« Sur le Normandie, mythique et luxueux paquebot de l’entre-deux-guerres, une aventurière, un pasteur à claquettes, des milliardaires américains, des filles à marier, des marins amoureux et des amoureux transis, les rivalités de classes revues par la fantaisie, la danse et le jazz. Un spectacle truculent, joyeux et virevoltant. » Telle est l’accroche pour ce spectacle et elle n’est point mensongère. Christophe Mirambeau, avec toute l’épatante troupe des Frivolités Parisiennes, n’a décidément pas son pareil pour exhumer des comédies musicales ou opérettes qui ont marqué leur époque, soit par leur thème, soit par certaines de leurs chansons, comme c’est le cas ici avec « Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine », pour n’en citer qu’une.
Paul Misraki pour la musique, André Hornez pour les paroles et Henri Decoin pour le livret. Ce trio choisit de situer son intrigue sur le célèbre paquebot qui fit tant rêver. Rien n’est sérieux ici et, pourtant, cette opérette swing de 1936 en dit beaucoup sur son époque : il est question bien entendu de richissimes voyageurs, mais aussi d’ouvrier passager clandestin par amour, le tout traité avec une certaine « frivolité » qui sied si bien à la compagnie qui a décidé de redonner vie à cette œuvre scindée en deux actes, où, bien entendu, les quiproquos, les chassés-croisés, propulsent les différents personnages dans des états seconds, la malice des uns jouant sur la naïveté des autres pour le plus grand régal du public. Difficile de résister en effet à ces trouvailles dans les dialogues, dans les lyrics, portés par une troupe sensationnelle, chanteurs comme musiciens qui sont ici tous à saluer. En outre, même si la scène de la Nouvelle Ève peut sembler exiguë, la mise en scène inventive, qui joue sur le lettrage de Normandie et le fait évoluer au fur et à mesure du spectacle en utilisant les lettres qui conviennent pour désigner tel lieu, telle situation, participe de la réussite générale. Une reprise est plus que souhaitable !