Cloé Horry, quel est le parcours qui vous a amenée vers le théâtre musical ?
Ma passion pour la comédie musicale vient de mon père : c’est un fou de Broadway. Je suis née avec Chantons sous la pluie, Cabaret, les films de Demy et Legrand… La comédie musicale, ça a été un amour de jeunesse immédiat et qui n’a jamais cessé. J’ai toujours su que je voulais faire ça, sans hésitation. J’ai fait le Conservatoire en chant lyrique tout en me formant en comédienne, jusqu’à débarquer à Paris où j’ai fait l’AICOM.
Quelle a été votre première expérience professionnelle ?
Anne le musical, le spectacle musical sur Anne Frank que j’ai eu la chance de faire dès que je suis arrivée à Paris. J’ai eu l’opportunité incroyable de jouer le rôle principal pendant quatre ou cinq mois à Paris. A partir de là, tout s’est un peu enchaîné.
Vous jouez actuellement dans Chambre 113 au Théâtre de Ménilmontant. Que pouvez-vous nous dire sur ce spectacle ?
C’est un spectacle très surprenant et original. L’hôpital est un thème peu évoqué dans les spectacles, ça peut faire peur au départ. Claire-Marie Systchenko et Eric Bongrand, les deux auteurs, ont réussi à parler de cet univers avec beaucoup de sensibilité, de légèreté, de tendresse, d’humour. C’est très humain. Malgré nous, on a tous une expérience avec la maladie et l’hôpital, ce spectacle arrive à nous toucher.
Parlez-nous du personnage que vous y interprétez.
Il y a une chose étonnante avec le rôle de Mathilde, c’est qu’elle est dans le coma : elle voit tout et tout le monde mais personne ne la voit, ni ne l’entend. Donc, je joue peu ou prou seule. Jamais on ne me regarde dans les yeux, jamais on ne me touche. C’est très intéressant en termes de jeu, je suis beaucoup dans l’écoute. C’est un joli personnage, une femme à qui beaucoup pourraient s’identifier, avec sa vie – ce qui va, ce qui ne va pas – et cette expérience du coma qui va lui permettre de comprendre beaucoup de choses.
Cet été, vous avez joué dans Quand la guerre sera finie au Festival d’Avignon. Parlez-nous de cette expérience.
Je joue Nora, une jeune résistante durant la Seconde Guerre Mondiale. Elle débarque de Paris à Saint-Dizier pour une opération de détournement de train. Elle se retrouve emprisonnée et torturée et doit faire face à cette question de la dénonciation. C’est un rôle magnifique, une héroïne forte, avec des fêlures aussi. J’ai eu beaucoup de plaisir à le jouer et à le défendre, et à le travailler avec Christophe Luthringer, le metteur en scène, qui m’a beaucoup aidée à trouver le personnage. Pour l’anecdote, quand l’annonce est parue il y a presque deux ans sur Regard en Coulisse, mon ami m’a dit qu’il en avait vu une lecture il y a une quinzaine d’années et que c’était extraordinaire et qu’il fallait que j’auditionne. Et quand j’ai reçu les premières chansons, ça a été un coup de cœur immédiat. La musique de Nicholas Skilbeck est extraordinaire, elle me touche profondément.
La prochaine étape pour Quand la guerre sera finie ?
La prochaine date est à Saint-Dizier, où se déroule l’action du spectacle. On va y jouer le 6 avril dans une version concert avec deux pianistes et un percussionniste.
Vous participez régulièrement à New, la comédie musicale improvisée. Pouvez-vous nous en expliquer le concept ?
Le concept est simple. Le public s’installe, prend un papier et propose un titre : celui de la comédie musicale qu’il aimerait voir ce soir-là – un titre qu’il invente -, un lieu, qui existe ou pas. On récupère les petits papiers. Quand le spectacle commence, le maître de cérémonies tire un titre et un lieu, et c’est le début de notre histoire. Et c’est parti pour 1h15 de spectacle avec un début, un milieu, une fin, un héros, un méchant, des péripéties… On passe par tous les genres musicaux jusqu’au numéro final, chanté et dansé. Et chaque soir, donc, c’est différent.
Qu’est-ce qui vous plaît dans cette expérience ?
C’est de se jeter dans le vide. C’est un plaisir ! Et on ne peut pas en voir marre car c’est toujours nouveau. Ça a quelque chose de magique. Il se passe des choses impensables au plateau : des moments de connexion entre nous, où on a la même idée au même moment sans s’en parler. Même si on a tous très peur avant de monter sur scène, on est excité comme des enfants de cinq ans !
Et vous faites aussi partie des Funambules… Vous pouvez nous en parler ?
C’est un collectif d’artistes qui s’est réuni pour lutter contre l’homophobie. On est en tout plus de 400 mais à l’Hébertot, évidemment, on n’est que neuf ! C’est 1h45 de chansons qui parlent de l’homosexualité mais surtout de l’amour, en général. Tous les fonds sont reversés à des associations de lutte contre l’homophobie. Et on est fier car l’an dernier, on a pu leur remettre plus de 10.000 euros. L’an prochain, nous jouerons à l’Alhambra dans une version à 50 artistes sur scène, en juin 2018. Tous les soirs, le cast va changer.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire partie de ce projet ?
D’un point de vue personnel et intime, je suis particulièrement sensible au sujet de l’homophobie. Ensuite, je trouve les chansons sublimes. Enfin, je suis contente de pouvoir faire du militantisme ; ce n’est pas du caritatif, c’est plus que ça : c’est vraiment du militantisme. Je suis fière d’être militante. Et je suis heureuse de pouvoir le faire en faisant la seule chose que je sache vraiment faire, peut-être, à savoir être sur scène.