Morgane Cabot et Magali Goblet, pouvez-vous nous parler de vos parcours ?
Magali : J’ai commencé en tant que chanteuse de music hall quand j’avais seize ans, puis meneuse de revue dans le même music hall à Dijon. J’ai continué en écrivant des spectacles pour eux dans lesquels je jouais, je me suis formée à la danse là-bas. Parallèlement, j’ai fait le Cours Florent et puis j’ai fait un peu de doublage pour le cinéma et des séries. Sinon, j’ai co-écrit la comédie musicale Anastasia, qui verra peut-être le jour un jour !
Morgane Cabot : Je suis à la base comédienne d’image, j’ai commencé à l’âge de quinze ans en premier rôle dans un long-métrage, Trois petites filles de Jean-Loup Hubert et j’ai continué dans cette voie. Parallèlement, il y a quelques années j’ai monté un groupe de musique qui s’appelle SoPop, où je suis auteur-compositeur-interprète.
Magali, les deux personnages que vous interprétez (Corinne et Angelina) semblent être aux antipodes l’une de l’autre. Pouvez-vous nous en parler ?
Magali : Corinne est une étudiante en économie qui est marxiste et féministe, elle est fille d’ouvrier et elle est restée un peu bloquée en mai 68. Pendant le spectacle, elle chante le chant du Komintern. Elle est amoureuse de Paul, qui veut partir à Woodstock avec sa bande d’amis. Mais Corinne décide de rester à Paris parce qu’elle trouve futile de partir. On ne revoit pas Corinne de tout le spectacle. Puis il y a Angelina, une américaine, le fantasme de la “hippie attitude” comme pouvaient se l’imaginer les jeunes Français qui arrivaient aux États-Unis. Elle est très lunaire, elle est toujours sous LSD !
Laquelle préférez-vous interpréter ?
Magali : J’aime bien Angelina, je prends plus mon pied sur du Janis Joplin que sur le chant du Komintern ! Il y a quand même une petite partition à jouer pour Corinne, où il faut aller chercher des choses internes. Je m’amuse dans Angelina parce qu’il y a un accent à trouver, une façon de parler, une énergie différente aussi. Mais j’aime bien les deux, dans le sens où c’est vraiment deux couleurs différentes.
Morgane, contrairement à Angelina, votre personnage (Florence) n’est pas “libéré”. Pouvez-vous nous parler de Florence ?
Morgane : Florence a eu une éducation “bien pensée”, dans la bourgeoisie de l’époque. Mais elle reste quand même une étudiante de 20 ans de l’époque, qui a vécu 68 aussi et qui fait la fête avec ses copains. Elle est amoureuse de Paul, elle a très envie de croire tout ce qu’il dit, et elle a envie de penser que la nouvelle révolution peut passer par la musique. Woodstock fait complètement partie de ce mouvement hippie en lequel elle croit. Donc elle y va vraiment pour s’amuser avec ses potes, pour se rapprocher de Paul, et pour voir ce que cette révolution par la musique peut donner.
Quels traits vous rapprochent de Florence ?
Morgane : Elle a 20 ans, elle est amoureuse, elle est un peu paumée. Là où je me rapproche vraiment d’elle c’est que c’est quelqu’un de très entier. Si elle est contente, elle est folle de joie, si elle est triste, elle a envie de mourir. Il n’y a pas de demi-mesure !
Est-il facile de vous plonger dans l’état d’esprit si particulier de cette époque que vous n’avez pas vécue ? Que représentait pour vous cette époque avant d’être sur ce projet ?
Magali : J’étais assez fan de la musique de l’époque. Ce qui m’a parlé, c’est que je trouve qu’on est dans une époque où on devrait avoir le droit de penser comme on veut, de s’habiller comme on veut, sauf qu’on se rend compte que ce n’est pas le cas. Ne serait-ce que par rapport à l’affiche du spectacle, il y a des gens dans le métro qui l’ont carrément arrachée !
Morgane : Beaucoup de gens ont dit que c’était une affiche sexiste, que ça donnait une image des femmes déplorable. Alors que c’est un dessin, ce n’est pas une vraie femme.
Magali : Ce que ça m’inspire de nostalgique par rapport à cette époque-là, c’est qu’on a l’impression qu’il y avait un peu plus de liberté, et pourtant c’était une époque où il y avait encore plein de carcans. Mais on avait envie de tendre vers une liberté des corps, une liberté de penser, un corps nu était un corps nu, ça ne choquait pas, en tout cas pas dans ce milieu-là. Sur ce festival, il y avait une osmose, une paix, un message de liberté, d’amour. Je me suis dit que ça allait faire du bien tous les soirs de prôner l’amour, la paix et la vraie liberté.
Morgane : Et puis la musique de l’époque était super. Il y avait ce truc de musique politique, engagée.
Magali : Oui, on ressent dans les textes de l’époque qu’écrire était un besoin. J’ai l’impression que les mecs de l’époque ne se posaient pas la question de la musique commerciale. Sur scène, ça nous nourrit. C’est des musiques intemporelles, comme un bon texte qui traverse les époques.
Si vous deviez choisir une seule chanson du spectacle ?
Magali : J’adore chanter celle qu’on fait en rappel, « With A Little Help From My Friends », des Beatles à l’origine et de Joe Cocker. Elle reflète vraiment Woodstock. Et j’aime bien celle des Who, « We’re Not Gonna Take It ». On est tous ensemble, c’est la fin du spectacle, on donne tout ce qu’il nous reste, et il y a un moment collégial que j’aime bien.
Morgane : Moi c’est « Rivers of Babylon ». Pas de Boney M, mais de The Melodians ! Et « Aquarius » parce qu’on est tous ensemble et c’est vraiment kiffant !
Vos parcours mêlent chant, cinéma, télévision… quels sont vos projets après Woodstock ? Souhaitez-vous continuer à évoluer dans le théâtre musical ?
Magali : Ca dépendra des opportunités qui se présentent. J’ai toujours envie de faire de l’image, j’aimerais bien faire du cinéma. J’écris des scénarios, dont le projet d’Anastasia dont j’ai co-écrit le livret et composé les musiques. On aurait dû le jouer cette année aux Folies Bergère, on avait fait les castings mais le producteur s’est retiré du projet. Donc là on est en recherche d’une production. Il y a aussi mon album solo que je travaille depuis deux ans.
Morgane : J’ai mon groupe, SoPop, avec lequel j’aimerais reprendre les concerts, sortir un deuxième album. Sinon, revenir à l’image, parce que ça fait presque un an que je suis au théâtre. L’expérience est géniale mais j’aime bien changer, comme ça je ne me lasse jamais de rien.
Welcome to Woodstock, au Comedia jusqu’au 7 janvier 2018.