Ariane Ascaride a réuni cinq comédiennes, une chanteuse et un accordéoniste pour fêter Paris et celles et ceux qui l’ont célébrée dans leurs poèmes et leurs chansons : Louis Aragon, Simone de Beauvoir, Louise Michel, Prévert, Charles Trenet ou Apollinaire.
Notre avis : Quel bonheur de répondre à l’invitation d’Ariane Ascaride à la suivre dans cette déambulation parisienne, menée par le sentiment amoureux. Tout commence avec « Les Champs-Élysées », qu’elle chante d’une voix presque timide, accompagnée à l’accordéon par l’excellent David Venitucci (qui signe des arrangements magnifiques pour chacun des titres, qu’ils soient chantés ou non), avant d’inviter à ses côtés ses complices qu’il convient de citer tant ce groupe forme une belle unité : Pauline Caupenne, Chloé Réjon, Océane Mozas, Délia Espinat-Dief, Annick Cisaruk au chant. Ariane Ascaride est l’auteure d’un beau texte d’ouverture qui reflète ses impressions lors d’une flânerie parisienne. Par la suite, constitué d’un patchwork d’extraits d’œuvres prenant Paris pour sujet, ce spectacle simple, sans affèterie et d’une grande sincérité, touche chaque spectateur.
Certains extraits, très connus, parlent immédiatement. Ainsi « Le Pont Mirabeau », Zazie dans le métro… d’autres moins : voilà de quoi maintenir sans cesse en éveil la curiosité. Fidèle à sa fibre humaniste, Ariane Ascaride porte également son choix sur des textes engagés, mettant en avant la liberté souvent malmenée. Le public la remercie également pour cela, comme si elle parvenait à panser des plaies, à soulager les souffrances vécues au fil des siècles par le peuple de Paris et, plus largement, par les populations opprimées. Parle-t-on alors du bonheur de ces ultimes titres, des rappels que les spectateurs, sans même y être invités, reprennent en chœur comme un élan de tendresse envers celles et celui (à l’accordéon) qui les ont accompagnés durant cette bien jolie heure ?
En bonus, extrait du texte d’Ariane Ascaride : « Paris, c’est la ville de mes balades interminables et solitaires sous le soleil de mai, de mes arrêts fascinés sur un pont à regarder les autres en enfilade enjamber la Seine. Cela reste toujours pour moi un enchantement. (…) Je veux croire que les enfants d’aujourd’hui, privés des guignols, de spectacles et de cirques, vont pouvoir retrouver, assis sur un des rares bancs publics qui reste, le plaisir de regarder passer les gens et peut-être de s’arrêter devant les kiosques à musique et entendre des voix leur parler de leur ville. (…) Nous décidons aujourd’hui de prêter nos voix à ceux qui ont si bien célébré Paris, avec humilité. Mais avant tout pour dire à Paris qu’elle n’est pas seule dans sa résistance, nous sommes là et mettons nos pas les uns dans les autres, voix à l’unisson, pour faire résonner la musique de ses artères. »