Into the Woods

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06/10/18 20:00 Théâtre Monsigny, Boulogne sur Mer
18/10/18 14:30 et 19/10/18 20:00 Château d'Hardelot, Condette
16/11/18 20:30 et 17/11/18 20:30 Opéra de Reims, Reims
19/01/19 20:00 et 20/01/19 16:00 Opéra de Massy, Massy
19/03/19 20:00, 20/03/19 20:00, 21/03/19 20:00, 22/03/19 20:00 et 23/03/19 19:30 Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon

Promenons-nous dans les bois… et plon­geons-nous à nou­veau dans l’univers fasci­nant de Stephen Sond­heim, dieu vivant du théâtre musi­cal, dont la Clef des Chants a pro­duit récem­ment l’horrifique thriller musi­cal Sweeney Todd. Créé à Broad­way en 1987, Into the woods mêle l’intrigue de qua­tre con­tes de l’enfance (Cen­drillon, Le Petit Chap­er­on rouge, Jack et le hari­cot mag­ique et Raiponce) au des­tin d’un cou­ple vic­time du mau­vais sort d’une sor­cière et dont le désir de fonder une famille va boule­vers­er le cours des événe­ments. Dans la forêt, lieu com­mun à toutes ces his­toires, sym­bole du monde obscur de notre incon­scient pour le psy­ch­an­a­lyste Bruno Bet­tel­heim, les per­son­nages se per­dent, se retrou­vent, s’échappent pour mieux y retourn­er et ten­ter d’apprendre à vivre ensem­ble mal­gré leurs différences.

Notre avis : Depuis quelques années, le met­teur en scène Olivi­er Bénézech s’at­tache à pro­mou­voir en région le réper­toire de Stephen Sond­heim. En 2013, Fol­lies était mon­té à l’Opéra de Toulon, puis en 2014, ce fut Sweeney Todd pour la Clef des Chants. C’est cette entité des Hauts de France qui pro­duit aujour­d’hui Into the Woods, créé dans le Nord (Boulogne-sur-Mer puis Con­dette) avant de tourn­er à Reims, Massy puis Lyon.
Ce musi­cal de Sond­heim et Lap­ine, créé en 1987, mon­té en France pour la pre­mière fois au Châtelet en 2014, porté à l’écran pro­duit par Dis­ney et réal­isé par Rob Mar­shall en 2015, revis­ite l’u­nivers des con­tes de fées en faisant se ren­con­tr­er dif­férents per­son­nages emblé­ma­tiques, ayant cha­cun un désir bien spé­ci­fique. Dans cette œuvre, influ­encée par l’an­gle psy­ch­an­a­ly­tique de Bruno Bet­tel­heim (auteur du célèbre Psy­ch­analyse des con­tes de fées), les inten­tions des pro­tag­o­nistes sont plus tranchées, plus com­plex­es et les héros sont loin d’être irréprochables.
Comme pour cer­taines de ses précé­dentes pro­duc­tions (Sweeney Todd et plus récem­ment Won­der­ful Town de Bern­stein), la mise en scène bous­cule un peu l’œuvre orig­i­nale, notam­ment sur un plan visuel, en mod­ernisant cos­tumes (de Frédéric Olivi­er) et scéno­gra­phie (Bénézech et Gré­go­ry Leteneur). Les bois ont des lueurs de néons, les jeunes héroïnes sont plus provo­cantes que chez Dis­ney et les méchantes sœurs sem­blent plutôt se pré­par­er à un con­cours de drag queens qu’à un bal de la cour. La trans­po­si­tion fonc­tionne — les névros­es de ces per­son­nages sont somme toute intem­porelles — et donne un petit coup de fou­et aux incar­na­tions plus atten­dues sem­blant sor­ties d’une gravure de Gus­tave Doré.
La dis­tri­b­u­tion, quant à elle, rassem­ble bon nom­bre d’habitués des spec­ta­cles de Bénézech avec deux nou­veaux venus (Bastien Jacque­mart et Char­lotte Ruby). La plu­part des comé­di­ens incar­ne plusieurs rôles, la palme revenant néan­moins à Scott Emer­son qui inter­prète avec jubi­la­tion cinq per­son­nages dif­férentes, mas­culins et féminins. La troupe porte avec bon­heur la par­ti­tion de Sond­heim sous la direc­tion musi­cale de Samuel Sené, révélant la riche diver­sité musi­cale de cette œuvre. A not­er que cer­tains dia­logues ont été traduits en français (mais pas tous !).
Cette pro­duc­tion est une occa­sion de redé­cou­vrir l’œuvre de Sond­heim et Lap­ine sous un angle un peu dif­férent. Le spec­ta­cle jouera quelques dates dans des villes proches de Paris (Reims, Massy) puis à Lyon.