Delphine Pinasa, commissaire de l’exposition « Comédies musicales, les costumes font leur show ! »

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Del­phine Pinasa, com­ment est venue l’idée de cette expo­si­tion sur les cos­tumes de comédies musi­cales ?
Nos deux mis­sions prin­ci­pales sont de con­stituer une col­lec­tion qui va être con­servée et de la val­oris­er. Dans ce pro­gramme de val­ori­sa­tion, comme le tex­tile est frag­ile, on ne peut faire que des expo­si­tions tem­po­raires, deux par an. Dans un ter­ri­toire comme le nôtre, où on n’a pas le bassin de pop­u­la­tion d’une métro­pole, il faut trou­ver des sujets dif­férents pour attir­er le pub­lic, alors on cherche des thèmes. Une expo­si­tion part de l’ob­jet et il faut qu’on ait suff­isam­ment de pièces à mon­tr­er. Notre espace est de 1500 m² donc c’est facile­ment 100 à 140 cos­tumes à trou­ver. J’avais eu cette idée il y a quelque temps en regar­dant la pro­gram­ma­tion du Châtelet. Quand le théâtre a fer­mé pour travaux, les cos­tumes étaient disponibles.
Cette expo­si­tion, c’é­tait aus­si mon­tr­er une autre forme de spec­ta­cle, via le cos­tume bien sûr. Si les vis­i­teurs, en sor­tant, achè­tent des bil­lets pour aller voir des spec­ta­cles, je pense que c’est bien ! Assez vite, il a fal­lu con­stituer une équipe, d’où le con­tact avec Patrick Niedo [NDLR : à la direc­tion artis­tique et rédac­tion du cat­a­logue] et une équipe de scéno­graphes, Philip­pine Ordi­naire et Olivi­er Coquet.

Que représen­tait le cos­tume de comédie musi­cale pour vous ?
Pour moi, c’é­tait quelque chose de con­tem­po­rain, sans être le con­tem­po­rain qu’on trou­ve à l’Opéra de Paris par exem­ple. Assez vite, on est par­ti sur la comédie musi­cale améri­caine, et plus pré­cisé­ment sur la comédie musi­cale améri­caine pro­duite en France. On est donc dans du con­tem­po­rain XXe siè­cle, influ­encé par les États-Unis, mais pas unique­ment puisque par exem­ple, avec The King and I ou A Lit­tle Night Music, on est dans un autre univers. Glob­ale­ment, on a emprun­té au Châtelet mais aus­si à Broad­way et à Lon­dres auprès de Cameron Mack­in­tosh [NDLR : pro­duc­teur, entre autres, des Mis­érables et du Fan­tôme de l’Opéra, dont on retrou­ve des pièces à l’ex­po­si­tion]. C’é­tait aus­si l’oc­ca­sion de mon­tr­er des équipes anglo-sax­onnes. On a quand même cher­ché des cos­tumes français, mais beau­coup n’ex­is­tent plus même si on a quelques cos­tumes de Notre Dame de Paris.

Par­lez-nous de la scéno­gra­phie de cette expo­si­tion.
Toutes nos expo­si­tions sont scéno­graphiées, et on fait appel à des scéno­graphes de théâtre, pour don­ner cette dimen­sion théâ­trale. Celle-ci est une expo­si­tion spec­ta­cle. Et il n’y a rien de plus dif­fi­cile de mon­tr­er un cos­tume sur un man­nequin, un corps inerte, alors qu’un cos­tume a été fait pour être en mou­ve­ment dans un décor dans des lumières spé­ci­fiques. Avec Philip­pine Ordi­naire, scéno­graphe, on est par­ti sur l’idée des couliss­es. Il y a des vit­rines qui sont dans une con­fig­u­ra­tion comme si on était sur scène, et d’autres où on est entre l’ate­lier de cou­ture, la loge maquil­lage, la loge habil­lage… Il y a un par­cours qui se ter­mine dans la grande salle avec le début du spec­ta­cle.

Avez-vous des pièces favorites ?
C’est dif­fi­cile, il y en a beau­coup. C’est ça qui intéres­sant dans la recherche, c’est comme une chas­se au tré­sor : on rêve de cer­taines choses et on les a ou on ne les a pas. Les cos­tumes du Fan­tôme de l’Opéra, par Maria Bjorn­son, font par­tie de mes préférés car ils ont une espèce de beauté : on est dans un esprit enchan­té, il y a un côté mys­térieux. Il y a les cos­tumes d’An­tho­ny Pow­ell, un grand mon­sieur qui a fait My Fair Lady et Sin­gin’ In The Rain au Châtelet : c’est une gageure impor­tante de créer pour des œuvres qui ont été immor­tal­isées au ciné­ma. On voit aus­si les cos­tumes autrement quand le créa­teur vous en par­le, comme Frédéric Olivi­er quand il me par­le de Fol­lies à Toulon.

Comédies Musi­cales, les cos­tumes font leur show ! jusqu’au 28 avril 2019 au Cen­tre Nation­al du Cos­tume de Scène (CNCS).Le CNCS se trou­ve à Moulins, à 2 h 30 de Paris par la gare de Paris Bercy. Il est ensuite acces­si­ble de la gare de Moulins à pied. L’aller-retour dans la journée est tout à fait possible.