Une pièce musicale glamour et féminine dans la France corsetée d’après-guerre.
Paris 1952. Dans une ville qui renaît de ses cendres, les destins et les secrets de cinq femmes vont se croiser au bureau de poste de la rue Drouot. Trois jeunes demoiselles drôles et ambitieuses s’entraident face à leur chef de service pète-sec et à la cruelle femme du patron.
Ensemble, elles vont connaître les premiers frémissements de l’émancipation féminine.
Cet été, répondez à l’appel des Demoiselles !
Notre avis (juillet 2022) : Ces « Dames de la poste », encore demoiselles, sont loin d’avoir la froideur de celles chantées par Barbara dans cette air du répertoire français… En effet, si la cheffe de service peut apparaître un rien rugueuse, elle cache, comme ses collègues, un secret. Le spectacle est construit autour du personnage de Jo, qui se targue d’être la narratrice et la seule à pouvoir s’adresser au public, ce qu’elle ne manquera pas de faire.
Nous découvrons ce petit monde bien organisé où, en 1952, les liaisons téléphoniques doivent transiter par ces demoiselles qui mettent en relation l’appelant et l’appelé. Nous aurions pu penser que la trame se serait appuyée sur divers échanges téléphoniques : pas du tout. L’intrigue nous fait découvrir le trio féminin, bien vite rejoint par la jalouse femme du patron qui n’a pas son pareil pour renvoyer illico celle des employées qu’elle soupçonne de séduire son mari américain. Les blessures affleurent chez chacune de ces femmes et, sans se départir d’une énergie comique, les thèmes abordés sont bien plus pointus et graves qu’il n’y paraît. Les traumatismes de la guerre sont loin d’être effacés et la liberté retrouvée reste, dans certaines conditions, toute relative…
Quel plaisir également de découvrir une comédie musicale originale, ponctuée par des chansons chorégraphiées, au diapason avec la tonalité douce-amère du spectacle. Si quelques anachronismes faciles pourraient être gommés, tant on est tout de suite pris par l’histoire – ces digressions paraissent clairement surnuméraires –, les textes, livrets et paroles n’en restent pas moins subtils et touchants. Et le quintette des protagonistes est intégralement à saluer : les comédiennes Madison Golaz, Eva Gentili, Candice Chevillard, Hélène Buannic – également auteure du livret – et Marion Cador, toutes emperruquées, forment un ensemble féminin particulièrement convaincant. Les grains de voix, pour le moins variés, résonnent délicieusement. Stan Cramer, au piano, accompagne avec entrain ce gynécée. Autant dire que cette comédie musicale féminine élégante est à découvrir.