Quelles sont les raisons ou motivations qui vous ont conduite à devenir comédienne ?
Je ne pense pas véritablement avoir fait un choix de métier, je crois que la vie a choisi pour moi ! Originaire de Grenoble, je suivais depuis mon plus jeune âge la carrière de comédienne de ma mère. Je me suis vite sentie rassurée et protégée par le lieu même que pouvait représenter un théâtre ; ce sentiment de sécurité m’a par ailleurs permis de ne jamais ressentir le trac avant de monter en scène. Jouer vous oblige à vivre le moment présent, sans appréhension de ce qui pourrait arriver par la suite.
L’aventure semble avoir démarré dès votre arrivée à Paris…
Exactement, au tout début des années 80 avec mon baccalauréat en poche, la capitale s’est offerte à moi. Je pratiquais la guitare et j’ai eu quelques expériences dans le cabaret. Après une première année passée dans la Classe libre du cours Florent, l’opportunité d’un spectacle consacré à Vian et Prévert m’a conduite à partir en tournée. Je n’ai de fait pas suivi la seconde année – avec la bénédiction de mon professeur, qui m’a encouragée à suivre ce projet. La musique a, en fait, précédé le théâtre dans mon cursus !
Parlez-nous de votre première expérience théâtrale.
J’étais figurante au Français dans Esther lorsque le théâtre – fait rare – a eu l’idée d’organiser des auditions ouvertes à tous. Cette opportunité m’a permis d’être ainsi engagée comme pensionnaire dans la troupe. Peu de temps après, Martine Chevallier, qui tenait le rôle-titre dans Esther, fut souffrante, et cela me donna la chance de la remplacer au pied levé. Ce concours de circonstances a précipité mon accession au rang de sociétaire.
Pouvez-vous évoquer les rencontres déterminantes que vous avez faites ?
Bien sûr : Françoise Seigner, sans qui je ne serais pas ici aujourd’hui. Je pense également à Antoine Vitez, à Daniel Mesguich, à Valère Novarina et plus récemment à Julie Deliquet – dont le spectacle Fanny et Alexandre m’a beaucoup marquée. Plus récemment, Maëlle Poésy m’a offert le rôle de Blanche dans Sept minutes, qui a aussi représenté une grande émotion théâtrale pour moi. Mais je ne peux pas les citer toutes…
Revenons à la musique : occupe-t-elle une place importante dans votre vie ?
Tout à fait. Chanter s’avère pour moi finalement plus facile que de jouer la comédie. J’ai énormément appris avec Nicole Fallien qui a prodigué des cours de chant durant plus de 50 ans, notamment à la Comédie-Française. La Vie parisienne d’Offenbach (avec Mesguich aux commandes) m’a permis d’occuper deux emplois : Gabrielle et Pauline, selon les représentations. Puis le rôle de Mrs Peachum dans deux productions différentes de L’Opéra de quat’sous (Laurent Pelly et Thomas Ostermeier) m’a comblée au plus haut point.
Parlons un peu des « cabarets » qui obtiennent toujours un franc succès.
J’ai initié dès 1992 des spectacles musicaux, tels Paris-cabaret et Cabaret érotique (en 2008), et participé avec Serge Bagdassarian à L’Interlope (cabaret), qui ont ouvert la porte à des hommages à Boris Vian et Léo Ferré. Cette année encore, Art majeur faisait honneur à la chanson française, que j’affectionne tout autant que la musique de Kurt Weill dans L’Opéra de quat’sous.
Quels sont vos projets pour la saison prochaine ?
Du théâtre, avec de belles reprises (La Cerisaie, Sans famille, Le Bourgeois gentilhomme) et un spectacle avec Benoît Urbain : Poètes, vos papiers – hommage poétique et musical à Baudelaire, Rimbaud et Genet.