L’Aquoiboniste

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La Scène Libre – 4, boulevard de Strasbourg, 75010 Paris.
Du 1er février au 24 mars 2024, les jeudis, vendredis et samedis à 21h.
Renseignements et réservations sur le site de la Scène Libre.
Spectacle déconseillé aux moins de 14 ans.

À la suite d’un choc tant physique qu’émotionnel, un homme n’arrive plus à être présent dans sa pro­pre vie. Pour ten­ter de retrou­ver la lumière et la joie, il part à la recherche de celle qu’il aimait. Cette quête lui per­me­t­tra de vain­cre ses peurs et d’aboutir à la décou­verte de lui-même et d’une étrange vérité ; dire à quoi bon à tout peut être la plus belle preuve d’amour.

« Un moment très fort qui réveille les con­sciences… Une véri­ta­ble plongée dans l’intime… Le fil ténu de ce qui nous retient à la vie… Une for­mi­da­ble déc­la­ra­tion d’amour… »

Notre avis : Si le texte de ce seul en scène est inspiré d’une nou­velle d’Émile Zola, son début choc n’est pas sans rap­pel­er la ful­gu­rance de La Méta­mor­phose de Kaf­ka : un homme qui se réveille dans son lit au matin et qui doit se débat­tre avec sa nou­velle forme d’ex­is­tence. Dans le cas de notre Aquoi­bon­iste, son corps ne lui répond plus, il a l’ap­parence d’un cadavre mais son esprit est tou­jours bien présent. Est-il mort, comme l’af­firme un médecin, ou vivant, comme il nous le clame, nous le crie ? Tel un Ulysse cher­chant à regag­n­er le monde des vivants, il trou­ve sa force dans l’en­vie de retrou­ver la femme qu’il aime. Dans cette odyssée s’in­vi­tent les sou­venirs, les désirs, la las­si­tude, les fan­tasmes, la colère, les incompréhensions…

©Cédric Vas­nier

Si l’écri­t­ure sait effec­tive­ment faire vari­er les rythmes et les ambiances, elle souf­fre par­fois d’un prosaïsme qui con­traste avec une lutte et une quête qui sont tout sauf banales. Passé un démar­rage en coup de poing qui pique inévitable­ment la curiosité du spec­ta­teur – et ce, dès que l’on pénètre dans la salle grâce à un dis­posi­tif scénique effi­cace –, l’in­trigue nous a sem­blé s’es­souf­fler, comme si la puis­sante idée de départ s’é­tait irrémé­di­a­ble­ment diluée pour laiss­er place à un scé­nario certes non dépourvu d’in­térêt ni d’é­mo­tion mais plus ordi­naire. Par ailleurs, on peut être séduit par une forme d’am­biguïté irré­solue – le per­son­nage est-il vrai­ment vivant comme il nous le répète ou bien est-ce un défunt qui nous par­le depuis sa tombe ou bien encore un ecto­plasme con­damné à errer ? – mais on peut aus­si être gêné par des inco­hérences factuelles dans le réc­it, un peu comme dans ces his­toires de sci­ence-fic­tion où cer­tains détails incom­préhen­si­bles empêchent qu’on adhère à la glob­al­ité de la fantaisie.

©Cédric Vas­nier

Accom­pa­g­né d’une musique orig­i­nale qui immerge ce mono­logue touf­fu dans dif­férentes atmo­sphères, Bertrand Skol, au jeu très physique, s’im­plique dans le texte et ses mal­adress­es avec une vail­lance qui sus­cite l’ad­mi­ra­tion. Et c’est aus­si l’un des points forts de ce spec­ta­cle inso­lite, à décou­vrir, qui ne manque pas de sen­si­bil­ité mal­gré un goût d’inabouti.

©Cédric Vas­nier

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