Musique : Galt MacDermot.
Livret & paroles : Gerome Ragni, James Rado.
Mise en scène : Jessica Capon, Clément Ropers, Anne- Laure Ségla. Avec Anne-Laure Ségla, Brice Mureau, Clément Ropers, Coline Thuissard, Hamish Ward-Smith, Louise Larret, Mathieu Leroux, Molly Eastaff, Noam Fima, Rudy Kakasa, Samantha Penagos, Sarah Serres, Stella Siecinska, Stéphane Lamberto, Valentin Nerdenne, German Brayer, Avery Grant.
Du 14 au 18 janvier 2020. MPAA / Auditorium Saint-Germain (4, rue Félibien, 75006 Paris). En anglais surtitré en français.
Composé en 1967 par Galt MacDermot sur un livret de Gerome Ragni et James Rado, Hair raconte l’histoire d’une tribu de jeunes hippies vivant à New York. La pièce est d’abord jouée Off-Broadway au Public Theater en octobre 1967 puis dans une discothèque, le Cheetah, en décembre de la même année. Elle fait scandale. Non seulement sa musique et son histoire parviennent à capturer l’essence de la contestation des années soixante avec son cocktail de liberté sexuelle, de drogues et d’irrévérence, mais elle repousse alors les conventions de ce qu’il est permis de montrer sur la scène d’un théâtre – bien que ce ne fût le cas dans aucune des deux productions de la pièce Off-Broadway, on se souviendra de Hair pour avoir fait jouer ses acteurs nus, rajoutant à l’aura sulfureuse de la comédie musicale. La première aura lieu à Broadway en avril 1968 où elle se jouera 1 750 fois. La pièce sera également jouée eu Europe et partout dans le monde et donnera lieu à une adaptation cinématographique par Milos Forman. L’année dernière, nous célébrions les 50 ans cette œuvre mythique qui, malgré les années, continue de faire résonner son message de paix, d’amour et de vie.
Notre avis : Ne vous attendez pas ici à retrouver l’intrigue de la fameuse version filmée de Milos Forman ! La compagnie 27 Saville s’est attaquée à l’iconique pièce de Broadway, et donc au « vrai » Hair. De plus, la pièce est présentée sans coupe et en version anglaise avec surtitres en français — lesquels réservent d’ailleurs d’amusantes références à l’actualité française. Elle est donc fidèle à la version originale. Même si la version théâtrale est beaucoup moins narrative que le film et que l’on suit au jour le jour cette bande de jeunes New-Yorkais plutôt qu’une véritable histoire, l’argument, un peu décousu, prend tout son sens au second acte.
Les artistes sont nombreux sur le plateau, donnant vraiment du corps aux scènes d’ensembles, desquelles se dégagent très bien la lascivité des séances psychédéliques ou bien la folle énergie de la jeunesse hippie des sixties. Mention spéciale à Anne-Laure Ségla, qui incarne à merveille le personnage de Dionne. On aurait aimé une mise en scène plus construite, des costumes et des perruques plus aboutis… d’autant plus que l’énergie et le talent des comédien.ne.s et des musiciens sont indéniables. C’est d’ailleurs un exploit d’avoir recréé l’ambiance musicale emblématique de Hair avec une si petite formation : seulement quatre musiciens sur scène, mais qui ont l’air de vraiment « tripper », non par les volutes qui se dégagent des joints constamment fumés sur scène, mais plutôt grâce à la qualité de la partition et de leur jeu.
Même si cette version n’est sans doute pas aussi transgressive que celle créée à Broadway en 1967 (en clair : pas l’ombre d’un nu sur scène !), l’ambiance est bien retranscrite. Après The Wild Party en 2017 ou Rent en 2018, 27 Saville a donc encore frappé : qu’ils soient remerciés d’apporter au public français avec autant de fougue l’une des œuvres les plus sulfureuses de Broadway !