Cabaret Mai 68 (Critique)

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Conçu et ani­mé par Christophe Barbier
Avec Christophe Bar­bi­er, Emmanuelle Goizé, Syl­vain Katan, Pierre Val
Arrange­ments et piano Vin­cent Prezioso
Et la par­tic­i­pa­tion de Philippe Tesson
Col­lab­o­ra­tion artis­tique Stéphanie Tesson
Lumières François Loiseau
Assis­tant Antho­ny Cochin

Résumé : Mai 68 : une jeunesse en érup­tion décide de bous­culer le monde de Papa. Il y a des gauchistes et des CRS, des pavés et des matraques, des bar­ri­cades et des gaz lacry­mogènes. Il y a un Pre­mier min­istre à la manœu­vre, un Prési­dent de la République qui dis­paraît des hommes poli­tiques qui croient que c’est arrivé, des syn­di­cats qui tri­om­phent. Il y a Gay-Lus­sac et Grenelle et il y a Dany le Rouge.
Et aujourd’hui au Poche-Mont­par­nasse, il y a Christophe Bar­bi­er qui ani­me le Cabaret Mai 68 et racon­te cette his­toire où tout finit par des chansons !

Notre avis : Racon­ter Mai 68 sous forme de cabaret est un choix artis­tique auda­cieux mais néan­moins orig­i­nal et per­ti­nent. En effet, l’intimité du for­mat se prête par­faite­ment au réc­it his­torique. Le spec­ta­teur est plongé dans une atmo­sphère « under­ground » et le qua­trième mur est brisé d’entrée de jeu : une salle en sous-sol, des tables et des chais­es, l’absence d’estrade, un piano, la pos­si­bil­ité de con­som­mer… Le pub­lic s’installe sur fond d’accords de piano, tan­dis que les comé­di­ens s’échauffent. Le décor est sobre, parsemé de coupures de presse du jour­nal Com­bat. Et la couleur rouge pré­dom­i­nante évoque bien sûr la lutte sociale. On a le sen­ti­ment de se rassem­bler autour d’un débat politique.
Le jour­nal­iste Christophe Bar­bi­er pro­pose un retour sur la chronolo­gie de Mai 68 dans un spec­ta­cle enlevé, énergique voire sur-joué sur cer­tains aspects. Cepen­dant, il sem­ble que Cabaret Mai 68 s’adresse plutôt à un pub­lic aver­ti, qui pos­sède déjà une cer­taine cul­ture des événe­ments. De fait, d’aucuns peu­vent se sen­tir dépassés par le flot d’informations et ne pas com­pren­dre cer­taines cita­tions ou car­i­ca­tures des pro­tag­o­nistes. Le mou­ve­ment riche mais inces­sant au plateau brouille égale­ment la con­cen­tra­tion, et on a du mal à suiv­re le réc­it. Par ailleurs, le comique de répéti­tion car­i­cat­ur­al a ten­dance à alour­dir le spectacle.
Néan­moins, chanter Mai 68 relève a pri­ori d’un pari qui est rem­porté avec suc­cès. Mal­gré la den­sité du con­tenu his­torique, le réper­toire est minu­tieuse­ment choisi ; le spec­ta­cle s’ouvre sur Trénet et se ferme sur Nougaro, en pas­sant par Brel, Antoine, Fer­rer, Dutronc… et bien d’autres ! Les chan­sons superbe­ment inter­prétées ryth­ment la nar­ra­tion et don­nent du corps aux événe­ments. On appré­cie d’ailleurs par­ti­c­ulière­ment la voix d’Emmanuelle Goizé. On rit, on chante, on boit, le pub­lic est conquis.