Signé… Thomas Bernier

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Après ses rôles dans Grease ou le Tour du monde en 80 jours…, le jeune artiste de 27 ans se lance dans une nouvelle aventure. Il présentera dans un mois sa première pièce, Signé César. Une comédie dramatique, qu’il a écrite et mise en scène. Entretien.

Vous allez présen­ter votre pre­mière pièce. Rap­pelez-nous votre par­cours…
Tout a com­mencé par le cirque. Dès l’âge de sept, huit ans, j’ai appris à être jon­gleur, puis entraîneur au Cadets’ Cir­cus à Étrechy. De cette époque datent d’ailleurs les pre­miers spec­ta­cles que j’ai imag­inés ! J’ai ensuite suivi une for­ma­tion de danse ama­teur au Stu­dio Art Dance à Étam­pes, tout en pré­parant mon DUT de pub, à Paris-Descartes. Je tenais à avoir un diplôme pour ensuite faire ce qui me plai­sait ! Lors de mon dernier oral, face à mes exam­i­na­teurs, à la ques­tion « Que faites-vous l’année prochaine ? », je me rever­rai tou­jours leur répon­dre : j’arrête tout, je vais faire de la danse… Imag­inez leur tête ! J’ai inté­gré l’Académie inter­na­tion­al de danse (AID). Tout était lancé.
Élève appren­ti, j’ai alors par­ticipé à Mist­inguett au Comé­dia, puis à de nom­breux événe­ments avec Kamel Ouali, à Ver­sailles, en Russie… J’ai ensuite évolué à Dis­ney sur Frozen. Et Grease est arrivé (à Mogador, N.D.L.R.). Ce fut le grand tour­nant. À ce moment-là, je n’étais pas du tout sen­si­bil­isé à LA comédie musi­cale, comme on peut l’entendre à Broad­way ou dans le West End. J’étais allé à l’audition très décon­trac­té ; je me suis prêté au jeu et ça été le coup de foudre. Danse, chant, comédie, jeu… Grease fut un vrai virage. J’ai retrou­vé ce même plaisir avec Le Tour du monde en 80 jours (de Ludovic-Alexan­dre Vidal et Julien Salvia, N.D.L.R.).

Et vous voilà auteur…
Cela fait très longtemps que j’ai l’écriture dans mon sac. Lorsque j’ai com­mencé la danse, c’était déjà via l’écriture. J’avais écrit un spec­ta­cle pour une école de danse et je m’étais finale­ment retrou­vé sur scène, un peu par hasard. Par la suite, pris par les shows, j’ai totale­ment lais­sé de côté les textes. Mais j’avais tou­jours une petite voix au fond de moi qui me dis­ait : « Tu as des his­toires à racon­ter, des réc­its à partager, il faut y aller… »

Qu’est-ce qui vous freinait ?
La légitim­ité. Je pense que l’on est nom­breux à avoir ce sen­ti­ment. J’estimais que je n’étais per­son­ne pour débar­quer comme ça et dire « j’ai écrit » !
Heureuse­ment, il y a eu un déclic… Une triple ren­con­tre avec Loaï Rah­man, Willy Liechty et Guil­laume Beau­jo­lais. Ils ont lu quelques extraits du syn­op­sis d’une comédie musi­cale que j’avais rédigée il y a quelques années. Leur réac­tion fut unanime : « Pourquoi attends-tu quelqu’un pour t’aider ? Fonce ! » Lorsque le con­fine­ment est arrivé, avec ces longues semaines enfer­mé chez moi, c’était décidé. J’ai écrit Signé César. Et ce qui devait rester dans un tiroir est en train de voir le jour. C’est le grand saut.

© Joris Conquet

Vous passez de la scène à la coulisse… De la lumière à l’ombre…
J’adore être sur scène, mais j’aime encore plus être de l’autre côté. Pour moi, il y a quelque chose de par­ti­c­ulière­ment enrichissant. Lorsque je vois le tra­vail que l’on a fait avec les comé­di­ens depuis des semaines, la façon dont ils incar­nent de plus en plus mes per­son­nages, c’est vrai­ment grat­i­fi­ant. Finale­ment, c’est une dou­ble ren­con­tre. Avec des comé­di­ens d’abord ; avec tous les per­son­nages que j’ai créés, ensuite. Dès les audi­tions, ces per­son­nages ne m’appartenaient plus. Les artistes se les sont totale­ment appropriés.
Pen­dant ces audi­tions, je me suis d’ailleurs dit : « Quelle chance d’être là où je suis ! » Certes, c’est ter­ri­fi­ant, parce que l’on sait que l’on devra dire non à cer­tains, mais c’est telle­ment touchant de voir des can­di­dats à ce point investis. C’est mag­nifique et grat­i­fi­ant d’avoir des artistes qui se présen­tent et qui don­nent tout pour notre pièce. Quel priv­ilège ! Moi qui ai passé de nom­breux cast­ings, je me sou­viens d’avoir par­fois fait face à des indi­vidus qui se fichaient totale­ment de moi. Com­ment peut-on réa­gir comme ça ?

Que racon­te votre pièce ?
C’est une comédie dra­ma­tique qui se passe au lende­main de la mort d’Elvis Pres­ley en 1977. C’est l’anniversaire de Nina, qui fête ses 24 ans. Elle attend un cadeau par­ti­c­uli­er : elle va ren­con­tr­er César, un jeune homme à qui elle écrit depuis dix ans mais qu’elle ne con­naît pas. Signé César est l’histoire de cette ren­con­tre, de ses con­séquences sur Nina et tout son entourage. Com­ment ce César qui débar­que de nulle part, va per­turber cette petite vie de famille et ami­cale. Les idol­es ne sont par­fois pas celles que l’on croit, elles peu­vent être des gens de notre entourage, de notre vie quo­ti­di­enne : c’est ce rap­port avec les proches qui m’intéresse.
J’ai situé cette his­toire dans les années 70. Ces épo­ques ont pour moi une saveur par­ti­c­ulière, qui vient don­ner un cachet aux choses, qui vient don­ner de la valeur au moment que les gens parta­gent. Le rythme était totale­ment dif­férent. Les let­tres, notam­ment, étaient un moyen de com­mu­ni­ca­tion essen­tiel. D’où leur impor­tance dans la pièce.

Ce n’est pas un spec­ta­cle musical ?
Signé César ne s’y prê­tait pas. Le genre s’est imposé à moi plus que je l’ai choisi. La musique y occupe toute­fois une place très impor­tante. Com­posé par un petit artiste pas très con­nu… Elvis Pres­ley ! On va vite se ren­dre compte que tous les per­son­nages ont du mal à com­mu­ni­quer les uns avec les autres. C’est par­fois un dia­logue de sourds. La musique a ce pou­voir d’être un lan­gage qui facilite les échanges.

Léna Mée (©mis­sterre pho­tog­ra­phy) — Bastien Monier (©Alexan­dra Auch­er) — Flo­ri­ane Fer­reira (©Fran­cis Que­sa­da Mar­sili)- Louis Buis­set (©Saman­tha Gross) — Lucie Riedinger (©Kriss Logan)

Qui vous a aidé ?
On ne se lance pas sur un tel pro­jet tout seul ! C’était vital de m’entourer. J’ai embar­qué dans l’aventure Guil­laume Beau­jo­lais, ren­con­tré sur le Tour du monde. J’aime non seule­ment son expéri­ence mais aus­si son exi­gence. Il m’assiste sur la mise en scène du spec­ta­cle, m’accompagne, me con­seille, mais surtout, il com­prend là où je veux aller. Je voulais m’entourer de gens hon­nêtes, qui respectent mon tra­vail. Je pense ain­si à ma famille, qui m’a soutenu tous ces derniers mois, et a même mis la main à la pâte !
Et puis évidem­ment et surtout, il y a les artistes. Après les audi­tions à huis clos en févri­er 2021, j’ai choisi Léna Mée, Bastien Monier, Flo­ri­ane Fer­reira, Louis Buis­set et Lucie Riedinger (La Famille Addams, Les Instants volés, Robin des Bois, la légende… ou presque). Je pour­rais par­ler d’eux pen­dant des heures. Artis­tique­ment mais surtout humaine­ment, ils sont for­mi­da­bles. Avec le temps, l’humain est devenu pri­mor­dial pour moi. Je ressens une immense fierté qu’ils me fassent con­fi­ance. C’est un hon­neur. J’ai hâte que les gens décou­vrent la pièce mais surtout hâte que le pub­lic vienne les voir.

Vous retrou­vera-t-on sur scène à l’avenir ?
Bien sûr ! J’en aurai tou­jours besoin. Quand on met en scène, on donne beau­coup. À l’inverse, mon­ter sur les planch­es est essen­tiel pour se nour­rir. Il faut un équili­bre entre les deux. J’espère l’atteindre ! En France, on a cet éter­nel souci avec les éti­quettes. Ayant débuté comme danseur, cette éti­quette est encore bien col­lée à ma peau. Mais je passe totale­ment au-dessus et je pour­su­is mon chemin. Une chose est cer­taine : Signé César n’est que le pre­mier pro­jet. D’autres atten­dent bien au chaud… Par­don de cette expres­sion bateau, mais je vis ma meilleure vie en ce moment !

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