Marry Me A Little (Critique)

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Avec Kimy Mc Laren, Elle — Dami­an Thantrey, Lui — Char­lotte Gau­thi­er, piano

Lyrics et musique : Stephen Sondheim
Con­cep­tion et développe­ment : Craig Lucas et Nor­man René
Mise en scène : Mirabelle Ordinaire
Décors : Philip­pine Ordinaire
Lumières : Nathalie Perrier
Choré­gra­phie : Emma Kate Nelson

Après A Lit­tle Night Music, Sweeney Todd, Sun­day in the Park with George, Into the Woods et Pas­sion, Jean-Luc Choplin pour­suit l’exploration du réper­toire de Stephen Sond­heim et présente au Stu­dio Marigny Mar­ry me a Lit­tle à par­tir du 30 jan­vi­er 2019.

Un same­di soir à New York, deux jeunes céli­bataires, dans la banal­ité de leurs activ­ités quo­ti­di­ennes, se lamentent sur leur soli­tude. Ils habitent le même immeu­ble et chantent leur désir d’amour cha­cun dans leur apparte­ment. Il suf­fi­rait qu’ils se ren­con­trent… mais dans la vie il n’y a pas que des hap­py ends et par­fois rien ne se passe, sauf la magie du spec­ta­cle conçu par le maître con­tem­po­rain du musi­cal, Stephen Sond­heim. Com­posé de chan­sons écrites (et non retenues) pour dif­férents musi­cals, Mar­ry Me a Lit­tle est un patch­work des tal­ents de Sond­heim pour deux chanteurs et piano.

L’occasion de retrou­ver Kimy Mc Laren (Pas­sion, Into the Woods, Carousel au Théâtre du Châtelet) et Dami­an Thantrey (Pas­sion, Into The Woods, Sun­day in The Park with George, A Lit­tle Night Music au Théâtre du Châtelet) dans une mise en scène de Mirabelle Ordi­naire et une scéno­gra­phie de Philip­pine Ordinaire.

Notre avis : Présen­té comme une revue créée off-off Broad­way le 29 octo­bre 1980 par Craig Lucas avant d’être trans­féré off Broad­way à l’Ac­tor’s Play­house. Basé sur 17 chan­sons inédites que Stephen Sond­heim avait écrites pour divers shows, Craig Lucas, mem­bre du choeur de Sweeney Todd, les a inté­grées à un réc­it impres­sion­niste autour de la soli­tude, aidé en cela par le met­teur en scène orig­inel : Nor­man René. Tout se passe à New York, Elle et Lui habitent cha­cun un apparte­ment et ne se crois­eront jamais, sauf en fan­tasme. Une pianiste habite l’appartement con­tigu, d’ailleurs elle per­turbe, par ses gammes, la fausse quié­tude de son voisin. Durant un same­di soir d’en­nui mor­tel, ils vont cha­cun rêver au cou­ple, à un avenir plus ou moins radieux.

C’est un réel bon­heur que de retrou­ver ce com­pos­i­teur, même dans une oeu­vre éloignée du faste de ses pres­tigieuses pro­duc­tions. Le spec­ta­cle pour­rait paraître mineur, il ne l’est point. En effet le duo de chanteurs, bien con­nu des spec­ta­teurs du Châtelet, excelle dans cette par­ti­tion, soutenus en cela par Char­lotte Gau­thi­er au piano, épatante. L’aspect ténu de l’in­trigue exige une sub­til­ité dans le jeu, le chant. Ici cha­cun est au dia­pa­son. Si l’action se déroule tou­jours à New York (une bande son plonge le spec­ta­teur dans une ambiance urbaine dès qu’il pénètre dans la salle), la mise en scène sub­tile de Mirabelle Ordi­naire accentue, par l’utilisation des usten­siles con­tem­po­rains comme le télé­phone portable, l’ordinateur, le sen­ti­ment d’intense soli­tude qui peut con­duire jusqu’à l’irréparable. L’une emmé­nage, l’autre tourne comme un lion en cage, les plombs saut­ent, la son­nette reten­tit pour les livraisons de nour­ri­t­ure… Mais pas d’amour en vue. Certes, le pro­pos n’est guère opti­miste, une cer­taine noirceur se dégage de l’ensemble. Les mélodies sophis­tiquées de Sond­heim, les paroles acerbes con­courent à créer ce sen­ti­ment. Pour l’amateur de l’auteur com­pos­i­teur, il est pos­si­ble aus­si de retrou­ver les shows desquels les titres ont été extraits. Les mélodies de cer­tains ont été util­isés, par­fois dans des films (dans Stavisky, d’Alain Resnais peut-on enten­dre la mélodie de « Who could be blue »). Spec­ta­cle court, pro­fond et con­va­in­cant, nous ne pou­vons que vous encour­ager à le décou­vrir. Atten­tion, il ne se joue que pour quelques dates, ne loupez pas ce ren­dez-vous « sondheimien ».

Pour plus d’in­for­ma­tions, cliquez sur le site du théâtre Marigny.