Ce DVD retrace l’itinéraire d’une chanteuse hors normes devenue une artiste de légende à travers la sélection de vidéos présentées lors de l’exposition de la Philharmonie de Paris : ses toutes premières apparitions à la télévision, les entretiens d’une grande intimité qu’elle donne dans l’émission Discorama, ses chansons présentées en entier, ses plus grands succès comme ses chansons moins connues, des duos, des extraits de reportages en tournée, sur ses spectacles, sur des tournages de cinéma, des images de quelques-uns de ses concerts mythiques et les images très émouvantes d’un récital donné à la prison des Beaumettes. Complément inédit : « « Barbara ou ma plus belle histoire d’amour » » de Gérard Vergez.
Notre avis : Afin de prolonger avec délice les émotions suscitées par la très belle exposition à la Philharmonie, ce double dvd s’impose. Il contient de véritables pépites, issues des archives de l’INA dans le premier disque. Le second, quant à lui, propose un documentaire coproduit par Arte, l’Ina en étant le producteur délégué et réalisé par un monteur, Cyril Leuthy : Barbara, chansons pour une absente. Ce film, qui débute par la voix off d’introduction de la comédie musicale Lily Passion, évoque la personnalité complexe de la « pianiste chantante » en mêlant extraits de chansons, ponctués par d’autres extraits d’interview, sans suivre de trame chronologique (ce qui est une bonne idée), en se fiant plus à une promenade impressionniste. Certains passages s’avèrent épatants, comme l’évocation de l’inceste (aidé en cela par les belles animations de Sébastien Laudenbach), d’autres nous frustrent. Ainsi cet extrait d’archive extrêmement émouvante, sans doute des années 70, où l’on voit Barbara parler à son public, très jeune, à l’issue d’un spectacle. Ses admirateurs refusent qu’elle parte et implorent une nouvelle chanson. Elle accepte, en étant seule au piano, à condition « qu’on entende une mouche voler ». Les expressions des visages émus et heureux est juste extraordinaire. Hélas le réalisateur, au lieu de faire durer ce moment et laisser Barbara chanter, évoque alors, par le biais d’autres archives, « Ma plus belle histoire d’amour », brisant ainsi un moment suspendu, comme l’artiste savait parfaitement en créer.
Le second dvd comporte des trésors, à commencer par le génial, juste génial, documentaire de Gérard Vergez : Barbara ou mal plus belle histoire d’amour tourné en 1973 et diffusé une seule fois à la télévision. Mari de Minne, la costumière de Barbara, le cinéaste eut accès à des moments privilégiés où l’on découvre une artiste enjouée, drolatique, tricotant dans sa voiture en évoquant son habit de scène que personne n’a le droit de toucher (enfin un pompier s’y risque quasiment en essayant d’aider la diva qui ne parvient pas à enfiler du fil dans le chas d’une aiguille, alors qu’elle vient de déchirer son habit de scène) ou chantant l’Aventura sur scène. Des moments qui ne sont pas volés (elle sait pertinemment être filmée), mais partagés d’une artiste fantasque et follement attachante. Ainsi les moments où elle s’accapare la scène arrivant dans un théâtre, le dialogue avec l’accordeur de piano ou encore dans sa loge à accueillir le public, après la représentation et ce moment où elle embrasse spontanément cette femme, un peu âgée, dont le regard est juste bouleversant alors qu’elle reçoit sa photo dédicacée. Et, pour clore le documentaire, ce duo improvisé, dans sa voiture, écoutant la radio en tricotant, où elle accompagne « la chanson de Prévert » interprétée de Gainsbourg.
Dans : De Monique Serf à Barbara la compilation d’extraits d’émissions permet de voir une vedette éclore. Des premiers plans en Belgique où Barbara, déguisée en bohémienne, s’amuse avec celle qui fut sa pianiste, à un document bouleversant de la chanteuse face aux prisonnières des Baumettes. En complément de nombreux extraits, passionnants, d’émissions de télévision (les inoubliables Discorama avec celle qui devint sa complice, Denise Glaser), d’interviews où elle se montre enjôleuse et séductrice, affirmant ne pas être une poète mais juste faire des « petits zinzins comme ça », voire de comédie musicale (« le duo des Tarots », extrait de l’opérette Jeu de dames de Willemetz/Manoir et Van Parys, vaut son pesant de perlimpinpin !). Göttingen, l’évocation de la comédie musicale Madame (qui ne fut pas le succès escompté), du cinéma avec Béjart ou Brel avec qui elle tourna Frantz… Sans oublier les concerts où le mythe a terminé de se bâtir : Pantin, mais aussi Mogador (grâce à des images volées). Autant de documents visibles pour la plupart dans l’exposition, mais qu’il est passionnant de redécouvrir par ce biais.