Vous allez présenter votre première pièce. Rappelez-nous votre parcours…
Tout a commencé par le cirque. Dès l’âge de sept, huit ans, j’ai appris à être jongleur, puis entraîneur au Cadets’ Circus à Étrechy. De cette époque datent d’ailleurs les premiers spectacles que j’ai imaginés ! J’ai ensuite suivi une formation de danse amateur au Studio Art Dance à Étampes, tout en préparant mon DUT de pub, à Paris-Descartes. Je tenais à avoir un diplôme pour ensuite faire ce qui me plaisait ! Lors de mon dernier oral, face à mes examinateurs, à la question « Que faites-vous l’année prochaine ? », je me reverrai toujours leur répondre : j’arrête tout, je vais faire de la danse… Imaginez leur tête ! J’ai intégré l’Académie international de danse (AID). Tout était lancé.
Élève apprenti, j’ai alors participé à Mistinguett au Comédia, puis à de nombreux événements avec Kamel Ouali, à Versailles, en Russie… J’ai ensuite évolué à Disney sur Frozen. Et Grease est arrivé (à Mogador, N.D.L.R.). Ce fut le grand tournant. À ce moment-là, je n’étais pas du tout sensibilisé à LA comédie musicale, comme on peut l’entendre à Broadway ou dans le West End. J’étais allé à l’audition très décontracté ; je me suis prêté au jeu et ça été le coup de foudre. Danse, chant, comédie, jeu… Grease fut un vrai virage. J’ai retrouvé ce même plaisir avec Le Tour du monde en 80 jours (de Ludovic-Alexandre Vidal et Julien Salvia, N.D.L.R.).
Et vous voilà auteur…
Cela fait très longtemps que j’ai l’écriture dans mon sac. Lorsque j’ai commencé la danse, c’était déjà via l’écriture. J’avais écrit un spectacle pour une école de danse et je m’étais finalement retrouvé sur scène, un peu par hasard. Par la suite, pris par les shows, j’ai totalement laissé de côté les textes. Mais j’avais toujours une petite voix au fond de moi qui me disait : « Tu as des histoires à raconter, des récits à partager, il faut y aller… »
Qu’est-ce qui vous freinait ?
La légitimité. Je pense que l’on est nombreux à avoir ce sentiment. J’estimais que je n’étais personne pour débarquer comme ça et dire « j’ai écrit » !
Heureusement, il y a eu un déclic… Une triple rencontre avec Loaï Rahman, Willy Liechty et Guillaume Beaujolais. Ils ont lu quelques extraits du synopsis d’une comédie musicale que j’avais rédigée il y a quelques années. Leur réaction fut unanime : « Pourquoi attends-tu quelqu’un pour t’aider ? Fonce ! » Lorsque le confinement est arrivé, avec ces longues semaines enfermé chez moi, c’était décidé. J’ai écrit Signé César. Et ce qui devait rester dans un tiroir est en train de voir le jour. C’est le grand saut.
Vous passez de la scène à la coulisse… De la lumière à l’ombre…
J’adore être sur scène, mais j’aime encore plus être de l’autre côté. Pour moi, il y a quelque chose de particulièrement enrichissant. Lorsque je vois le travail que l’on a fait avec les comédiens depuis des semaines, la façon dont ils incarnent de plus en plus mes personnages, c’est vraiment gratifiant. Finalement, c’est une double rencontre. Avec des comédiens d’abord ; avec tous les personnages que j’ai créés, ensuite. Dès les auditions, ces personnages ne m’appartenaient plus. Les artistes se les sont totalement appropriés.
Pendant ces auditions, je me suis d’ailleurs dit : « Quelle chance d’être là où je suis ! » Certes, c’est terrifiant, parce que l’on sait que l’on devra dire non à certains, mais c’est tellement touchant de voir des candidats à ce point investis. C’est magnifique et gratifiant d’avoir des artistes qui se présentent et qui donnent tout pour notre pièce. Quel privilège ! Moi qui ai passé de nombreux castings, je me souviens d’avoir parfois fait face à des individus qui se fichaient totalement de moi. Comment peut-on réagir comme ça ?
Que raconte votre pièce ?
C’est une comédie dramatique qui se passe au lendemain de la mort d’Elvis Presley en 1977. C’est l’anniversaire de Nina, qui fête ses 24 ans. Elle attend un cadeau particulier : elle va rencontrer César, un jeune homme à qui elle écrit depuis dix ans mais qu’elle ne connaît pas. Signé César est l’histoire de cette rencontre, de ses conséquences sur Nina et tout son entourage. Comment ce César qui débarque de nulle part, va perturber cette petite vie de famille et amicale. Les idoles ne sont parfois pas celles que l’on croit, elles peuvent être des gens de notre entourage, de notre vie quotidienne : c’est ce rapport avec les proches qui m’intéresse.
J’ai situé cette histoire dans les années 70. Ces époques ont pour moi une saveur particulière, qui vient donner un cachet aux choses, qui vient donner de la valeur au moment que les gens partagent. Le rythme était totalement différent. Les lettres, notamment, étaient un moyen de communication essentiel. D’où leur importance dans la pièce.
Ce n’est pas un spectacle musical ?
Signé César ne s’y prêtait pas. Le genre s’est imposé à moi plus que je l’ai choisi. La musique y occupe toutefois une place très importante. Composé par un petit artiste pas très connu… Elvis Presley ! On va vite se rendre compte que tous les personnages ont du mal à communiquer les uns avec les autres. C’est parfois un dialogue de sourds. La musique a ce pouvoir d’être un langage qui facilite les échanges.
Qui vous a aidé ?
On ne se lance pas sur un tel projet tout seul ! C’était vital de m’entourer. J’ai embarqué dans l’aventure Guillaume Beaujolais, rencontré sur le Tour du monde. J’aime non seulement son expérience mais aussi son exigence. Il m’assiste sur la mise en scène du spectacle, m’accompagne, me conseille, mais surtout, il comprend là où je veux aller. Je voulais m’entourer de gens honnêtes, qui respectent mon travail. Je pense ainsi à ma famille, qui m’a soutenu tous ces derniers mois, et a même mis la main à la pâte !
Et puis évidemment et surtout, il y a les artistes. Après les auditions à huis clos en février 2021, j’ai choisi Léna Mée, Bastien Monier, Floriane Ferreira, Louis Buisset et Lucie Riedinger (La Famille Addams, Les Instants volés, Robin des Bois, la légende… ou presque). Je pourrais parler d’eux pendant des heures. Artistiquement mais surtout humainement, ils sont formidables. Avec le temps, l’humain est devenu primordial pour moi. Je ressens une immense fierté qu’ils me fassent confiance. C’est un honneur. J’ai hâte que les gens découvrent la pièce mais surtout hâte que le public vienne les voir.
Vous retrouvera-t-on sur scène à l’avenir ?
Bien sûr ! J’en aurai toujours besoin. Quand on met en scène, on donne beaucoup. À l’inverse, monter sur les planches est essentiel pour se nourrir. Il faut un équilibre entre les deux. J’espère l’atteindre ! En France, on a cet éternel souci avec les étiquettes. Ayant débuté comme danseur, cette étiquette est encore bien collée à ma peau. Mais je passe totalement au-dessus et je poursuis mon chemin. Une chose est certaine : Signé César n’est que le premier projet. D’autres attendent bien au chaud… Pardon de cette expression bateau, mais je vis ma meilleure vie en ce moment !