Ne nous perdons pas en conjectures : cette exploration du répertoire allemand, reflet d’une époque où une insouciance allait vite être balayée par les horreurs du nazisme et de la Seconde Guerre mondiale, se savoure avec délice. Que ce soit la voix épatante de Marie Lenormand ou chaque instrumentiste du sextuor qui permet à l’auditeur de retrouver un peu de ce sel qui fit de cette période un eldorado musical swinguant, élégant et libre, tout est là pour plonger le public dans un état de jubilation. Contextualisé avec soin, mais sans pesanteur, le choix de chaque air s’avère une excellente idée qui permet d’apprécier, en outre, le soin porté à chaque arrangement, brillant. Le tout renforcé par une interprétation toute en malice. L’écrin du Bal Blomet semble idéal pour cet opus qui, espérons-le, sera suivi de beaucoup d’autres. Le fantôme de Christopher Isherwood devait sans doute se régaler en coulisse.
