Metteuse en scène : Caroline Loeb
Chant : Julien Fanthou
Accordéon : Gérald Elliott
Lumières : Anne Coudret
Compagnie Le Banket
Résumé : Au XIXème siècle, le Goujon Folichon était une auberge des bords de Seine où le chaland venait pêcher, siester et se sustenter de fritures de goujons. Jean Lorrain en était un client assidu, ainsi que San Antonio bien des années plus tard, à une époque où les serveuses y accueillaient les clients à draps ouverts. La solide patronne en était mon arrière-grand-mère, Mémère Jeanine. L’interprète lyrique passionné par les chemins de traverse que je suis a voulu lui rendre hommage par ces chansons peuplées de marlous, filles de joie, filles perdues, créatures nocturnes, loufoques et interlopes.
Julien Fanthou
Notre avis : Cette année, l’édition 2018 du Festival de Saint-Céré fait la part belle au patrimoine musical français populaire avec des spectacles explorant des périodes marquantes du XXe siècle. Au cabaret des poilus ! (14 août, Cahors, 15 aôut, Saint-Céré) se situe dans un hopital militaire durant la Première Guerre Mondiale. Guinguette Front Populaire (5 aôut, Saint-Céré, 10 août, Miers-Alvignac) revisite les chansons des années 30. Quant à Goujon Folichon, il nous propose une plongée dans l’univers des maisons closes du début du siècle. Mis en scène par Caroline Loeb et interprété par Julien Fanthou (chant) et Ellliot Gérald (accordéon et divers instruments), ce Goujon, à mi-chemin entre le cabaret et le récital, se plonge avec truculence dans un répertoire drôle, coquin, osé, tantôt à double sens, tantôt franchement frontal, alliant des incontournables rétro (« Le Tango stupéfiant ») à des titres plus contemporains (« Champagne » d’Higelin). Fanthou, smoking masculin mais faux cils et barbe pailletée, alpague le public, lui déclare « J’ai besoin de baisers » et commence le récit de sa Mémère Jeanine qui aurait officié au Goujon Folichon, célèbre bordel de la région parisienne. Si l’on perd un peu le récit en cours de route, Fanthou ne perd pas pour autant la force dramatique de ses personnages, filles de joie et tenancières, interprétant avec conviction des chansons de femmes à la première personne sans en modifier le texte… et c’est tant mieux. On prend du bon temps à Bouffémont, on s’adresse à « ces hommes qu’on n’encule pas », on titille là où ça fait mal (si l’on peut dire) mais aussi là où ça fait du bien. Si ce cabaret peut encore gagner en narration, il ne manque certainement pas d’air, ni de chien, ni de c… !