Une jeune étudiante de dix-huit ans découvre en effectuant un test ADN que sa mère n'est pas sa mère biologique mais qu'elle est issue d'un don d'ovocyte. Terrassée par cette nouvelle, elle s'enfuit chez son meilleur ami et entreprend des recherches afin de comprendre ce qui s'est réellement passé. Elle consulte un médecin pour essayer de retrouver l'identité de sa génitrice et demandera à son retour au bercail des explications à ses parents. Ces derniers vont tout lui raconter du premier rendez-vous chez un médecin spécialisé jusqu'au jour où sa mère apprendra qu'elle est enceinte.
Notre avis : Sophie Médioni, co-autrice de la pièce avec Nolwen Ronde (qui assure également la mise en scène) connaît bien son sujet.
Biologiste médicale spécialisée en assistance médicale à la procréation, elle décide ensuite de changer de voie afin d'embrasser une carrière artistique. Filiation est sa première création où l'on sent bien qu'elle a mis tout son cœur.
La construction de cette pièce non musicale repose principalement sur une temporalité couvrant vingt ans de vie et ponctuée de flash-backs qui accompagnent nos personnages à chaque moment clé de leur parcours. La scénographie minimaliste facilite les fréquents changements de lieu et d’époque, le parcours nous étant raconté en moins d'une heure trente ! Parcours du combattant (il va s'en dire) ici bien dépeint par nos autrices : la PMA se révèle être un sujet tabou dont on n'ose guère parler et qui bouscule trop souvent les équilibres familiaux.
L'invisibiliser, c'est accentuer le choc des enfants qui le découvrent, nous précisent-elles. La jeune Célia Giuliano fait preuve de sensibilité dans son emploi d'écorchée vive. La distribution homogène (les parents et la docteure, incarnée par Sophie Médioni elle-même) contribue à nous faire passer une soirée assez instructive. L'écriture nous a cependant semblé un peu en deçà de nos attentes, mais soyons indulgents pour ce premier texte courageux.