De quoi s’agit-il exactement ?
Les notes d’intention de l’auteur Adrien Biry-Vicente et de son metteur en scène Nicolas Guilleminot sont claires.
L’Arche de Noé (bis) ne prétend à rien d’autre que de formuler des questions, avec le recul nécessaire qui permettrait de dépassionner le débat. Le rapport femme/homme ou homme/femme dans notre société se révèle sujet à passions, bouleversements, vengeances, incompréhensions – voire à des violences.
Les créateurs proposent, à travers le dialogue entre Mona et Pierre, d’élever le débat de façon humaniste – tout en maniant l’humour avec adresse. Nos deux personnages, incapables de se comprendre et de s’aimer, ne pourront-ils trouver un espace où les relations deviendraient finalement possibles ? Le regard attentif du spectateur, témoin des tempêtes traversées par l’arche, attestera que l’humanité émerge également de nos complexités et de nos différences. L’intervention du troisième personnage de la pièce (tour à tour pélican, fourmi, forêt ou caillou) les accompagnera avec ironie, tendresse, et en musique dans leur étrange parcours.
Notre avis : Cette lecture nous laisse imaginer ce que pourrait donner un développement scénique avec décors et costumes. Adrien Biry-Vicente nous fait pénétrer, une fois de plus, dans son monde imaginaire et plein de cette poésie qu’il aime tant. Il nous avait déjà charmés la saison passée avec Hepta, le grand voyage du Petit Homme, un voyage initiatique demeuré inoubliable (déjà mis en scène par Nicolas Guilleminot).
Ce n’est pas par hasard si Vanessa Cailhol a été attirée par le rôle de Mona. Elle affectionne aussi les personnages doux-amers, tendres et quelque peu tourmentés – comme elle nous en a donné la démonstration dans le très remarqué Courgette, spectacle qui lui a valu d’être récompensée comme meilleure comédienne aux derniers Molières, et aux Trophées de la comédie musicale comme meilleure interprète féminine. Face à elle, Pierre Khorsand, solide comédien, nous apparaît tout à la fois fort et fragile, mettant en valeur avec précision la complexité et les nuances de son personnage. Adrien, témoin discret de cette joute, les observe et les protège avec bienveillance – tout en jouant de divers instruments, en chantant et en assurant le lien dans la narration. Cet auteur exigeant ne cède jamais à la facilité, demandant toujours au spectateur une attention particulière – au risque peut-être de l’égarer en cours de route. Nous attendons avec impatience la création scénique de cet ambitieux (mais non moins délicieux) spectacle, dont nous avons eu un avant-goût alléchant.