1949. Clément Mathieu, musicien sans emploi, accepte un poste de pion dans un internat pour jeunes garçons difficiles. Entre des gosses perturbés et l’hostilité du directeur Rachin, adepte de la manière forte, Mathieu peine à trouver sa place. Il tente alors une expérience : les initier à la pratique du chant. Son enthousiasme lui vaut la tendresse grandissante des enfants, le soutien du personnel mais aussi l’animosité de Rachin. Enfant des plus renfermés, le jeune Pierre Morhange révèle néanmoins des dons exceptionnels que Mathieu signale à sa mère, Violette, qui l’élève seule avec courage et dont Mathieu tombe vite amoureux. Le succès de la chorale va transformer le quotidien des enfants et permet à l’école d’éviter la faillite. Mais la réussite de Mathieu n’a fait qu’attiser la haine de Rachin, qui n’a pas dit son dernier mot…
Notre avis : Après Les Choristes et Les Choristes, le concert voici Les Choristes, le spectacle musical. Depuis le succès du film qui attira plus de huit millions de spectateurs dans les salles françaises en 2004, tous les moyens semblent bons pour exploiter le filon. Si l’idée n’est pas forcément mauvaise, le film reposant sur un scénario solide très bien construit accompagné d’une belle musique, la réalisation n’en est pas très heureuse.
L’ouverture du spectacle laisse pourtant augurer du meilleur. Après une courte scène chez Clément Mathieu interprété par Jean-Louis Barcelona, des effets de rideaux sur le décor de l’internat Fond de l’Étang illustrent son arrivée dans l’établissement. L’image est très belle, les décors de Stéfanie Jarre sont magnifiques, l’effet est réussi.
Mais là, les choses se gâtent. Le film, qui était construit sur l’histoire en flashback de Pierre Morhange, se trouve ici centré de manière très linéaire sur celle de Clément Mathieu. Tout le spectacle ne consiste alors qu’en une succession de scènes très courtes qui ne racontent pas grand chose. Rien n’est développé, les personnages et leurs problèmes sont survolés. Le découpage se fait dans un langage plus cinématographique que théâtral. Le décor change toutes les trois minutes pour alterner des scènes en intérieur avec des scènes en extérieur, usant et abusant des effets de tournette. Cela ralentit considérablement le rythme et empêche les situations de s’installer. De plus, ces changements ne sont pas très bien réglés et on voit régulièrement des techniciens encore sur le plateau en train de placer une chaise, une table ou un banc quand la lumière revient.
Les adultes ont du mal à convaincre. Leurs personnages sont confinés dans des stéréotypes de gentillesse frisant la mièvrerie ou de colère de façade. Leurs capacités vocales ne permettent hélas pas de mettre en valeur les morceaux composés spécialement pour cette version musicale, qui pourtant ne sont pas dénués d’intérêt. Le directeur distribue de fausses claques, les élèves prétendument difficiles ne font rien de plus que chahuter, quatre filles tentent désespérément d’exister dans un orphelinat devenu mixte sans vraie raison… Tout cela reste anecdotique et finit par donner à la mise en scène un côté patronage qui est bien désolant.
Heureusement, la Maîtrise des Hauts-de-Seine sauve le spectacle du naufrage. Les enfants réussissent une prestation impeccable donnant une véritable évolution à la chorale des débuts chaotiques et cacophoniques vers une magnifique harmonie finale.