Une comédie musicale de Didier Bailly & Eric Chantelauze.
D’après l’oeuvre de Gaston Leroux.
Mise en scène : Eric Chantelauze.
Chorégraphies : Cécile Bon.
Décor : Erwann Creff.
Costumes : Julia Allègre.
Lumières : Laurent Béal.
Avec : Charlotte Ruby, Didier Bailly, Alexandre Jérôme & Edouard Thiebaut.
Paris 1923. Tandis qu’au cœur de l’île Saint-Louis, des femmes disparaissent, le repoussant Bénédict parviendra-t-il à se faire aimer de la belle Christine ?
Notre avis : Un rideau rouge sang s’ouvre, dans cette salle mythique, sur la scène riquiqui et c’est parti pour une heure trente d’une comédie musicale épatante. Miracle, dès les premières minutes du spectacle l’exiguïté du lieu n’a plus prise : les talents conjugués de toute la troupe propulsant le spectateur, ravi, dans un univers où le macabre, l’humour, le romantisme se mêlent, avec une propension à stimuler l’imaginaire de chacun.
Soit cette histoire, sise sur l’île St Louis en 1923, de Christine, la jolie fille de l’horloger, promise à Jacques, brillant biologiste et convoitée en secret par le difforme et inquiétant Bénédict Masson, voisin relieur tenant la boutique d’en face et dont les vendeuses disparaissent les unes après les autres…
Trois comédiens/chanteurs/danseurs sur scène, qu’il faut saluer à hauteur de leur talent, endossent une multitude de rôles. Car cette histoire où les rebondissements sont légions, contient en son sein nombre de personnages. Edouard Thiebaut fascine dans ses compositions contrastées, arrivant sans problème à provoquer des moments de pure émotion, Alexandre Jérôme campe Jacques, une marquise, un marquis avec là encore tout un panel de jeu formidable et Charlotte Ruby incarne sans difficulté la belle Christine, mais aussi d’autres femmes, plus ou moins recommandables. Quant à Didier Bailly, le compositeur d’une partition riche faisant revivre les années Folles avec délice, il accompagne ce petit monde au piano et ouvre le spectacle.
Car l’auteur et metteur en scène Eric Chantelauze s’amuse des codes théâtraux : adresse au public, jeu pur, mise en abîme… Tous les artifices sont utilisés avec une économie de moyen technique contrastant avec les trésors d’imagination déployés. Quelques clins d’œil, dont les plus apparents concernent Barbara ou les Demoiselles de Rochefort, qui permettent de constater que le public connaît ses classiques, un rythme soutenu présent dans l’écriture et rendu palpable dans la mise en scène.
Et comme toujours chez Gaston Leroux tout ce qui paraît magique, surnaturel s’explique parfaitement par un raisonnement d’une logique implacable. Quel bonheur d’être ainsi baladé (car bien malin celui qui devine tout depuis le début de cette intrigue à tiroir). Avec en prime un sens du romantique très développé, un amour impossible, un enlèvement, des masques qui tombent. Christine est également un personnage central du Fantôme de l’Opéra, mais que cela soit dit : ce spectacle n’est en rien un amuse bouche à la super production bientôt à l’affiche. Cette Poupée sanglante s’assume comme une œuvre de création magnifique, enthousiasmante et qui doit être vue par tout amateur de (très bon) théâtre musical.
Suite au succès, les représentations courent jusqu’au 3 septembre. Une reprise serait pour le moins souhaitable. En attendant, cette poupée vous attend pour vous faire rire et frissonner de plaisir.