Les Coquettes (Critique)

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Notre avis (écrit lors du pas­sage à l’Olympia en 2017) :

Elles se l’étaient promis en 2014, au début de leur aven­ture. C’était même presque devenu un gag. Et pour­tant… elles l’ont fait. Ven­dre­di 2 juin, Lola Cès, Marie Facun­do et Juli­ette Fau­con ont rem­pli leur pre­mier Olympia, dans une ambiance sur­voltée. En point d’orgue d’une année tri­om­phale, les Coquettes les plus célèbres du théâtre musi­cal ont ain­si tenu leur promesse, pour le plus grand plaisir d’une salle pleine à cra­quer qu’elles ont régalé de leurs sketchs, de leurs chan­sons dev­enues des clas­siques et de leur répliques déli­rantes. Trois ans à peine après la nais­sance de ce groupe de filles « glam­our et couil­lues », la salle mythique du boule­vard des Capucines s’est lev­ée comme un seul homme pour les ova­tion­ner à l’issue d’un spec­ta­cle par­ti­c­ulière­ment soigné, best-of de leurs succès.

Après un numéro d’entrée « coup de poing », dans un bal­let de pro­jecteurs et entourées d’une dizaine de danseuses, les Coquettes ont offert, pen­dant une heure et demie, le meilleur de leurs répliques improb­a­bles et de leurs chan­sons swing. Tou­jours aus­si espiè­gles et coquines, tout y est de nou­veau passé : Leur physique, leurs fan­tasmes, leurs envies, leur fémin­isme… autant de thèmes déclinés en textes et en chan­sons et qui ont fait leur répu­ta­tion. L’épilation, l’haleine mati­nale, les « trucs de filles »… dans un mélange girly de rose-bon­bon et de clichés assumés, « la blonde, for­cé­ment un peu cruche, la petite brune hargneuse et la ron­delette bonne copine » maitrisent défini­tive­ment leur trio à la per­fec­tion. Chaque échange ver­bal déclenche les rires, chaque cou­plet voit les spec­ta­teurs se cram­pon­ner à leur fau­teuil. De « Mon mis­sion­naire » à « Tout pour mes Louboutin » en pas­sant par l’incontournable « Petite fes­sée du dimanche soir », leurs tubes, oscil­lant entre pop et jazz, ont gag­né en ampleur grâce à la présence de qua­tre musi­ciens. Choré­gra­phies, jeux de lumière, bat­terie, basse et claviers, le réc­i­tal des débuts est même devenu un véri­ta­ble con­cert. Leur « chat­te » y trou­ve toute sa place, leurs « lolos » aus­si. Quant aux dragueurs lour­dingues, ils n’ont qu’à bien se tenir. Car les trois jeunes chanteuses ont un car­ac­tère bien trem­pé et une plume tou­jours aus­si cha­touilleuse… Elles l’ont prou­vé lors de cette soirée excep­tion­nelle, osant bris­er tous les tabous et aller encore plus loin.  Dans l’autodérision, la car­i­ca­ture, (la réu­nion des bitcheuses anonymes), ou leur humour que cer­tains qual­i­fieront de noir, tel cet hom­mage aux dji­hadistes ou aux proc­to­logues, qu’il faut évidem­ment pren­dre au 2ème degré, et dont elles seules ont le secret.

Bêtes de scènes, les Coquettes maitrisent leur réc­i­tal de bout en bout. Les blagues sont ciselées, les moues étudiées, la gestuelle au cordeau. Musi­cale­ment, les airs sont entrainants, les voix accordées. Un mélange improb­a­ble des Andrews Sis­ters et des Spice girls, le glam­our en plus. Mais leur spec­ta­cle n’est pas qu’une suc­ces­sion de blagues potach­es. A leurs paroles culot­tées s’ajoutent des instants plus légers, et des titres poé­tiques présen­tés avec une con­stante élé­gance et une par­faite har­monie vocale, tel le lan­goureux « chant des sirènes » ou l’émouvante bal­lade « Quand on sera vieille ». L’on ne peut enfin pass­er sous silence, cet « All by myself » rem­porté haut la main par Lola Cès ou le déli­cieux Zig­gy ver­sion Edith Piaf ressus­citée par Marie Facundo.

Sous une pluie de con­fet­tis et de pail­lettes, ce show, réglé au mil­limètre, s’est achevé par leur nou­veau titre rock et punchy « A la Coquette du monde ». Avant des saluts où elles ont lit­térale­ment fon­du en larmes. Sans doute ont-elles repen­sé à leurs débuts, il y a quelques années. Elles décidaient d’unir leur voix, leur humour et leur audace dans un génial trio. A leurs côtés depuis le pre­mier soir – une petite salle au pied de Mont­martre – Regard en Coulisse les avait ren­con­trées alors qu’elles fai­saient salle comble au Point Vir­gule. Elles n’avaient qu’un rêve en tête: faire l’Olympia. Ce soir de juin, ce sont bien leur trois noms qui s’affichaient en let­tres rouges sur la devan­ture de la salle mythique.
A la Coquette du monde ? Chiche !

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