Miss Nina Simone

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de Jina Djem­ba et Anne Bou­vi­er d’après le roman Nina Simone, roman de Gilles Leroy

mise en scène: Anne Bouvier
créa­tion et arrange­ment musi­caux: Julien Vasnier
scéno­gra­phie: Jean Haas
con­cep­tion lumière: Denis Koransky

avec Jina Djem­ba, Valentin de Car­bon­nières et Julien Vasnier

résumé: C’est d’abord l’histoire d’une femme mag­nifique de con­tra­dic­tions, un génie de la musique empêché de par sa couleur de devenir une pianiste clas­sique. Une africaine qui revendique courageuse­ment ses racines. Une grande amoureuse à l’humour foudroy­ant qui s’est noyée dans l’alcool et les médica­ments. Une femme souf­frant de bipo­lar­ité. Cette rela­tion de con­fi­ance et d’amitié qui va se tiss­er avec Ricar­do, son inten­dant, donne à voir la face cachée et plus intime de ce per­son­nage hors du com­mun. La pièce tout comme le roman de Gilles Leroy com­mence par la fin. Nous suiv­ons les derniers moments de la vie de la légende du Jazz que fût Nina Simone. Dans cet ultime voy­age, nous souhaitons créer un univers onirique porté par la musique, le chant.

notre avis: Adap­té du roman de Gilles Leroy Nina Simone, roman, la pièce Miss Nina Simone nous plonge dans l’intimité de la légende du jazz dans l’ambiance calfeu­trée d’un salon du sud de la France. La star en fin de vie y reçoit la vis­ite d’un jeune employé de mai­son philip­pin, Ricar­do, qui entre à son ser­vice. La ren­con­tre de deux généra­tions, de deux car­ac­tères, de deux his­toires va amen­er cha­cun à décou­vrir l’autre et à se regarder soi-même.
Cette con­fronta­tion entre un jeune étranger et une artiste en fin de car­rière qui se voient pour la pre­mière fois aurait pu être l’occasion d’une rétro­spec­tive de la vie artis­tique et privée de Nina Simone, mais il est finale­ment assez peu ques­tion de son his­toire, et plus de sa per­son­nal­ité. Sa ren­con­tre avec Ricar­do est le pré­texte à met­tre en valeur les liens soci­aux qu’elle pou­vait tiss­er avec son entourage. Si elle glisse quelques anec­dotes sur son enfance, ses suc­cès, ses liens avec les gens du méti­er ou sa famille c’est surtout dans le but d’expliquer au mieux son com­porte­ment actuel, son état d’esprit et son rap­port au monde. Cet angle de vue sans être inin­téres­sant finit par lass­er tant la pièce peine à évoluer.
Jina Djem­ba est très crédi­ble en Nina Simone, une femme dure, blessée, au fort car­ac­tère qui s’est battue toute sa vie pour obtenir une recon­nais­sance et une légitim­ité. On regret­tera cepen­dant un jeu assez restreint qui est tou­jours dans l’agressivité. Les rares moment ou elle quitte cette agres­siv­ité, elle tombe dans la plainte nous présen­tant ain­si un per­son­nage auquel on a du mal à s’attacher.
Valentin de Car­bon­nières est très con­va­in­cant en Ricar­do. Son per­son­nage apporte fraîcheur, gen­til­lesse et bon sens face à la démesure de Nina Simone. Le par­ti pris de mise en scène con­sis­tant en un mélange de jeu et de nar­ra­tion est assez périlleux, mais il se sort de cet exer­ci­ce avec brio et oscille avec beau­coup de naturel entre l’un et l’autre.
Les lumières douces et le décor très élé­gant créent une ambiance feu­trée et intime très agréable. Julien Vas­nier joue en direct sur scène une très belle musique qui est plus proche de l’habillage sonore que de l’accompagnement musi­cal. Ses effets entre bruitage et musique ren­for­cent l’intimité des sit­u­a­tions et illus­trent remar­quable­ment l’état d’esprit des pro­tag­o­nistes entre colère, émo­tion et inquiétude.

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