03/03 Issy les Moulineaux au Palais des Congrès à 20h
10/03 Colombes à l’Avant Seine à 20h30
17/03 Perpignan à l’Archipel à 20h30
12/05 Yerres au Centre Culturel à 20h30
13/05 Longjumeau au Théâtre à 20h
De Kurt Weill & Bertolt Brecht
Mise en scène : Olivier Desbordes
Mise en scène, Mackeath : Eric Perez
Direction musicale, 4 ème brigand : Manuel Peskine
Monsieur Peachum : Patrick Zimmermann
Madame Peachum : Nicole Croisille
Polly : Anandha Seethanen
Jenny : Flore Boixel
Lucy : Sarah Lazerges
1er brigand : Alexandre Charlet
Brown : Marc Schapira
2ème brigand / Filch : Clément Chébli
3ème brigand : Yassine Benameur
5ème brigand : Antoine Baillet-Devallez
6ème brigand : Josselin Michalon
1ère prositituée : Nathalie Schaaf
2ème prostituée : Fanny Aguado
3ème prostituée : Anne-Sophie DOMERGUE
Décor : Patrice Gouron
Costumes : Jean-Michel Angays
Construction décor : Guillaume Hébrard
Graffitis sur toile : Paolo Calia
Production : Scène Conventionnée pour le Théâtre et Théâtre Musical — Figeac / Saint-Céré
Coproduction : Centre Lyrique Clermont-Auvergne
Résumé : Avec l’Opéra de Quat ‘sous, Brecht et Weill brouillent les cartes de l’opéra traditionnel, ils mélangent sans complexe des références à Bach, au Jazz, au choral luthérien. Ils se situent en fait dans ce vaste champ de réflexion sur la place de l’Opéra dans la société, réflexion entamée par tous les contemporains de la République de Weimar.
L’art explose ses frontières, que ce soit par l’architecture, par le cinéma ou la peinture, dans un milieu industriel florissant.
C’est dans ce contexte que naît cette proposition désordonnée de mise en abyme de l’Opéra « bourgeois ». Mais une mise en abyme à l’image de la société des années 30, où de grandes utopies se mettent en place, où la crise sépare encore plus les pauvres des dirigeants, où un monde souterrain et interlope tente de survivre.
C’est dans le cabaret-cirque de Jenny des Lupanars, dans ce bouge proche de l’Ange bleu que se préparent les provocations envers les bourgeois, les repus, les riches. C’est ainsi que trahisons, mensonges, coups bas et couteaux dans le dos, ouvrent le bal.
Il n’y a pourtant pas de sang dans le spectacle, pas de chagrin, pas de morts : tout est faux, les billets, les baisers, les larmes et les moignons des mendiants.
On est au cirque !
Mr Peachum fait tourner les clowns autour de la piste au son des grincements des dents ! Il lancera ainsi vers la surface du monde une meute de clowns, de vieux cabotins, de saltimbanques, d’artistes.
Chaque numéro est bien rodé ; les pirouettes sont impressionnantes, les tours de passe passe réussis, l’illusion est parfaite. Le tigre lui-même est si bien dressé qu’il entre seul dans sa cage et se met à pleurer …
Alors, on rit, on applaudit, on en redemande ! Tout le monde sait pourtant que sous les maquillages, les faux crânes, les perruques des clowns, il y a la tristesse, l’amertume, le dérisoire et l’absurde.
On reste jusqu’au bout, afin de voir tomber le funambule et se réjouir ce n’être que les spectateurs du cirque grotesque de notre vie !
Éric Perez et Olivier Desbordes
Notre avis (Critique parue lors des représentations d’août 2016) : Créée en 1928, L’Opéra de Quat’Sous, pièce en musique de Brecht et Weill, est un classique des scènes musicales et revient régulièrement à l’affiche (plusieurs productions sont d’ailleurs prévues cette saison). Sa chanson d’ouverture « Mack The Knife » est depuis longtemps devenue un standard du jazz, immortalisée entre autres par Ella Fitzgerald, Louis Armstrong ou encore Frank Sinatra. L’intrigue se déroule dans les bas-fonds de Londres (Soho, désormais un des quartiers les plus chers de la capitale anglaise…) et raconte les guerres d’influence qui se jouent dans le milieu des petits truands, et notamment entre Mr et Mrs Peachum et Mackie le Surineur.
Après avoir mis en scène Cabaret de Kander et Ebb (qui se réclamaient largement dans cette œuvre de l’héritage de Weill), Olivier Desbordes et Eric Perez s’attaquent à L’Opéra de Quat’Sous et leur parti pris visuel séduit d’emblée : entre cirque louche et cabaret miteux, avec ses bâches tendues, ses guirlandes de guinguette et ses jeux d’ombres chinoises, l’atmosphère interlope est posée. Le décor de Patrice Gouron distille une poésie amère et vénéneuse et les costumes de Jean-Michel Angays y ajoutent une touche à la fois sexy et bohème, évoquant pêle-mêle les petits voyous de Dickens et les Beatles période Sergeant Pepper, et l’on oscille dans un univers fantasmé, entre Londres et Berlin. Enfin, dès que la musique démarre (sous la direction de Manuel Peskine), l’orgue de Barbarie (puis, plus tard dans le spectacle, l’accordéon ou la guitare) donne d’emblée cette couleur populaire : on nous parle ici des petites gens.
Cet Opéra de Quat’Sous est mené par une troupe à bloc, et notamment un quatuor principal particulièrement efficace. Eric Perez (co-metteur en scène et interprète du rôle de Mackie) incarne un bad guy séduisant et dangereux. Anandha Seethanen (Le Roi Lion, Swingin’ Life, Black Legends…) nous surprend dans un registre qu’on ne lui connaissait pas, passant avec aisance de la goualante gouailleuse à des airs plus lyriques. Enfin, Patrick Zimmermann et Nicole Croisille (qui formaient déjà un couple dans Cabaret en jouant Schultz / Schneider) composent une redoutable paire de truands, rappelant à la fois les Thénardier par leur verve comique et Sweeney Todd et Mrs Lovett par leur perversité.
Si une belle énergie traverse le spectacle et cueille le spectateur dès l’ouverture, le spectacle s’étire un peu sur son dernier tiers. Cependant, la viscéralité qui se dégage du jeu, la qualité des voix et la composition des tableaux font de cet Opéra une belle proposition.