JB est un jeune SDF. Juliette est étudiante et vit dans les quartiers chics parisiens. A priori tout les oppose. Tout ? Pas si sûr…
Alors qu’il fait la manche pour la énième fois de la journée dans le métro, JB se fait interpeller par Juliette qui, excédée, décide de lui donner toute sa monnaie afin qu’il se taise.
Mais après s’être emportée, elle culpabilise puis réalise : « Je suis persuadée de l’avoir vu quelque part. Oui je connais ce mec ! Mais d’où ?…»
Un métro pour Québec, ou quand une rencontre inattendue change le cours d’une vie.
Notre avis : Ils se connaissaient vaguement il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, le destin les réunit dans une rame de métro. Elle poursuit des études, habite les beaux quartiers et n’a toujours pas sa langue dans sa poche ; lui est SDF depuis peu et s’enfonce dans l’asociabilité. Tout les sépare, en apparence seulement… Cette opposition de caractères fournit tous les ressorts habituels et appréciés d’une comédie romantique rythmée — on s’approche, on se fuit, on s’attire, on se découvre, on s’en veut, on s’insulte, on se quitte, on se retrouve… Mais la pièce sait également aborder le contexte sous-jacent d’une société malade — la précarité, les préjugés, la solitude, l’égoïsme. Tout en restant légère, car il s’agit avant tout d’une comédie. Et une bonne repartie vient toujours désamorcer, dédramatiser, pour faire rire le public, au risque de ne pas toujours éviter les clichés, notamment chez le personnage de la jeune femme.
À cette incapable de faire des choix de vie, qui compense par une extraversion pathologique, Juliette Behar offre beaucoup d’énergie et n’est jamais aussi juste que lorsqu’elle prend conscience qu’elle doit suivre son instinct. Nicolas Soulié — également auteur du texte — tient bien son personnage de bougon qui regagne confiance en lui et dont le goût pour la poésie montre qu’il n’est pas aussi bourru qu’au premier abord. La bonne idée d’un troisième personnage quasi muet — un témoin de la relation ? un observateur qui égrène de sa guitare le temps et les scènes ? — a plus de mal à s’imposer, mais justement… peut-être n’est-il qu’un autre clochard qui n’existe plus parce qu’on ne prend pas la peine de le voir ?
Sur l’étroite scène de la Comédie des 3 bornes, les déplacements des comédiens sont contenus, mais on apprécie d’être proche d’eux, au cœur de cette pièce vivante, pleine de sincérité, de sensibilité et d’humour, qui, sans virer à la comédie sociale, réussit à titiller les consciences, ce qui n’est pas rien de nos jours. Et le Québec dans tout ça ? Pas de divulgâchis ici ! Réponse dans la salle.