Une soirée au cabaret du Phénix. Paris, 1918. Alors que la guerre n’en finit pas, artistes, révolutionnaires et marginaux se retrouvent pour faire la fête au Phénix. Dans ce cabaret décadent, ce sont les hommes qui se maquillent et les femmes qui commandent. Ici, la guerre n’existe pas. Ce soir, le capitaine Émile Barbiquet va épouser Blanche, la petite protégée de la maison. Mais avant de l’accueillir en son sein, la grande famille du Phénix va le soumettre à un jeu étrange…
Plongez en immersion dans la maison. Il n’y a ni scène, ni coulisses. Vous êtes libres de choisir où aller, qui suivre et à quelle porte écouter… Après le spectacle, la soirée continue avec les Heures Joyeuses du Phénix : café-concert, rafraîchissements et restauration de saison.
Renseignements et réservations sur le site de Close.
Notre avis : Avant même de découvrir le superbe décor du Phénix, le dépaysement commence déjà. En effet, sur le carton d’invitation, le public est invité à se faire coquet pour cette nuit de noces : colliers de perles et costumes se succèdent dans la file à l’entrée.
Une fois le vestiaire obligatoire passé, le public entre dans le lieu secret et s’émerveille de son cachet : verrières, haut plafond, différents niveaux… C’est un véritable terrain de jeu pour les curieux. Car oui, l’annonce a été claire dès le début : à nous de déambuler dans tous les recoins du cabaret où se déroule la fête de mariage. On y découvre alors les décors extravagants composés avec exigence qui nous transportent directement en 1918. L’accumulation de froufrous, lettres, bibelots, miroirs, vaisselle, dentelles, pampilles, sofas en velours et tissus lourds nous plonge dans l’ambiance languissante et lascive du cabaret et donne, l’air de rien, des informations sur l’intimité des personnages. Tout aussi soignés, les costumes conçus par Juliette du Pont de Romémont se révèlent un régal pour les yeux.
Tout en s’imprégnant de l’atmosphère, il est temps de soulever les rideaux, ouvrir les portes, écouter les conversations et aller à la rencontre de la bande du Phénix : Franz le cuisinier tout droit sorti d’un film de Wes Anderson, Suzanne la bourgeoise encanaillée, ou encore, Zélie la goulue dévergondée. Des personnages bien trempés, donc, que les comédiens incarnent avec conviction et dont les caractéristiques se dévoilent au gré des conversations avec les invités. C’est ainsi que l’intrigue se met en place ; elle sera donc perçue différemment selon que vous choisissez de suivre tel ou tel personnage. Quel plaisir de découvrir les comédiens improviser, apprécier leur don pour la repartie, et leur manière subtile de nous dévoiler un peu plus de la personnalité de leurs personnages, tous hauts en couleur. Cependant, ce spectacle ne repose pas uniquement sur l’improvisation, mais bien sur des textes réfléchis et amusants, surtout lors des tours de chant où s’enchaînent figures de style, rimes et jeux de mots.
Résultat : le public se prend facilement au jeu. Il a le choix entre participer activement ou rester simple spectateur. L’action n’attend pas le visiteur : à lui de choisir où il veut se poster, quel personnage il veut suivre car, où qu’il se trouve dans cet immense décor, des secrets seront révélés dans chacune des pièces du cabaret. En réalité, même en menant l’enquête de manière assidue et en vous adressant aux comédiens qui répondent à vos questions, il vous sera difficile de mettre au jour tous les secrets du Phénix. Finalement, ce n’est pas le plus important. Ici, l’expérience immersive l’emporte sur la trame dramatique. À la fin, vous ne saurez sans doute pas tout, mais peu importe. L’expérience peut se poursuivre entre spectateurs, en échangeant sur vos découvertes autour d’un verre et continuer la soirée au cabaret !