Fauve Hautot, la belle du samedi soir

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Fauve Hau­tot © Jaco­vides / More­au / Bes­tim­age

Fauve Hau­tot, com­ment vous êtes-vous pré­parée à La Fièvre du same­di soir ?
Quand on m’a pro­posé le pro­jet voilà une bonne année, j’ai revu le film pour voir si l’histoire me plai­sait, si je pou­vais m’y inve­stir. La danse est au cen­tre, c’est indé­ni­able, et Stéphane Jarny, notre met­teur en scène, souhaitait met­tre en avant cet art. C’était donc un défi, mais qui me sem­blait à ma portée, dans mes cordes. En revanche, il a fal­lu que je me frotte à la comédie, j’étais plus frileuse à cause de ma peur. Nous avons débuté les répéti­tions mi-décem­bre de manière tra­di­tion­nelle, de 10 à 19 heures quo­ti­di­en­nement. Pour la danse, je sais où plac­er mon per­fec­tion­nisme, je me con­nais suff­isam­ment pour cela. Il fal­lait toute­fois que l’on s’apprivoise avec Nico­las Archam­bault, puisque nous n’avions jamais dan­sé ensem­ble. Trou­ver l’osmose avec lui puis avec le groupe, car cha­cun est impor­tant dans le spec­ta­cle vivant, a été le but à attein­dre. Pour la comédie, j’ai eu la chance de tra­vailler avec Agnès Boury (que l’on voit, en pro­jec­tion, dans le spec­ta­cle — ndlr) auteur des dia­logues. Elle est très futée, intel­li­gente et humaine car elle a réus­si à me sor­tir de ma timid­ité et de ma peur. Elle fut très péd­a­gogue et a com­pris que je voulais aller dans le naturel et pas dans quelque chose, pour le coup, de trop théâ­tral. Elle y est par­v­enue car je me suis sen­tie à l’aise le soir de la pre­mière ain­si qu’à chaque représen­ta­tion. C’est l’adrénaline qui me fait marcher. En comédie, on m’attendait au tour­nant et les retours que j’en ai sont plutôt sym­pa­thiques et m’incitent à penser que j’ai réus­si mon pari et j’en suis contente.

Le type de peur pour la comédie est-il le même que celui que vous pou­vez ressen­tir en danse ?
C’est exacte­ment le même : la peur de ne pas être à la hau­teur et de décevoir le pub­lic. A mes yeux, quand on ren­tre en scène, il faut être impec­ca­ble, par­faite­ment pré­parée, très pro. Les spec­ta­teurs paient leurs places, il est impens­able pour moi de ne pas leur don­ner le max­i­mum de ce que je puisse faire. J’aime que les gens repar­tent con­tents et un peu scotchés. Pour en revenir au jeu, c’était un peu quitte ou dou­ble. J’ai évolué depuis le début des représen­ta­tions. Par exem­ple, ma voix monte dans les aigus lorsque je suis un peu stressée, j’ai appris à la maîtris­er, c’est un appren­tis­sage réel de tra­vailler avec la res­pi­ra­tion. Une autre manière d’appréhender mon corps.

Com­ment gér­er le rap­port au public ?
J’y suis très habituée. Du temps des com­péti­tions, les gens étaient assis autour de la piste ; puis dès l’âge de 18 ans j’ai par­ticipé à divers spec­ta­cles, par exem­ple des tournées avec des chanteurs dans de grandes salles. J’ai cet amour du spec­ta­cle vivant et le sen­ti­ment de pro­gress­er à chaque fois. Que veux-tu don­ner ? Qu’est-ce qu’attend le pub­lic ? Qui es-tu sur scène ?

Stéphanie, votre per­son­nage, vous ressemble-t-elle ?
Elle est très indépen­dante : il ne faut pas l’ennuyer ! C’est un élec­tron libre, elle ne compte sur per­son­ne, c’est ce qui nous rap­proche. Dans les métiers artis­tiques, il faut s’accrocher, il faut tra­vailler con­stam­ment pour obtenir un résul­tat convenable.

Com­ment définiriez-vous la choré­gra­phie du spectacle ?
Elle se com­pose de pas mal de mélanges. D’un côté les par­ties en duo, de type danse de salon avec Nico. Stéphane avait la volon­té de garder ce côté-là pour ne pas per­dre les spec­ta­teurs qui con­nais­sent mon par­cours. D’un autre côté les choré­gra­phies, de groupe, sont cod­i­fiées avec les dans­es d’aujourd’hui entre hip hop, street, new style… Une sorte de com­bi­nai­son d’influences divers­es. Même si les choré­gra­phies sont pré­cis­es, le spec­ta­cle per­met une marge de manœu­vre assez grande. Je ne pour­rais toute­fois pas danser ce spec­ta­cle pen­dant une année : je pense qu’à la fin je m’ennuierais. Avoir 68 dates parisi­ennes et d’autres en tournée me va par­faite­ment bien. J’arrive sur scène pleine d’énergie et avec une envie renouvelée.

Avez-vous la ten­ta­tion d’être chorégraphe ?
J’adore choré­gra­phi­er car j’aime racon­ter des his­toires de vie, traduites par la danse, qu’elles soient com­préhen­si­bles par le spec­ta­teur. Cela fait un petit moment que j’en fais, mais il faut être entourée des bonnes per­son­nes de con­fi­ance et des bons artistes, his­toire de gom­mer les égos. Un choré­graphe invente des mou­ve­ments, certes, mais plus que tout, il doit créer une struc­ture et dessin­er, en échange avec les autres car cha­cun vient avec son inspi­ra­tion, sa gestuelle… Il faut partager une vision de la danse, trou­ver des gens ouverts, prêts à partager leurs idées, chercher ensemble.

Chez les danseurs de comédie musi­cale, avez-vous des références ?
Cyd Charisse me vient en pre­mier à l’esprit. Gene Kel­ly, Fred Astaire, Vera Ellen… Je suis très inspirée par les années 50 parce qu’elles priv­ilé­giaient la danse à deux, ce que j’adore faire. Je suis égale­ment fascinée par la moder­nité de ces choré­gra­phies, tout comme par la rigueur induite dans tous ces tableaux, très travaillés.

Avez-vous l’envie de vous ori­en­ter vers le théâtre musical ?
Non. J’adore faire ce spec­ta­cle, mais mes recherch­es m’orientent vers d’autres formes, peut-être dans des salles plus mod­estes, avec des œuvres qui font une plus grande place à la poésie et à dif­férentes formes d’art : vidéo, pho­to… C’est un souhait per­son­nel que j’accomplirai d’ici quelques années lorsque je ne serai plus en mesure de danser : pass­er de l’autre côté du miroir m’intéresse. Dès que j’aurai le temps, je reprendrai des cours de danse, l’apprentissage ne s’arrête jamais. Je prends égale­ment des cours de comédie qui me per­me­t­tent d’explorer d’autres ter­rains. Je scrute les films français afin de com­pren­dre la manière dont les acteurs jouent, com­ment ils peu­vent être naturels face à une caméra. Et voy­ager un peu aus­si, j’apprécie les grands espaces. Mais pour l’heure, j’ai encore telle­ment à appren­dre. Et j’aime avoir peur ! Les nou­veaux défis m’excitent tou­jours. Encore une his­toire d’adrénaline qui m’oblige à pouss­er mes limites.

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