Quel bilan tirez-vous de la saison qui vient de s’écouler ?
Ce fut une saison incroyable à plus d’un titre. Je suis reconnaissant à tous les invités d’avoir participé aux émissions : Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez, auteurs de La Reine des neiges ; Renée Zellweger qui a incarné Judy Garland ; Danny Elfman… Des moments forts pour moi. Et cela doublé par de super concerts en direct, avec par exemple la troupe de Funny Girl, le triomphe mérité de la saison ; la troupe de Yes présenté à l’Athénée reçue avec celle de Une femme se déplace de David Lescot, une belle découverte ; la magnifique troupe du Violon sur le toit venue chanter le 6 octobre avant de se produire à l’Opéra national du Rhin. Il faut dire que la saison avait bien débuté avec le concert organisé pour les 20 ans de Regard en Coulisse, en faisant la part belle aux jeunes artistes. Je n’oublie pas les épatants programmateurs qui nous ont fait partager leur amour pour la comédie musicale, à l’instar de Lambert Wilson, Stephen Mear… Je pense que l’émission a, cette saison encore, rempli son rôle : faire découvrir plein de choses très diverses au plus grand nombre.
Bien entendu, personne ne pensait que les cabarets autour de The Pajama Game avec tous les musiciens, The Fantasticks, puis South Pacific le 1er mars, seraient les dernières émissions de la saison faites sous cette forme. Durant le confinement, nous avons continué l’émission avec les moyens du bord. Il a fallu trouver de nouvelles idées. Je suis tellement touché par les nombreux messages, aussi bien des artistes que des auditeurs, qui nous ont dit être heureux de nous retrouver. J’ai imaginé la série d’émissions autour des claquettes, histoire de ne pas céder à la morosité. Notre répondeur téléphonique a également recueilli les propositions des auditeurs, par exemple autour des titres de Stephen Sondheim à faire découvrir. Et cerise sur le gâteau : une émission regroupant un triple concert virtuel entre Londres avec Manon Taris et Antoine Mérand – qui a donc suspendu sa participation au Fantôme de l’Opéra pour cause de pandémie –, Miami avec Alyssa Landry et Thierry Boulanger, et Paris avec Isabelle Georges et Frederik Steenbrink. Il était important pour moi, certes de divertir l’auditeur, mais aussi de l’informer de la réalité de la situation. C’est pourquoi j’ai donné la parole aux artistes, aux personnes qui travaillent pour le spectacle vivant. Ainsi Dominique Trottein, le directeur musical de Mogador, où se prépare Le Roi Lion, a expliqué comment Ghost s’est achevé brutalement : il venait jouer du piano dans un théâtre désert, les loges pas encore vidées tant les décisions de tout arrêter ont été abruptes. De même pour Hervé Devolder qui a réfléchi durant le confinement à sa prochaine mise en scène de comédie musicale en intégrant les gestes barrières.
Que vous a appris cette période ?
Une chose toute simple : par l’espoir que ses chansons provoquent souvent, la comédie musicale possède ce pouvoir d’enchanter les gens. Ce n’est pas pour rien que le genre a été très populaire en Amérique durant la dépression de 1929. Sans établir de comparaison, je pense que la comédie musicale a un véritable rôle à jouer. La radio, en ce sens, a un pouvoir presque magique et c’est pour ça que j’en fais ! Nous sommes une voix et nous avons essayé de l’utiliser pour donner de l’espoir, être joyeux et, dans le même temps, pour rendre compte de ce qui se passait.
Comment vous est venue l’idée de cette émission estivale ?
Pendant le confinement, j’ai réfléchi à des façons de parler un peu différemment de la comédie musicale. Pour cette nouvelle série, je prends une œuvre emblématique et tisse autour d’elle une réflexion plus générale. Ainsi, avec le thème de l’émission de dimanche dernier, autour du Magicien d’Oz et de l’émergence du cinéma qui danse et qui chante, on examinait comment la comédie musicale est restée un art très populaire en Amérique pendant la crise économique. Il permet d’accéder à la légèreté, à un espoir de lendemains meilleurs. La première émission posait une question un peu provocante autour de Porgy and Bess : musical ou opéra ? Chaque émission est un peu comme un zoom. Mais ce n’est pas une encyclopédie : elle reste destinée à un public très large. Je me suis également appuyé sur mon livre 42e rue : la grande histoire des comédies musicales. Je souhaite faire de cette série d’émissions quelque chose de léger, intelligent et, bien entendu, très musical. Je ne suis jamais allé dans cette direction, c’est stimulant. Je porte également une attention particulière aux parties musicales en faisant des ponts. Par exemple, dans l’émission de dimanche dernier, lorsque j’évoque la carioca, je pars de la version des Nuls, très connue du grand public, pour remonter aux origines de la chanson, interprétée par Fred Astaire.
Voici la liste des prochaines émissions :
Épisode 3 : Wild About Harry et les racines noires de la comédie musicale
Épisode 4 : La Mélodie du bonheur et l’âge d’or de Broadway
Épisode 5 : Chantons sous la pluie et le département Arthur Freed de la Metro Goldwyn Mayer
Épisode 6 : West Side Story et quatre jeunes dans un jeu de quilles
Épisode 7 : Hair et la contre-culture
Épisode 8 : Les Parapluies de Cherbourg et la comédie musicale à la française
Quels sont vos désirs pour la rentrée ?
J’entame la nouvelle saison de 42e rue un peu dans le flou en raison de la crise sanitaire. J’espère que les artistes pourront remonter sur scène le plus vite possible afin que nous puissions les soutenir. Ces derniers mois, la programmation changeait chaque semaine, ce qui n’était pas aisé. Je croise les doigts pour l’avenir, mais quand je vois que Broadway ne rouvre pas ses théâtres officiellement avant début janvier, que l’activité est gelée également à Londres…
En tout cas, je peux d’ores et déjà vous annoncer qu’il y aura bien un troisième opus de « La 42e rue fait son show ». Je ne peux pas encore dévoiler le nom de la personnalité qui composera un mini-musical pour cette occasion, mais je suis très honoré par cette participation. Quant aux cabarets, ils sont toujours d’actualité, mais ils sont, pour la plupart, soumis à l’actualité. De toute manière, nous nous adapterons. Il faut dire que je bénéficie du soutien des équipes et de la direction de Radio France ; je leur en suis très reconnaissant. Par ailleurs, je tiens à rendre hommage à Alain Marcel disparu juste avant le confinement et à célébrer également le 120e anniversaire de la naissance de Kurt Weill. La rentrée débutera avec la sortie de notre « vinyl book », un mix entre le texte et les chansons des plus belles comédies musicales. Et je peux vous dire que d’autres projets de ce genre, j’en ai plein la tête !
42e rue – La grande histoire des comédies musicales. Tous les dimanches de l’été de 19h à 20h sur France Musique.
QUEL BONHEUR de découvrir votre émission La 42ème » Rue » dédiée à la comédie musicale. Je travaille depuis 18 mois à une création de comédie musicale franco-maroco-algérienne. Un projet très ambitieux que j’aimerais bien vous adresser par email si vous voulez bien me communiquer votre adresse. J’ai déjà le soutien de quelques personnalités du monde de l’Art et de la Culture — tant en France qu’au Maroc — auxquelles j’ai soumis le fichier de présentation de mon « accouchement » qui contient toutes les étapes et le budget prévisionnel. Le livret en est une traduction contemporaine très ébouriffante du « CANTIQUE DES CANTIQUES dit … de SALOMON » par Feu Robert MOREL dont les héritiers m’ont accordé un merveilleux « libre de droits d’auteur » ! Soyez remercié de l’intérêt que vous voudrez bien m’accorder. Avec mes sincères salutations muzikamikales. Lîlâ bâ (pseudonyme d’artiste) alias MM BEAUGONIN.