Bodyguard, le Musical (Critique)

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Avec Valérie Dau­re (Rachel Marron)
Benoît Maréchal (Frank Farmer)
Cylia (Nic­ki Marron)
Sofia Moun­tas­sir (alter­nante Rachel Marron)
Alain Azérot (Bill Devaney)
Enzo Ambrosi­ni (Le harceleur)
Adap­ta­tion du livret: Nico­las Nebot et Ludovic-Alexan­dre Vidal
David Eguren : Met­teur en scène résident
David Aubaile: Directeur musi­cal résident

Ancien agent de l’US Secret Ser­vice recon­ver­ti en garde du corps d’élite, Frank Farmer est engagé pour pro­téger con­tre son gré la super­star Rachel Mar­ron d’un harceleur anonyme. La diva n’est prête à aucun com­pro­mis, pas plus que le très pro­fes­sion­nel «body­guard» qui accepte la mis­sion à con­trecœur. Cha­cun pense qu’il va men­er le jeu, jusqu’à ce que la belle et son pro­tecteur se lais­sent sur­pren­dre par la nais­sance d’une his­toire d’amour passionnée…

Notre avis:
Et si un garde du corps avait sauvé le Palais des Sports ? Dans la vaste arène du 15ème arrondisse­ment, haut-lieu des spec­ta­cles « à la française », il était, jusqu’à présent, bien sou­vent dif­fi­cile de sor­tir indemne des fresques musi­cales et autres shows tri­col­ores. Frank Farmer vient peut-être de réc­on­cili­er le pub­lic avec la salle. Le plus célèbre body­guard du monde sem­ble, en tout cas, avoir rem­pli sa mis­sion, avec cette comédie musi­cale venue tout droit d’outre-Manche, fidèle­ment trans­posée pour notre pays et présen­tée depuis le 2 février.
L’adaptation scénique du film améri­cain, dont Whit­ney Hous­ton a fait un mythe –avec son « I Will Always Love you » entré dans la légende–, a vu le jour en décem­bre 2012 à Lon­dres, signée Alexan­der Dinelaris (Oscar du meilleur scé­nario pour Bird­man). Inté­grant les hits incon­tourn­ables de la chanteuse et une pincée de moder­nité, c’est ce show que le Palais des Sports accueille cet hiv­er. Un spec­ta­cle de qual­ité, entre romance et thriller, où le jeu, la musique et la mise en scène sont en tout point con­va­in­cantes pour suiv­re les tribu­la­tions de la star Rachel Mar­ron, pour­suiv­ie par un mys­térieux harceleur et qui joue au chat et à la souris avec son garde du corps. Soignée et réussie, c’est (enfin !) une offre digne dans ce tem­ple des haut-le-cœur musi­caux. Salu­ons d’abord les équipes français­es qui ont com­pris que la suc­ces­sion de tubes recelée dans l’œuvre se devait d’être respec­tée : Un très bon orchestre live de huit musi­ciens, –évène­ment s’il en est– est ain­si présent chaque soir pour accom­pa­g­n­er tous les titres en ver­sion orig­i­nale (les traduire eut été une hérésie). Servi par une acous­tique impec­ca­ble, rarement vue dans cette salle, on ne peut que savour­er « How Will I Know », « One Moment In Time », « The Great­est Love of All » ou « I Wan­na Dance With Some­body ». Mais ces hits ne font pas tout. Dynamique et flu­ide, la mise en scène est effi­cace. C’est rapi­de, sans temps mort et assez cap­ti­vant. Décors mobiles et effets de lumières, qua­si en fon­du enchainé, per­me­t­tent, comme au ciné­ma, de pass­er instan­ta­né­ment d’une scène à l’autre. Une per­for­mance appré­cia­ble pour suiv­re au mieux l’héroïne, de la cham­bre de son fils à son stu­dio d’enregistrement, en pas­sant par le refuge foresti­er où la ten­sion est à son comble, ou encore ses con­certs déchainés. Mal­gré forces flammes, on déplor­era cepen­dant la dif­fi­culté d’en restituer l’ambiance et la frénésie, ain­si que les effets totale­ment ratés de cer­taines séquences au ralen­ti… élé­ments d’autant plus regret­ta­bles qu’ils appor­tent des pièces majeures à l’intrigue. Nul doute qu’ils seront cor­rigés au fil du temps.
Restaient les voix, LA voix pour­rait-on dire tant le film est indis­so­cia­ble de son inter­prète phare. Totale­ment incon­nue du pub­lic, la québé­coise Valérie Dau­re (Rachel) campe une star plus humaine et apporte au rôle sim­plic­ité et fraicheur. Man­quant par­fois de souf­fle (dans son inter­pré­ta­tion comme dans sa voix), elle se fait claire­ment vol­er la vedette par Cylia, (Nic­ki Mar­ron, sa sœur sur scène). Celle qui fut en 2016, Sepho­ra la femme de Moïse dans le retour des Dix Com­man­de­ments est remar­quable vocale­ment. Elle est incon­testable­ment la révéla­tion du show, éclip­sant, sans dif­fi­cultés, l’autre rôle prin­ci­pal, mais non chan­tant, Benoît Maréchal (Frank Farmer). « I Will Run », duo des deux sœurs, offre un vrai moment d’émotion dans un spec­ta­cle fait d’amour, de sus­pense et de strass.

Fine­ment mod­ernisée, pro­pre, bien rodée, et musi­cale­ment mag­ique, Body­guard est une agréable sur­prise et une belle réus­site. D’autant plus qu’elle ne repose sur aucune tête d’affiche, mais sur son sim­ple titre, ce body­guard qui décidé­ment porte sur ses épaules une sacrée respon­s­abil­ité. Rachel est sauvée, le spec­ta­cle aus­si. Mis­sion accomplie.

Infor­ma­tions et réser­va­tions: https://www.the-bodyguard.fr/