Barbra a 80 ans !

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Happy Birthday, Gorgeous! Tandis que la France élisait son Président pour les cinq années à venir, la reine incontestée de la comédie musicale célébrait ce dimanche ses 80 ans. L’occasion pour Regard en Coulisse de revenir sur huit anecdotes concernant la grande Barbra Streisand, née le 24 avril 1942. On vous prévient dès maintenant car elle y tient : son nom se prononce [Straïssènd], « like sand on the beach ». Un combat quotidien pour la star qui n’a pas hésité à appeler Tim Cook pour que Siri prononce son nom correctement. You say Diva? We say Queen!

1. Une Fun­ny Girl qui por­tait bien son nom

Si Bar­bra jouit déjà d’une cer­taine renom­mée lorsqu’elle est choisie pour inter­préter Fan­ny Brice sur les planch­es de Broad­way en 1964 (elle avait alors 22 ans), c’est ce rôle qui va propulser sa car­rière vers les som­mets desquels elle ne redescen­dra jamais. Et pour cause, ce per­son­nage charis­ma­tique bour­ré de tal­ent et d’autodérision lui va comme un gant. Il suf­fit pour s’en con­va­in­cre de relire la biogra­phie ubuesque de Bar­bra fig­u­rant dans le play­bill du show (livret descrip­tif remis à chaque spec­ta­teur avant le début du spec­ta­cle), déno­tant totale­ment avec le sérieux des habituels CV condensés.

En plus d’être apparue off-Broad­way, sur Broad­way et loin-de-Broad­way dans des boîtes de nuit, à la télévi­sion et sur scène, Bar­bra Streisand est la récip­i­endaire du prix de l’artiste de l’année du Cue Mag­a­zine. Star du disque, tal­entueuse déco­ra­trice d’intérieur, styl­iste et por­traitiste, elle joue égale­ment au hock­ey sur gazon. Sa per­for­mance dans la comédie musi­cale I Can Get It For You Whole­sale fut un véri­ta­ble show­stop­per et a été très admirée par la cri­tique, le pub­lic et le pre­mier rôle mas­culin, Elliot Gould, qui l’a épousée. Bar­bra est une adepte de la philoso­phie et de la cui­sine ori­en­tales, mais priv­ilégie égale­ment les dîn­ers devant la télé à l’occasion. Elle est une col­lec­tion­neuse renom­mée de vête­ments anciens, de chaus­sures et d’éventails. Sa fleur préférée est le gardé­nia, car c’est le seul par­fum qui ne peut être cap­turé. Son ren­dez-vous préféré de la semaine est le mar­di, car elle con­sacre une par­tie de chaque mar­di de l’année à enfil­er des per­les de cristal ven­dues dans un super­marché du Ver­mont. Elle sait faire de la glace au café et se coif­fer elle-même. Pour plus d’informations per­son­nelles, écrivez à sa mère.

À not­er qu’il aura fal­lu atten­dre 2022 pour voir naître le pre­mier revival sur Broad­way du clas­sique de Jule Styne, avec Beanie Feld­stein dans le rôle de Fan­ny Brice. La pre­mière a eu lieu ce dimanche 24 avril. Coïncidence ?

2. Pari per­du pour Hel­lo, Dolly!

Lorsque la Fox décide d’adapter la comédie musi­cale Hel­lo, Dol­ly! au ciné­ma, Car­ol Chan­ning qui a créé le rôle de Dol­ly Levi à Broad­way est très rapi­de­ment écartée au prof­it de Bar­bra. La Fox a en effet bien con­science du poten­tiel ciné­matographique de la star à venir (le tour­nage d’Hel­lo, Dol­ly! a lieu avant la sor­tie du film Fun­ny Girl).

Quand bien même Bar­bra fini­ra par être excel­lente dans le rôle – car elle y apportera son grain de folie légendaire –, ce choix de cast­ing est à l’évidence à côté de la plaque : Bar­bra est alors âgée de 25 ans lorsqu’elle inter­prète Dol­ly, veuve ayant au moins la quar­an­taine – lors du revival de 2017, c’est Bette Midler, alors âgée de 71 ans, qui joue Dolly.

Bar­bra a bien con­science qu’elle ne cor­re­spond pas au rôle et souhaite se détach­er du pro­jet. Son agent et elle ten­tent alors un coup de bluff con­sis­tant à deman­der un cachet mirobolant pour l’époque — on par­le d’un mon­tant d’un mil­lion de dol­lars – en se dis­ant que les pro­duc­teurs allaient néces­saire­ment refuser… Raté !

Le semi-échec du long-métrage sera pen­dant un temps mis sur le dos de cette erreur de cast­ing. Il y a fort à pari­er que les mul­ti­ples soucis de pro­duc­tion ont davan­tage porté préju­dice à la sor­tie du film. Son statut d’œuvre-culte lui sera recon­nu bien plus tard.

 

Extrait du film Hel­lo, Dolly!

3. Le mécon­nu Fun­ny Lady

Fun­ny Girl ayant été un suc­cès reten­tis­sant, il n’est pas sur­prenant qu’une suite ait vu le jour en 1975, sous le nom de Fun­ny Lady. Ce film n’est pas l’adaptation d’une comédie musi­cale de Broad­way mais con­tient néan­moins un nom­bre con­séquent de numéros chan­tés, com­posés non plus par Jule Styne mais par les non moins célèbres Fred Ebb, John Kan­der et Peter Matz. Le film s’intéresse tou­jours à la vie de Fan­ny Brice et notam­ment son mariage tumultueux avec Bil­ly Rose (James Caan), imprésario et pro­duc­teur de spectacles.

Bar­bra reprend son rôle fétiche. Omar Sharif revient égale­ment pour met­tre un point final à la rela­tion relatée dans Fun­ny Girl. Le film a été un suc­cès com­mer­cial mais n’a pas retenu l’attention des cri­tiques et, à défaut de véri­ta­bles tubes, n’est pas par­venu à attein­dre la même recon­nais­sance que son aîné.

Il n’en demeure pas moins que le film est de qual­ité, rien que pour nous avoir offert la chan­son « Isn’t This Bet­ter? » inter­prétée par Bar­bra. À ce moment du film, Fan­ny Brice s’interroge sur les raisons qui peu­vent pouss­er à s’engager dans une rela­tion et notam­ment s’il est préférable de priv­ilégi­er la pas­sion ou la bonne entente.

4. Bar­bra en français

On sait que l’immense Michel Legrand a com­posé la musique du pre­mier film de Bar­bra en tant que réal­isatrice, le fameux Yentl (1983). Il nous a offert de mag­nifiques mélodies telles que « Papa, Can You Hear Me? », « Where Is It Writ­ten? » et l’un des plus grands clas­siques de Bar­bra : « A Piece of Sky ». À cet égard, on peut regret­ter que toute la B.O. ne soit inter­prétée que par Bar­bra, alors même qu’elle s’était notam­ment octroyé les ser­vices du beau et tal­entueux Mandy Patinkin. Cela n’aura tout de même pas empêché Michel Legrand de rem­porter l’Oscar de la meilleure musique.

Mais Yentl n’est pas la pre­mière col­lab­o­ra­tion entre Bar­bra et Michel Legrand. En effet, ce dernier a arrangé et dirigé le huitième album stu­dio de Bar­bra sor­ti en 1966 : Je m’appelle Bar­bra. Cet album com­prend notam­ment une chan­son en français dont les paroles ont été écrites par Bar­bra elle-même et qui s’intitule tout sim­ple­ment « Ma pre­mière chan­son ». Une belle occa­sion de redé­cou­vrir l’interprétation live de cette chan­son avec Bar­bra au micro et… au piano !

5. Une fan de Stephen Sondheim

En trois albums con­sacrés à Broad­way, Bar­bra a inter­prété pas moins de dix-huit chan­sons écrites et/ou com­posées par le plus grand auteur com­pos­i­teur con­tem­po­rain, l’unique Stephen Sond­heim.

The Broad­way Album (1985) :

  • Putting It Togeth­er (Sun­day in the Park with George)
  • Something’s Com­ing (West Side Sto­ry)
  • Not While I’m Around (Sweeney Todd)
  • Being Alive (Com­pa­ny)
  • Send In the Clowns (A Lit­tle Night Music)
  • Pret­ty Women / The Ladies Who Lunch (Sweeney Todd / Com­pa­ny)
  • Some­where (West Side Sto­ry)

Back to Broad­way (1993) :

  • Every­body Says Don’t (Any­one Can Whis­tle)
  • Chil­dren Will Lis­ten (Into the Woods)
  • I Have a Love / One Hand, One Heart (West Side Sto­ry)
  • Move On (Sun­day in the Park with George)

Encore: Movie Part­ners Sing Broad­way (2016) :

  • Lov­ing You (Pas­sion)
  • The Best Thing That Has Ever Hap­pened (Road Show)
  • Not a Day Goes By (Mer­ri­ly We Roll Along)
  • Los­ing My Mind (Fol­lies)
  • Take Me to the World (Evening Prim­rose)
Bar­bra Archives

Soucieuse d’interpréter et de per­son­nalis­er au mieux ses repris­es, Bar­bra n’a pas hésité à con­tac­ter Stephen Sond­heim pour adapter cer­taines paroles des chan­sons « Putting It Togeth­er », « Send In the Clowns » et « Chil­dren Will Lis­ten », pour ne citer qu’elles.

À cet égard, Stephen Sond­heim décrit ses inter­ac­tions avec Bar­bra dans son dip­tyque Fin­ish­ing the Hat / Look, I Made a Hat. À pro­pos de « Send In the Clowns », pour laque­lle Bar­bra a demandé la rédac­tion d’un nou­veau cou­plet, Stephen Sond­heim com­mente cette anec­dote de la façon suivante :

« L’une des excel­lentes chanteuses ayant enreg­istré Send In the Clowns était Bar­bra Streisand, une inter­prète qui exam­ine très atten­tive­ment les paroles qu’elle chante et qui s’est inter­rogée sur le lien dra­ma­tique entre les deux derniers cou­plets de la chan­son. En effet, sans les excus­es par­lées de Fredrik et son départ de scène, il existe un fos­sé émo­tion­nel entre la fin de l’avant-dernier cou­plet et celui com­mençant par « Isn’t it rich? ». Alors, quand elle m’a demandé d’écrire quelque chose qui accom­pli­rait la tran­si­tion, cela sem­blait être une demande logique plutôt qu’un caprice de diva. »

Si Stephen Sond­heim le dit !

6. Impliquée dans le scan­dale Pat­ti Lupone vs Sun­set Boulevard

Le célèbre scan­dale autour de la pro­duc­tion de Sun­set Boule­vard d’Andrew Lloyd Web­ber a mar­qué Pat­ti Lupone à un point tel qu’il aura fal­lu atten­dre vingt-cinq ans pour que cette dernière soit en paix avec cette affaire. Pour rap­pel, après avoir créé le rôle de Nor­ma Desmond sur les planch­es du West End en 1993, Pat­ti devait repren­dre le rôle pour l’ouverture du show à Broad­way. Mais Andrew Lloyd Web­ber l’a – pour résumer – rem­placé par Glenn Close dans des con­di­tions jugées irre­spectueuses. Pat­ti en a dès lors voulu à tous ceux impliqués de près ou de loin dans cette trahison.

Et par­mi les vic­times col­latérales de la colère de Pat­ti, se trou­ve… Bar­bra ! Alors même que Pat­ti devait être la pre­mière inter­prète des chan­sons du show, Andrew Lloyd Web­ber a, sans la prévenir, demandé à Bar­bra d’enregistrer les deux tubes incon­tourn­ables « With One Look » et « As If We Nev­er Said Good­bye », qui fig­ureront dans son deux­ième album con­sacré à Broad­way (Back to Broad­way, 1993), court-cir­cui­tant en quelque sorte l’exclusivité qui reve­nait « de droit » à l’interprète orig­i­nale du rôle principal.

À not­er que Bar­bra, comme à son habi­tude, a adap­té les paroles pour qu’elles lui soient per­son­nelles. The Streisand Touch, on vous dit !

7. L’effet Streisand

En 2003, un pho­tographe dif­fuse une pho­togra­phie aéri­enne du domaine privé de Bar­bra. Alors qu’elle pour­suit en jus­tice le pho­tographe pour empêch­er que le cliché ne se propage, sa demande pro­duit l’exact effet inverse puisque la pub­lic­ité autour de la procé­dure judi­ci­aire engagée démul­ti­plie la dif­fu­sion de la pho­to litigieuse.

Cet inci­dent a don­né nais­sance à l’expression « effet Streisand », con­sis­tant à favoris­er la dif­fu­sion d’une infor­ma­tion en ten­tant de l’empêcher. Un phénomène dont Bar­bra se serait, à coup sûr, bien passée !

©Ken­neth Adreman

8. Stage Fright 

Alors qu’elle est une star incon­testée – 150 mil­lions d’albums ven­dus à tra­vers le monde, numéro 1 du Top Album améri­cain sur six décen­nies, déten­trice de deux Oscars, un Tony Award, dix Gram­my Awards, cinq Emmy Awards, neuf Gold­en Globes, etc. –, Bar­bra est sujette à un immense trac lorsqu’il s’agit de mon­ter sur scène. À tel point qu’elle a évité de se pro­duire en con­cert durant vingt-sept ans, à l’exception d’événements poli­tiques ou de galas de char­ité. Elle garde en effet en tête le sou­venir trau­ma­ti­sant d’un con­cert au cours duquel elle a totale­ment oublié les paroles de sa chan­son en plein milieu de la performance.

L’arrivée des promp­teurs l’a aidée à sur­pass­er cette peur sans pour autant tout à fait la guérir. Elle n’hésite d’ailleurs pas à se servir des gigan­tesques écrans des stades dans lesquels elle se pro­duit pour pro­jeter les paroles.

Nul doute que ses mil­lions de fans à tra­vers le monde sauront chanter à sa place en cas d’oubli.

Los Ange­les, août 2002. (Edi­tor’s note: This image has been retouched.) Bar­bra Streisand per­forms onstage dur­ing the tour open­er for « Bar­bra — The Music… The Mem’ries… The Mag­ic! » at Sta­ples Cen­ter on August 2, 2016 in Los Ange­les, Cal­i­for­nia. (Pho­to by Kevin Mazur/Getty Images for BSB )

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