Le quotidien des habitant.es du bois de la Fermette se trouve bouleversé lorsque les services de la mairie annoncent vouloir y implanter un parc photovoltaïque. La forêt devient alors tour à tour un terrain de dissensions et d’émulations hautement politiques, un catalyseur des crises qui secouent le corps social contemporain, le symbole mythologique d’un refuge fragile, durablement menacé par l’urgence climatique.
Notre avis : Un couple, répondant à tous les archétypes de néo-ruraux, ouvre le spectacle, présentant ses (nombreux) espoirs et ses (quelques) craintes quant à ce nouveau départ dans la vie. Certes, elle vient de faire un burn-out et ne supporte pas que son conjoint, qui lui s’inquiète que la fibre ne parvienne jusque dans leur fermette, prononce « Paris », cette ville honnie. Dès les premières minutes on chante, sur un air simple et des paroles qui le sont tout autant. Par la suite, l’auteure nous invite à découvrir les personnages, eux aussi archétypaux, habitant dans ce havre de verdure qu’est le bois de la Fermette, soit une aide-soignante guettée par la maladie, son fils le forestier fatigué, une comparse arboriste lesbienne écolo convaincue, et bientôt une ornithologue qui vivra une intense histoire d’amour avec la forestière. Mais où est donc le problème ? Il survient rapidement lorsque le forestier, qui s’était bien gardé de vendre la mèche, doit bien confirmer l’information des services de la mairie de la « com-com » puisque maintenant on ne dit plus « village » : raser la forêt que tous adorent pour y planter un parc photovoltaïque, histoire de produire une énergie propre. Mais cela au détriment d’une forêt millénaire. La résistance s’organise.
L’auteure se lance dans une démonstration des dangers liés aux tensions que cette situation provoque. Son élan est humaniste, généreux, même si le trait est parfois un peu épais. Toutefois, la plume est la plupart du temps alerte et la pièce touche au but en résonnant avec l’actualité (il y est fait référence aux incendies monumentaux de Los Angeles) et la forme musicale, qui pourrait paraître désuète au vu du propos, s’intègre fort bien dans le récit. Des chansons originales côtoient des titres connus, que nous vous laisserons découvrir. La scénographie, présentant une forêt arachnéenne, participe de la réussite de l’entreprise, au même titre que l’ensemble de la distribution, remarquable. Le cynisme de notre société est dénoncé avec une force renforcée par la psychologie des personnages, très soignée. Nul manichéisme ici, mais une lutte conjointe, partagée par une salle au diapason, pour une société plus respectueuse du vivant, de tous les vivants.