Né en 2008 dans une banlieue de Buenos Aires, ayant triomphé dans plus de trente pays en quinze ans de tournée intensive, l’exploit physico-comique de Un Poyo Rojo a enflammé le Rond-Point de 2016 à 2021. Ballet sado-maso hilarant, bijou d’une extrême liberté, irrésistible distorsion des schémas masculins, Un Poyo Rojo se prolonge avec Dystopia. Le vestiaire des sportifs laisse place à un studio d’enregistrement. Avec capteurs, écran vert, vidéo, interactivité et autres outils multimédias des nouvelles technologies, deux présentateurs dressent le portrait d’un monde aseptisé, à la perfection ouatée. Mais les contradictions humaines, les pires travers, finissent par envahir les corps, les mouvements et la scène. Danse, théâtre corporel ou cirque savoureux, Dystopia déchaîne sa puissance de drôleries musclées, désamorce par le rire, l’effroi des visions futuristes les plus délirantes.
Notre avis : Dystopia pourrait être défini comme un spectacle à concept. Les trois créateurs, indéniablement talentueux, nous présentent un panel d’idées qu’ils explorent tant dans le fond – en abordant certains sujets tels que le changement climatique et le combat de la communauté LGBTQ – que dans la forme – en jouant avec divers moyens technologiques (projections vidéo, sampler, jeux de lumière…). Le tout donne une heure et dix minutes intéressantes et agréables à regarder. Néanmoins on ne peut pas dire que nous ayons été transportés par l’œuvre. Nous restons un peu sur notre faim. En effet, le spectacle, à notre avis, manque de sens à proprement parler. Ce n’est pas un problème en soit, mais cela le devient en raison d’un manque d’harmonie entre les idées exploitées et l’utilisation des concepts technologiques. Au bout d’un moment, une sorte d’essoufflement se fait sentir. Le spectacle tient alors grâce à la capacité d’interprétation d’une galerie de personnages loufoques par les deux comédiens – qui prouvent une nouvelle fois leur talent – mais qui n’est pas suffisante pour nous faire voyager.