Un Poyo Rojo (Critique)

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Inter­prètes : Alfon­so Barón, Luciano Rosso
Choré­gra­phie : Luciano Rosso et Nico­las Poggi
Mise en scène : Her­mès Gaido

Résumé : Deux êtres se cherchent, se jau­gent, se provo­quent, s’affrontent, se désirent, se rejet­tent, s’unissent dans les ves­ti­aires d’une salle de sport. « Un Poyo Rojo », c’est une expéri­ence sen­sorielle éton­nante : com­péti­tion sportive, com­bat de coqs, danse, théâtre, acro­batie, per­cus­sion, clown… ? Un peu tout ça à la fois ! A par­tir du mou­ve­ment, de l’action, et sans un mot pronon­cé, ils pro­posent, avec humour et une énergie intense, d’expérimenter les dif­férentes façons d’entrer en con­tact et de créer une rela­tion. Lais­sant aux spec­ta­teurs toute lat­i­tude d’interprétation…

Notre avis : Créé en Argen­tine en 2008, rapi­de­ment devenu culte là-bas, Un Poyo Rojo (« Un coq rouge » en argot argentin) a ensuite fait les beaux jours du Théâtre du Rond-Point à Paris avant de revenir aujour­d’hui au Théâtre Antoine. Tan­dis qu’à 21 h se livrent des joutes ver­bales mas­cu­lines dans le Art de Yas­mi­na Reza, à 19 h, se déploient d’autres joutes mas­cu­lines, mais sans aucun dia­logue, où le corps devient bien plus élo­quent qu’un mil­li­er de mots. Spec­ta­cle inclass­able tant il emprunte à des reg­istres dif­férents, ce « théâtre physique », comme le nom­ment par­fois ses inter­prètes, est une union improb­a­ble et néan­moins fasci­nante entre la danse (sous dif­férentes formes : con­tem­po­raine, de car­ac­tère, voire pop avec des clins d’oeil à « Sin­gle Ladies » ou « Gang­nam Style ») , le clown, le mime, la per­for­mance… et prob­a­ble­ment d’autres références qui nous auront échap­pé dans ce mael­ström sans répit. Le pitch ? Dans un ves­ti­aire, deux hommes se provo­quent et s’af­fron­tent, inver­sant sans cesse le rap­port dom­i­nant / dom­iné dans un bal­let absurde où le désir et la ten­sion éro­tique ne sont jamais très loin. Les danseurs / acteurs, pré­cis et vir­tu­os­es, explorent les lim­ites de leurs mas­culin­ité et féminité, jouent avec les codes, non sans humour ni déri­sion. Avec une « phys­i­cal­ité » tan­tôt bur­lesque, tan­tôt sen­suelle, Alfon­so Barón et Luciano Rosso font de ce com­bat de coqs un jeu de la séduc­tion cocasse et troublant.

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