Kalavrita (Critique)

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Réc­i­tants
Philippe Campiche
Isabelle Bouhet
Harpe
Julie Campiche
Sole­d­i­na Camesi
Piano
Maël Godinat
Alex­is Gfeller
Vio­lon­celle
Jacques Bouduban

En décem­bre 1943, les troupes alle­man­des encer­clent un vil­lage de la pénin­sule grecque du Pélo­pon­nèse, Kalavri­ta. Tous les hommes y seront fusil­lés, en repré­sailles à la mort de 81 sol­dats nazis. En 1979, l’auteure Char­lotte Del­bo, mil­i­tante com­mu­niste rescapée d’Auschwitz, vis­ite le vil­lage. Elle en tire une nou­velle, Kalavri­ta des mille Antigone, qui célèbre la noblesse de ces paysannes acharnées à ériger un mau­solée à la mémoire de leurs morts, pareilles à Antigone renonçant jusqu’à la vie pour don­ner une sépul­ture à l’un de ses frères.
C’est ce texte que le con­teur Philippe Campiche pro­pose de faire enten­dre, accom­pa­g­né de la comé­di­enne Isabelle Bouhet, d’une harpiste, d’un pianiste et d’un vio­lon­cel­liste. La nou­velle « Kalavri­ta des mille Antigone » appar­tient au recueil La Mémoire et les jours de Char­lotte Del­bo, pub­lié aux édi­tions Berg Inter­na­tion­al, 2013.

Notre avis : Même sans aucune chan­son, Kalavri­ta est un spec­ta­cle très musi­cal. Les deux réc­i­tants sont en effet accom­pa­g­nés par trois instru­men­tistes au piano, au vio­lon­celle et à l’harpe. La musique, com­posée avec soin par Maël God­i­nat, loin d’être redon­dante ou super­flue, apporte un poids réel au réc­it de la tragédie, réc­it délivré avec ce qu’il faut de dis­tance et de maîtrise par Isabelle Bouhet et Philippe Campiche. Ces deux con­teurs évolu­ent dans une mise en scène au min­i­mal­isme bien­venu. Le texte de Char­lotte Del­bo prend ain­si toute sa dimen­sion. Cette auteure, com­mu­niste qui fut assis­tante de Jou­vet, con­nut l’horreur des camps de la mort. Elle est à la tête d’une œuvre digne, pro­fondé­ment humaine et boulever­sante, se faisant au tra­vers de plusieurs de ses livres l’écho des témoins ren­con­trés de retour des camps.

Ici le réc­it se con­cen­tre sur la tragédie d’un vil­lage grec, cible de la bar­barie des sol­dats nazis, repré­sailles immon­des suite à la mort de plusieurs d’entre eux durant leur tra­jet. La manière de ren­dre pal­pa­ble chaque détail, de dessin­er avec minu­tie, clarté, chaque trait de cette his­toire, rend ce spec­ta­cle boulever­sant. Grave, digne, échap­pant à toute lour­deur, Kalavri­ta touche avec maes­tria chaque spec­ta­teur et con­tin­ue de ren­dre hom­mage aux hommes exé­cutés ain­si qu’au courage et à la déter­mi­na­tion des femmes du vil­lage. Un spec­ta­cle fort.