Comment Juliette est devenue Gréco

Nous avons assisté à la lec­ture de la pièce écrite par Annadré Vanier qui retrace le mag­nifique par­cours de Juli­ette Gré­co dis­parue en 2020 à l’âge de 93 ans. Cette artiste aura tra­ver­sé des décen­nies – de la fin de la Sec­onde Guerre mon­di­ale jusqu’à nos jours. Ambas­sadrice dans le monde entier des beaux textes de la langue française, sa voix nous trans­porte tout autant aujourd’hui.

Annadré Vanier, fer­vente admi­ra­trice de celle que l’on a nom­mée « la muse de Saint-Ger­main-des-Prés » nous livre une œuvre théâ­trale ponc­tuée de plusieurs de ses chan­sons qui l’ont immor­tal­isée. À l’aide de six comédiens.ne.s tou.te.s chanteurs.se.s, nous apprenons beau­coup de choses sur cette artiste inclass­able, au tem­péra­ment vol­canique qui, au hasard de ren­con­tres extra­or­di­naires, aura eu un des­tin pour le moins peu com­mun. Les années som­bres de guerre fer­ont place à la décou­verte du St Ger­main-des-Prés lit­téraire, celui du monde des poètes et de la pein­ture. Que d’il­lus­tres fig­ures se trou­veront sur son chemin : Sartre, Prévert, Vian, Desnos, Sagan… et d’autres qui lais­seront trace dans d’inoubliables chan­sons. Gré­co immor­talis­era les mots de Fer­ré, Brel, Aznavour – sans oubli­er naturelle­ment Gains­bourg – avec un art incomparable !

Sa vie intime (mariages et liaisons houleuses) nous est con­tée avec réal­isme, grâce au tal­ent de ces artistes qui endosseront sous nos yeux plusieurs per­son­nages. Du pro­duc­teur améri­cain Dar­ryl F. Zanuck à Michel Pic­coli, jusqu’à son dernier com­pagnon Gérard Jouannest, cette insa­tiable dévoreuse de la vie aura été le témoin d’une époque révolue. Elle ne reniera jamais cette péri­ode trép­i­dante, par moment truf­fée de dan­gers en rai­son de ses pris­es de posi­tion. Nous avons été séduits par les inter­pré­ta­tions de Mile­na Marinel­li, Rachel Pig­not, Arnaud Léonard, Gré­go­ry Jup­pin et bien sûr d’An­nadré qui campe une Juli­ette plus vraie que nature. Tous sont accom­pa­g­nés au piano par Djahiz Gil, les didas­calies étant assurées par Ade­line Bel­loc. Les belles chan­sons, de l’espiègle « Jolie môme » au som­bre « J’ar­rive ! » en pas­sant par la sen­su­al­ité de « Désha­billez-moi » demeurent autant de délices à savour­er. Nous sommes impa­tients de décou­vrir une ver­sion mise en scène de ce pro­jet, déjà telle­ment abouti, que notre autrice nous a offert avec chaleur, sim­plic­ité et sincérité.