne la chair de poule. A cet égard, les tableaux du naufrage, de l’homosexualité ou des enfants-soldats sont poignants et dégagent une puissance dont les artistes ne sont pas pour rien. Parmi les danseurs, citons notamment Braham Aïache et Adrien Ouaki ou l’acrobate Théo Legros-Lefeuvre, qui, pris dans le vent et les voiles, émerveille sur son mat chinois. Tous évoluent dans un festival de lumière et une scénographie originale et pleine d’inventivité d’Emmanuelle Favre, qui traumatisera surement les esprits cartésiens mais captivera les âmes vagabondes. Comme le fera Sinan Bertrand, étrange marcheur parmi ces vies, leur passant le témoin, ou témoin de ces passants ?
Alors, oui, comme dans tout voyage, on peut y trouver parfois le temps long, les scènes inégales ou répétitives. L’on peut aussi s’y perdre, et chercher un chemin. Mais sans jamais regretter sa venue. Car un détail rattrape le regard, une figure capte l’attention, un mouvement intrigue, dans ces univers habillés de projections vidéos. Et l’on pardonne aussitôt aux textes métaphoriques que nous avons déjà oubliés, et au premier tableau dont le sens nous a totalement échappé. Et si nous n’avons pas tout à fait compris quel mystère partait découvrir ces huit personnages, « en route vers un formidable ailleurs », nous avons trouvé autre chose : un magnifique spectacle. Une alchimie poétique, physique et mélodique intense et forte. Un fascinant voyage de l’âme dont nous ne sommes assurément pas revenus tout à fait pareil.
Découvrez la bande-annonce:[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=uKrxUYym7m4[/youtube]