Redwood

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Nederlander Theatre – 208 West 41st Street, New York.
Première le 13 février 2025.
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Bien que sans doute mal con­nue en Europe ain­si que dans d’autres pays, Idi­na Men­zel est l’une des actri­ces de Broad­way les plus admirées à l’heure actuelle. Décou­verte en 1996 dans Rent de Jonathan Lar­son, elle a, depuis, été la vedette de plusieurs comédies musi­cales, dont Wicked, dans laque­lle elle créa le rôle d’Elphaba et qui lui val­ut un Tony Award, The Wild Par­ty et If/Then. Autant de tri­om­phes qui lui ont valu d’être surnom­mée « la Reine de Broad­way », avant qu’elle ne prête sa voix à des films à suc­cès, notam­ment Frozen, où elle fut la pre­mière à chanter le hit mon­di­al « Let It Go » (« Libérée, délivrée ») et Enchant­ed.

Michael Park ©Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

Idi­na Men­zel est de retour à Broad­way dans Red­wood, une nou­velle comédie musi­cale plutôt inhab­ituelle, dont l’action se passe en grande par­tie dans une forêt de séquoias au cœur de la Cal­i­fornie. Pen­dant vingt-trois ans, Jesse, une New-Yorkaise, a élevé avec Mel, sa com­pagne de longue date, Spencer, son fils né d’une rela­tion main­tenant loin­taine. Quand ce dernier quitte le logis famil­ial pour aller en Cal­i­fornie, où il meurt à la suite d’un acci­dent, Jesse, totale­ment désem­parée, décide de se ren­dre sur les lieux de sa dis­pari­tion. Au cœur de cette forêt dans laque­lle elle se rend pour retrou­ver goût à la vie, elle fait la con­nais­sance d’un cou­ple de forestiers, Finn et Bec­ca, qui lui font décou­vrir les secrets de la nature et ces arbres gigan­tesques, auprès desquels elle trou­ve la sérénité et l’aplomb dont elle a besoin pour se remet­tre de la perte qu’elle a subie.

Khaila Wilcox­on ©Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

Si ce thème sem­ble un tan­ti­net peu con­ven­tion­nel, il faut recon­naître que Red­wood, conçu à l’origine par Idi­na Men­zel et Tina Lan­dau – qui en a réglé la mise en scène –, ne manque pas d’attrait et d’imagination. Cette impres­sion est ren­for­cée grâce aux vidéos spec­tac­u­laires d’Hana S. Kim, une suc­ces­sion de pro­jec­tions qui recréent la splen­deur et la pro­fondeur mag­ique d’une forêt en plein éclat.

Khaila Wilcox­on et Michael Park ©Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

Bien que les chan­sons écrites par Kate Diaz et Tina Lan­dau ne soient pas aus­si prenantes que le reste de l’action, elles ser­vent à éla­bor­er la teneur même du spec­ta­cle et les sen­ti­ments qui per­me­t­tent à Jesse de se remet­tre de ses épreuves. Elles sont d’ailleurs l’occasion pour Men­zel de man­i­fester ses tal­ents extra­or­di­naires de mez­zo-sopra­no puisqu’elle en inter­prète pas moins de onze dans une par­ti­tion qui en con­tient dix-sept.

Idi­na Men­zel ©Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

Mais ce qui retient surtout l’attention, c’est le con­cept ini­tial de la pièce, qui est avant tout un hom­mage et un hymne à la nature, dont ces arbres immenses sont avant tout grandios­es et sub­limes et, sem­ble-t-il, résis­tent aux cat­a­stro­phes dont ils sont par­fois les vic­times, comme ces incendies qui ont récem­ment encore dévasté de larges por­tions des forêts cal­i­forni­ennes sans toute­fois les détru­ite totale­ment. Ces sen­ti­ments sem­blent rejoin­dre l’attitude de Men­zel elle-même, qui a sou­vent déclaré qu’elle aimait inter­préter des rôles de femmes qui sont « très vul­nérables et qui ont besoin de tra­vers­er une épreuve afin de maîtris­er leur puis­sance personnelle ».

Idi­na Men­zel ©Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

Pour cette rai­son, le spec­ta­cle lui-même tient bien la route, grâce aus­si aux inter­pré­ta­tions de Michael Park dans le rôle de Finn et de Khaila Wilcox­on dans celui de Bec­ca, deux acteurs pleins de tal­ent qui sont en scène la plu­part du temps pour accom­pa­g­n­er Men­zel dans les décou­vertes que fait son per­son­nage et dans l’enthousiasme que ce milieu, loin des réal­ités urbaines et de ses pro­pres regrets, lui occa­sionne. Dans le rôle de Mel, De’Adre Aziza, déjà remar­quée dans A Night with Janis Joplin, reste dans le ton et bien mod­este, surtout dans les moments de rup­ture causés par le départ de Jesse du foy­er famil­ial. Sous les traits de Spencer, Zachary Noah Pis­er, vu dernière­ment dans Dear Evan Hansen, révèle égale­ment l’é­ten­due de son tal­ent en par­tic­i­pant à deux ou trois moments musicaux.

De’Adre Aziza ©Matthew Mur­phy et Evan Zimmerman

La mise en scène soignée de Tina Lan­dau met tous ces élé­ments dans une présen­ta­tion élo­quente et sou­vent séduisante qui fait de ce spec­ta­cle hors norme l’une des nou­velles œuvres les plus intéres­santes à Broad­way. Le suc­cès de Red­wood dépen­dra surtout de l’attrait que représente avant tout Men­zel, au plus fort de sa car­rière et en pleine pos­ses­sion de ses tal­ents. Il faut recon­naître que sa répu­ta­tion est pleine­ment justifiée.

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