Musique et paroles : Dave Stewart et Glen Ballard.
Livret et paroles : Bruce Joel Rubin.
Avec Grégory Benchenafi (Sam Wheat), Moniek Boersma (Molly Jensen), Claudia Tagbo (Oda Mae Brown), Philippe Touzel (Carl Brunner), Abdel-Rahym Madi (le fantôme du métro), Benoît Charron (Willie Lopez), Alain Dion (fantôme de l’hôpital, Ferguson), Beehan (Clara), Danièle Yondo (Louise).
Un jeune couple, Molly et Sam, s’installe dans un loft de Brooklyn pour s’y construire un radieux avenir mais tout s’effondre lorsque Sam est mortellement blessé dans une rixe. Du corps de Sam s’échappe un double fantomatique, qui ne se résout pas à quitter l’amour de sa vie, quand il comprend que sa mort n’est pas aussi accidentelle qu’elle peut paraître et qu’un danger plane sur Molly. Par l’entremise d’une cartomancienne haute en couleurs (irrésistible Whoppi Goldberg à l’écran), Sam va parvenir à entrer en contact avec Molly…
Notre avis : L’ambiance à Mogador est à l’ésotérisme : des cartes de tarot disposées dans le hall, il ne manque plus que le cabinet d’Oda Mae ! Le spectacle proposé en français pour cette saison vaut, une fois encore, par le professionnalisme des équipes de Stage Entertainment. Le spectateur en a pour son argent et ce n’est pas rien. L’adaptation est fidèle au film de 1990, ce dernier mettant en avant une histoire d’amour contrariée par la mort, qui se révèlera être un assassinat, de Sam, laissant Molly à sa douleur et à une vie bien morose. Si ce n’est que l’âme du défunt, qui reste retenu dans les limbes, un entre-deux qui ne lui permet pas de quitter ce monde, va découvrir la vérité quant à sa mort et tenter de prévenir Molly de la menace qui la guette, et du double jeu que mène leur ami Carl. Et c’est là qu’Oda Mae entre en scène. Dans l’œuvre originale, Whoopi Goldberg se taillait déjà la part du lion, grâce à ce rôle de fausse voyante dessalée et gentille escroc qui se découvre des talents de médium.
Il va sans dire que les scènes avec ce personnage, incarné avec malice par Claudia Tagbo, dynamise la représentation. Les chansons, signées par des talents reconnus dans d’autres domaines que la comédie musicale, font presque partie du parent pauvre du musical. Pour parler comme Carl le businessman, elles « font le job », mais sans plus. De quoi prouver, si besoin était, que créer des chansons pour la comédie musicale requiert des dons particuliers. La scénographie joue sur les divers décors avec des changements de cintres à vue et des projections réussies. La mise en scène est efficace, fonctionnelle et rythmée. Le couple central, interprété par Moniek Boersma, au délicieux accent, et Grégory Benchenafi, s’il n’affiche pas une passion dévorante, ne manque pas de charisme. Le Québécois Philippe Touzel, dans le rôle intéressant de l’ami dont l’ambition va précipiter l’intrigue dans le drame, est plein d’allant. Gageons que son jeu, au fil des représentations, s’affinera pour donner une profondeur plus grande à ce personnage dépassé par ses actes. Et la poterie dans tout cela (rappelons que Molly est artiste plasticienne) ? Le tour est bien utilisé par ce personnage, mais la scène mythique du film (si souvent parodiée) n’a pas la même charge érotique. Il faut dire que Molly a bien du mal à travailler la glaise qui rechigne à se laisser transformer en vase et reste dans un état, disons, embryonnaire. Mais foin de ces remarques ! Même si Ghost, le musical ne nous hantera pas, le professionnalisme de la troupe sur scène, lié au talent des techniciens (qui s’agitent en coulisse et qu’il ne faut pas oublier), permet au spectateur de passer une fort agréable soirée.