Opéra-comique en trois actes. Livret d’Alfred Duru et Henri Chivot. Musique de Jacques Offenbach
Créé aux Folies-Dramatiques en 1878.
Direction musicale, Laurent Campellone
Mise en scène, Anne Kessler
Avec Marion Lebègue, Christian Helmer, Anne-Catherine Gillet, François Rougier, Franck Leguérinel, Éric Huchet, Lionel Peintre, Raphaël Brémard
Choeur de l’Opéra de Limoges
Orchestre de Chambre de Paris
avec : Marion Lebègue, Christian Helmer, Anne-Catherine Gillet, François Rougier, Franck Leguérinel,…
Le maréchal de Saxe veut séparer Charles-Simon et Justine Favart afin de faire de l’actrice sa maîtresse. Les voilà forcés de vivre séparés et cachés. Leur génie de l’intrigue sauvera-t-il leur couple ?
Immense actrice de l’époque des Lumières, Justine fut aussi une héroïne. Fuyant entre France et Pays-Bas les assiduités du maréchal, elle change d’identité pour sauver son honneur, le bonheur de ses amis, la carrière de son époux dramaturge et, sans le savoir… l’avenir de l’Opéra Comique. À peine romancée, l’anecdote se mêle à l’Histoire pour s’achever par un spectacle dans le spectacle.
Présentée à l’Opéra Comique jusqu’au 30 juin (toutes les informations ici), cette nouvelle production sera également donnée à l’Opéra de Limoges et celui de Caen.
Notre avis : Le 200ème anniversaire de la naissance de Jacques Offenbach bat son plein. Parmi les événements phares cette reprise d’une œuvre qui connut un grand succès lors de sa création en 1878, mais qui fut par la suite fort peu montée, écrasée par les œuvres mastodontes du maestro. Et cette découverte de Mme Favart est juste un régal. L’intrigue, qui se base sur divers faits réels en les transformant en vaudeville, ne manque pas de piquant en mettant en avant un personnage féminin du genre dessalé, celui d’une actrice malicieuse et débrouillarde, apte à se tirer de toutes les situations les plus complexes afin de sauver son couple avec Charles Favart, celui là même qui donna son nom, lié à celui de sa femme, à l’Opéra Comique. Cette femme qui illumina le siècle des Lumières valait bien un opéra !
Tout commence par une pelote de laine rouge qui s’égare sur scène. Un enfant, qui reviendra régulièrement, introduit le spectacle et ses diverses découvertes. Si la première partie peut sembler un peu lente, le rythme s’accélère dans les deux actes qui suivent : quiproquos, déguisements, répliques piquantes… Tout est en place pour divertir le public, public qui fit un triomphe à toute la troupe. Marion Lebègue, annoncée comme souffrante, ne démérita point dans le rôle titre. D’ailleurs toute la troupe s’en donne à cœur joie dans cette pochade allègre. Eric Huchet, dans le rôle du fat marquis de Pontsablé, s’avère idéal et semble se délecter de ce rôle ; la maîtrise parfaite de sa voix est remarquable. Dans le rôle de Charles Favart Christian Helmer offre une prestation alerte, servi par un timbre vocal d’une jolie amplitude. Il ne faudrait pas passer sous silence les autres chanteuses et chanteurs, offrant tous des prestations réjouissantes, sans oublier le chœur de l’Opéra de Limoges, parfaitement à l’aise dans une partition très rythmée et menée tambour battant par le chef d’orchestre Laurent Campellone. La metteuse en scène Anne Kessler a choisi pour décor un atelier de couture, celui de l’Opéra Comique. Cette fausse mise en abîme peut déconcentrer un brin. Certes le travestissement, comme dans tout marivaudage ou toute comédie un rien boulevardière qui se respecte, alimente les rebondissements, mais les liens semblent s’arrêter là. Quoiqu’il en soit, l’imagination du spectateur est sollicitée et la beauté du décor agit comme un contre poids à ce parti pris un rien étrange qui égare surtout dans le premier acte, censé se dérouler dans une auberge. La satire d’un monde où les mâles aspirations à séduire Mme Favart contrarient un amour idyllique entre cette dernière et son mari tourne à plein régime. Les rebondissements, le plus souvent nés de l’imagination fertile de Justine Favart, brillent par leur efficacité, leur mordant et leur drôlerie. In fine tout rentrera dans l’ordre dans cette farce rocambolesque. Une redécouverte idoine dont on sort l’esprit léger et ravi.