Nouveau défi pour la metteuse en scène et "serial enchanteuse" Valérie Lesort, multiprimée aux Molières : Les Contes de Perrault. Après les succès de 20 000 lieues sous les mers et Le Voyage de Gulliver, elle reprend la féerie lyrique d’Arthur Bernède et Paul de Choudens, parue en 1913, où se rencontrent les personnages des contes atemporels comme Cendrillon, Barbe-Bleue ou encore la fée Morgane… Cette folle histoire teintée de poésie, d’humour et de cruauté est portée par la musique de Félix Fourdrain et la fantaisie de l’orchestre des Frivolités Parisiennes. Une création rythmée, épique et burlesque, pour le bonheur de tous.
Notre avis : Le nouveau choix des Frivolités Parisiennes se porte sur une œuvre oubliée, pastiche des contes de Perrault, où les personnages emblématiques traversent diverses histoires. Ainsi, par exemple, Cendrillon a-t-elle le même destin que la Belle au bois dormant. D'autres figures notoires, comme le Prince Charmant (en fait le Petit Poucet devenu grand grâce à une fée), en prennent pour leur grade. Ce dernier se révèle pleutre, uniquement intéressé par la beauté physique. Une fois encore, l’orchestre, impeccable, dirigé par Dylan Corlay, remplit son office et charme par ses mélodies souvent désuètes. Le récit se révèle un peu plus poussif et si la bonne humeur l’emporte, c’est parfois en passant en force. Pour une chanson hilarante (Barbe-Bleue vante les mérites du bicarbonate pour digérer), beaucoup d’autres se révèlent sympathiques, sans plus.
Fidèle à sa malice habituelle, Valérie Lesort propose une mise en scène inspirée par des dessins d’enfants, comme si la scène était un vaste pop-up. Et la scénographie est bien jolie, faite de dessins découpés. Toutefois, l’idée amusante sur le papier de créer des costumes aux couleurs acidulées sur une seule face, comme pour un dessin sur un papier, donc, contraint les protagonistes à se déplacer en crabe, sans jamais pouvoir se retourner. C’est drôle quelques minutes, puis la contrainte imposée par ce parti pris prend le dessus – et ce, malgré les nombreuses paillettes et, une fois encore, la drôlerie de chaque costume (ceux de la belle-mère de Cendrillon et de ses filles, inspirés par des pâtisserie sont très réussis. Pour en revenir à l’intrigue, farfelue comme il se doit, les auteurs Arthur Bernède et Paul de Choudens choisissent un peu trop souvent la facilité, optant par exemple pour une résolution incompréhensible : la fée Morgane réduit à néant son opposant farouche, Olibrius, en un coup de baguette, le transformant en une souris inoffensive. Il aura fallu plus de deux heures à cette fée peu débrouillarde pour avoir cette idée, le mauvais génie semblant déjouer tous les tours et être insensible à sa magie. Entre-temps, on peut se laisser porter avec indolence par ce spectacle musical, distrayant sans être inoubliable.