Patrick Haudecœur et sa folle équipe sont à nouveau à l’affiche avec leur pièce mythique. Cure de rire et thérapie musicale garanties : c’est à Frou-Frou les Bains que ça se passe !
1910, jour d’ouverture à Frou-Frou les Bains : les curistes arrivent…mais la station thermale n’a plus d’eau ! Quiproquos, situations absurdes, employés gaffeurs, chansons sans queue ni tête et imbroglios délirants… Douze personnages hauts en couleur se côtoient dans des situations absurdes, imprévisibles et délirantes qui font le bonheur du public !
Notre avis : Reprendre un spectacle à succès, vingt ans après sa création, avec la troupe d’origine, est-ce vraiment une bonne idée ? Ne prend-on pas le risque d’y voir des comédiens se reposer sur leurs lauriers, croyant le public acquis par avance ? Ne peut-on pas craindre de les voir jouer sans conviction une pièce vieillissante ?
Bien au contraire ! Force est de constater que le plaisir de la troupe à se retrouver sur scène et à retrouver le public autour de cette farce improbable est intact. Le spectacle tient toujours la route et c’est dans une grande énergie qu’il se joue et se renouvelle pour notre plus grand bonheur !
La pièce écrite par Patrick Haudecœur est un véritable hommage à l’opérette du début du XXe siècle. Le texte ose les situations les plus incongrues et les personnages poussent la chansonnette pour un oui ou pour un non. On ne recule devant aucune audace et l’on se délecte d’effets comiques très variés. Humour de répétition, effets visuels, comique de situation, interactions avec le public ou les musiciens… savamment distillés tout au long de la soirée, ils se glissent et s’enchaînent sans heurts dans la narration.
Dans un véritable esprit de troupe, le succès est collectif. Chacun interprète avec conviction son personnage et le rythme ne faiblit jamais. On regrettera juste la diction plus qu’aléatoire d’Urbain Cancelier dont on ne comprend qu’un mot sur deux et qui nous demande un effort permanent pour reconstituer les bouts manquants. Hormis cela, les quiproquos fonctionnent à merveille et les caractères bien trempés des personnages s’opposent avec drôlerie. Isabelle Tankanil dans son rôle de baronne est particulièrement remarquable ; sa prestation frôle la perfection. Chacune des ses interventions est un délice : capable de dire des horreurs sans jamais tomber dans la vulgarité, elle garde en toute circonstance élégance et distinction. Elle en exprime plus d’un seul regard ou d’un simple geste que bien des comédiens par de longs monologues, jusque dans les saluts où elle prolonge l’intrigue avec beaucoup d’humour et sans ostentation.
La présence des musiciens sur scène est fort agréable et l’accompagnement de grande qualité. Si la justesse vocale n’est pas toujours au rendez-vous (notamment dans les ensembles) la bonne humeur qui s’en dégage fait oublier les imperfections.
Frou-Frou les Bains, qui nous annonce une cure de rire, tient ses promesses, on ressort de la salle le cœur léger, la musique en tête et le sourire aux lèvres.