Londres — La Strada (Critique)

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Musique : Ben­ji Bower
Mise en scène : Sal­ly Cookson

Notre avis :

Fidèle au film de Felli­ni de 1954, la ver­sion scénique de La Stra­da est le road movie de Gel­som­i­na et Zam­pano, atte­lage improb­a­ble entre une jeune fille pleine de can­deur et de bons sen­ti­ments, et un her­cule de foire briseur de chaînes… et de vies.
Si le film orig­i­nal est empreint de réal­isme et d’un cer­tain mys­ti­cisme accen­tués par la pel­licule noir et blanc, le spec­ta­cle est plus léger, presque clow­nesque, imprégné large­ment par l’univers du cirque. Il préserve néan­moins la ten­sion explo­sive entre la naïveté idéal­iste de Gel­som­i­na et la fausse dureté de Zam­pano, l’amour-haine et la spi­rale auto-destruc­trice qui en résul­tent. Et le per­son­nage du fou (Il Mat­to), déto­na­teur du drame, prend d’autant plus d’envergure qu’il est inter­prété par un véri­ta­ble acro­bate qui manie le mono­cy­cle aus­si bien que le violon.
Les dia­logues sont lim­ités au strict min­i­mum et mêlent l’anglais à l’italien et aus­si, plus sur­prenant, au français, con­sacrant le non-dit dans cette œuvre impres­sion­niste où l’on ressent les choses plus que l’on ne les com­prend. La musique omniprésente — pas celle de Nino Rota — est jouée par la troupe elle-même et quelques chan­sons — pas de celles qui font pro­gress­er l’intrigue — com­plè­tent par­faite­ment l’atmosphère, alter­nant fêtes, drames, espoirs et abandons.
Il faut men­tion­ner les belles per­for­mances d’Au­drey Bris­son dans le rôle prin­ci­pal de Gel­som­i­na et de Bart Soroczyn­s­ki dans celui du fou. Tous deux, issus du Cirque du Soleil, exé­cu­tent chants, acro­baties et expres­sion cor­porelle avec beau­coup de dex­térité et de poésie.
La Stra­da est donc un bel hom­mage du spec­ta­cle vivant à une œuvre ciné­matographique majeure du milieu du siè­cle dernier et une boulever­sante fable humaine.