Survivant.e.s de la longue route de l’exil, de jeunes filles, de jeunes hommes, arrivent à Conques, au cœur de l’Aveyron. Là, une association, Limbo, entourée d’habitants accueillants, permettent au groupe de se poser un temps. Ces jeunes sont issu.e.s d’Érythrée, du Soudan, de Somalie, de Guinée, de RDC. À Conques, ils et elles marchent, discutent, respirent… Peu à peu, le souvenir de la route s’atténue, et la parole renaît. Alors un jour surgit une idée un peu folle, celle d’une expérience collective. L’histoire commence à l’automne, dans ce petit bout de France, et se termine en juillet, dans l’éclat d’un été. De toutes leurs épreuves, ils et elles feront une chanson.
Notre avis : Merci au partenariat entre France Inter et la plateforme documentaire Tënk de proposer une fois par mois un documentaire à visionner gratuitement pendant une semaine, et merci tout autant à Eva Roque qui, dans sa chronique « Capture d’écran » du 7 novembre, a parlé de manière aussi vibrante de ce film. Il est encore disponible gratuitement jusqu’au 14 novembre et nous ne pouvons que vous encourager fortement à le visionner.
L’histoire derrière l’histoire est belle : touché par Voyage en barbarie (prix Albert Londres), un précédent film que Cécile Allegra a coréalisé avec Delphine Deloget, un des frères de l’Abbaye de Sainte-Foy du petit village de Conques la contacte pour lui proposer de s’engager auprès des survivants victimes de torture afin de tenter de leur redonner la force vitale qui peut leur faire défaut, eu égard aux atrocités vécues. L’association Limbo naît alors et c’est l’un de ces séjours d’art-thérapie par le biais du chant qui sert de base à ce film.
Se dévoilent alors les parcours de plusieurs femmes et hommes. Nous voyons ainsi la réalisatrice recueillir sur un cahier les mots, commencer à les mettre en forme, tandis que Mathias, complice musicien, se charge de composer les musiques. Le documentaire ne s’appesantit nullement sur le processus de création, de manière à se centrer sur les personnalités des participants. Ce choix de mise en scène offre un espace d’empathie absolu pour le spectateur, ce qui ne manque pas de se produire. Les paysages splendides du village et de ses alentours contrastent avec la dureté des souvenirs des unes et des autres. Transformés en chansons, ils prennent une puissance indicible. Les paroles sont fortes, tendres, bouleversantes, les musiques et les délicats arrangements participent d’une réussite incontestable. Libre au spectateur d’imaginer ce qui se dénoue ensuite dans l’esprit de chacune et chacun des participants : le film ne le dit pas puisqu’il est circonscrit à ce séjour. Servi par de splendides images, un montage soigné, ce documentaire provoque une admiration complice pour tous les protagonistes, la délicatesse dont il fait preuve touche et la force de vie rendue, pour un temps que l’on espère le plus long possible, à ces demandeurs d’asile irrigue jusqu’au spectateur.
Pour en savoir écouter les chansons, cliquez ici.
Et, pour rappel, le film est donc visible via ce lien. Après cette date, il est possible de le visionner sur des plateformes de streaming. Quelques projections en salle sont également organisées. Pour en savoir plus, cliquez ici.