Récitants
Philippe Campiche
Isabelle Bouhet
Harpe
Julie Campiche
Soledina Camesi
Piano
Maël Godinat
Alexis Gfeller
Violoncelle
Jacques Bouduban
C’est ce texte que le conteur Philippe Campiche propose de faire entendre, accompagné de la comédienne Isabelle Bouhet, d’une harpiste, d’un pianiste et d’un violoncelliste. La nouvelle « Kalavrita des mille Antigone » appartient au recueil La Mémoire et les jours de Charlotte Delbo, publié aux éditions Berg International, 2013.
Notre avis : Même sans aucune chanson, Kalavrita est un spectacle très musical. Les deux récitants sont en effet accompagnés par trois instrumentistes au piano, au violoncelle et à l’harpe. La musique, composée avec soin par Maël Godinat, loin d’être redondante ou superflue, apporte un poids réel au récit de la tragédie, récit délivré avec ce qu’il faut de distance et de maîtrise par Isabelle Bouhet et Philippe Campiche. Ces deux conteurs évoluent dans une mise en scène au minimalisme bienvenu. Le texte de Charlotte Delbo prend ainsi toute sa dimension. Cette auteure, communiste qui fut assistante de Jouvet, connut l’horreur des camps de la mort. Elle est à la tête d’une œuvre digne, profondément humaine et bouleversante, se faisant au travers de plusieurs de ses livres l’écho des témoins rencontrés de retour des camps.
Ici le récit se concentre sur la tragédie d’un village grec, cible de la barbarie des soldats nazis, représailles immondes suite à la mort de plusieurs d’entre eux durant leur trajet. La manière de rendre palpable chaque détail, de dessiner avec minutie, clarté, chaque trait de cette histoire, rend ce spectacle bouleversant. Grave, digne, échappant à toute lourdeur, Kalavrita touche avec maestria chaque spectateur et continue de rendre hommage aux hommes exécutés ainsi qu’au courage et à la détermination des femmes du village. Un spectacle fort.