À la suite d’un choc tant physique qu’émotionnel, un homme n’arrive plus à être présent dans sa propre vie. Pour tenter de retrouver la lumière et la joie, il part à la recherche de celle qu’il aimait. Cette quête lui permettra de vaincre ses peurs et d’aboutir à la découverte de lui-même et d’une étrange vérité ; dire à quoi bon à tout peut être la plus belle preuve d’amour.
« Un moment très fort qui réveille les consciences… Une véritable plongée dans l’intime… Le fil ténu de ce qui nous retient à la vie… Une formidable déclaration d’amour… »
Notre avis : Si le texte de ce seul en scène est inspiré d’une nouvelle d’Émile Zola, son début choc n’est pas sans rappeler la fulgurance de La Métamorphose de Kafka : un homme qui se réveille dans son lit au matin et qui doit se débattre avec sa nouvelle forme d’existence. Dans le cas de notre Aquoiboniste, son corps ne lui répond plus, il a l’apparence d’un cadavre mais son esprit est toujours bien présent. Est-il mort, comme l’affirme un médecin, ou vivant, comme il nous le clame, nous le crie ? Tel un Ulysse cherchant à regagner le monde des vivants, il trouve sa force dans l’envie de retrouver la femme qu’il aime. Dans cette odyssée s’invitent les souvenirs, les désirs, la lassitude, les fantasmes, la colère, les incompréhensions…
Si l’écriture sait effectivement faire varier les rythmes et les ambiances, elle souffre parfois d’un prosaïsme qui contraste avec une lutte et une quête qui sont tout sauf banales. Passé un démarrage en coup de poing qui pique inévitablement la curiosité du spectateur – et ce, dès que l’on pénètre dans la salle grâce à un dispositif scénique efficace –, l’intrigue nous a semblé s’essouffler, comme si la puissante idée de départ s’était irrémédiablement diluée pour laisser place à un scénario certes non dépourvu d’intérêt ni d’émotion mais plus ordinaire. Par ailleurs, on peut être séduit par une forme d’ambiguïté irrésolue – le personnage est-il vraiment vivant comme il nous le répète ou bien est-ce un défunt qui nous parle depuis sa tombe ou bien encore un ectoplasme condamné à errer ? – mais on peut aussi être gêné par des incohérences factuelles dans le récit, un peu comme dans ces histoires de science-fiction où certains détails incompréhensibles empêchent qu’on adhère à la globalité de la fantaisie.
Accompagné d’une musique originale qui immerge ce monologue touffu dans différentes atmosphères, Bertrand Skol, au jeu très physique, s’implique dans le texte et ses maladresses avec une vaillance qui suscite l’admiration. Et c’est aussi l’un des points forts de ce spectacle insolite, à découvrir, qui ne manque pas de sensibilité malgré un goût d’inabouti.