La rentrée au Cours Florent s'avère riche en propositions tant musicales que théâtrales, création originale ou travaux musicaux de fin d'études.

Tout d'abord un texte inédit (écrit et mis en scène par Marion Voyer) qui s'intitule Tous les patrons de bar s'appellent Gérard. L'action se situe dans un bar minable où évoluent cinq personnages déjà abîmés par la vie. Le patron, prénommé Gérard, se trouve confronté non seulement à des clients peu recommandables, mais aussi à un employé qui ne l'est pas moins. Alcool, drogue et violence font plus ou moins bon ménage, tout cela sur fond de musique punk multiculturelle. Ces âmes écorchées qui se croisent et s'affrontent essayent tout simplement de se connecter à la vraie vie, dans l' espoir d'un avenir meilleur.
Les cinq comédiens font preuve d'une grande aisance dans cet univers que l'autrice (dont la maturité d'écriture impressionne) dépeint avec justesse. Ils forcent notre respect, dans ce texte qui évoque Un singe en hiver dans une version réactualisée.

Le travail musical de fin d'études (proposé par Margot Petitrenaud) est librement adapté de Sweeney Todd. L'œuvre de Stephen Sondheim nous plonge dans les bas-fonds de Londres au XIXe siècle : aux rues sombres, noyées de brouillard s'ajoute la misère de personnages au passé douteux. Sweeney Todd, barbier de profession, est installé sur Fleet Street au dessus de la boutique de Mrs Lovett, qui de son côté confectionne des tourtes assez particulières...
L'entreprise de Margot Petit Renaud se révèle fort ambitieuse. La musique de Sondheim, mi-comédie musicale, mi - opéra, exige un niveau élevé tant en chant qu'en dramaturgie. Dix interprètes la défendent au mieux, avec talent et conviction. Parmi eux, Juliette Ferrier (Mrs Lovett) semble habitée par son rôle diabolique, tandis qu'en jeune amoureux Noah Nicogossian (Anthony) livre une délicate incarnation de son personnage.
Une belle et audacieuse réalisation de plus à leur actif !

Enfin, La Petite Boutique des horreurs devient pour la circonstance... La Petite Boutique des terreurs ! C'est dans un décor bigarré résolument années 60-70 que nous retrouvons nos protagonistes imaginés par Laurane Astier et Margot Fournier. Il est d'autant plus amusant de mettre en parallèle cette version, revue et corrigée, que la production de Hecq et Lesort se redonne au même moment à Paris.
Ils sont bien tous là : Mushnik (Adrien Artaud), Audrey (délicieuse Duru Aslan), Seymour (encore une bonne incarnation de Noah Nicogossian), mais aussi quelques surprises détonantes ! Tout d'abord le méchant dentiste Scrivello est joué par Mila Vuillermoz Hayashi. Elle fait preuve d'une irrésistible drôlerie dans la peau d'un bad boy. Le clou du spectacle repose sur la plante (Audrey 2) incarnée par Lucas Guillermin alias OXY, une incroyable drag queen. Drapée de noir, en blonde aussi choucroutée que féroce, elle dévore ses victimes avec délice.
Voilà un spectacle jubilatoire, extrêmement abouti, qui une fois de plus révèle les talents de cette école : leurs professeurs tirent une fierté bien méritée de leur enseignement.
























