Jean Paul Gaultier Fashion Freak Show (Critique)

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1931

De Jean Paul Gaultier

Mise en scène : Jean Paul Gaulti­er et Tonie Marshall

Choré­gra­phie : Mar­i­on Motin

Direc­tion musi­cale : Nile Rodgers

Résumé : Ladies and Gen­tle­men, veuillez laiss­er au ves­ti­aire la rou­tine, la morosité et l’ennui : l’univers com­plète­ment fou de Jean Paul Gaulti­er s’empare de la scène mythique des Folies Bergère ! Après Joséphine Bak­er, Char­lie Chap­lin et Zizi Jean­maire, c’est au plus célèbre des cou­turi­ers français de faire danser et rêver le pub­lic des Folies ! Pour son show, Jean Paul Gaulti­er découd les codes de la revue et vous installe au pre­mier rang pour redé­cou­vrir cinquante ans de cul­ture pop, à tra­vers son œil unique et excen­trique. De ses débuts provo­ca­teurs à ses plus grands défilés, des folles soirées au Palace aux sul­fureuses nuits lon­doni­ennes, l’enfant ter­ri­ble de la mode vous mon­tre tout ce que vous n’avez jamais vu ! Avec sur scène des créa­tures et des artistes rares et spec­tac­u­laires, comme seul Jean Paul Gaulti­er sait révéler. Le Freak, c’est chic ! Venez pass­er une soirée avec les délurés, les pas­sion­nés, les mal élevés, les botoxés, les bien gaulés, les culot­tés, les décu­lot­tés, les olé-olé… Et pour l’occasion, des dizaines de nou­velles créa­tions exclu­sives vien­nent côtoy­er les pièces cultes de son réper­toire, de la célèbre marinière au corset conique iconique de Madon­na. Si vous n’avez pas froid aux yeux, Jean Paul Gaulti­er vous invite à son show le plus crazy, le plus freaky, le plus sexy, le plus VIP : le Fash­ion Freak Show !

Notre avis : Jean Paul Gaulti­er Fash­ion Freak Show con­stitue une porte d’entrée vers l’intime de Jean Paul Gaulti­er. C’est comme un lab­o­ra­toire d’expériences et d’explorations de la pen­sée, de la mémoire. Il s’agit bien d’un remaniement du genre de la revue, avec la suc­ces­sion de numéros autour d’un thème prin­ci­pal qu’est la vie du grand cou­turi­er, vue depuis l’intérieur de son pro­pre esprit. Nous mar­chons ain­si dans les pas du styl­iste, par­courant ses sou­venirs : son enfance, son grand amour, les pre­miers défilés à suc­cès, les rav­ages du SIDA, etc. Le pub­lic baigne avec plaisir dans l’atmosphère des années 1970. La pro­duc­tion de Thier­ry Suc (Résiste, Les Cho­ristes) est représen­ta­tive du style français du spec­ta­cle musi­cal qui met l’accent davan­tage sur l’effet visuel. Les décors sont immenses et des écrans géants entourant le plateau provo­quent une sen­sa­tion d’amplification du show. Le plateau fourni est sans cesse en mou­ve­ment et le spec­ta­teur se trou­ve par­fois « noyé » dans ce four­mille­ment, ne sachant où pos­er son regard. Les quinze comé­di­ens à la fois danseurs, acteurs et man­nequins offrent des numéros épous­tou­flants qui mélan­gent les gen­res : acro­batie, vogu­ing, con­tem­po­rain, effeuil­lage, mais on y décèle aus­si un peu de danse clas­sique et de charleston ! Les numéros s’enchaînent sur des choré­gra­phies endi­a­blées signées Mar­i­on Motin (Résiste) avec une per­for­mance à couper le souf­fle. Les 200 cos­tumes de Jean Paul Gaulti­er nous éblouis­sent et le pub­lic est plongé dans un univers psy­chédélique unique, un univers du « freak ». Si le pre­mier acte sur­prend par son orig­i­nal­ité, le sec­ond présente davan­tage de longueurs, con­séquence sans doute de l’absence d’intrigue et de l’enchaînement des numéros dan­sés. Il y a en effet peu de numéros chan­tés cepen­dant quelques sketchs vien­nent égale­ment alléger la den­sité des choré­gra­phies. Jean Paul Gaulti­er Fash­ion Freak Show relève donc du spec­tac­u­laire et du grandiose, à la fois provo­ca­teur et engagé. Un spec­ta­cle qui a rem­porté l’adhésion du public.