Notre avis : L’histoire de Pinocchio est bien connue… ce fameux pantin qui prend vie, réalisant ainsi le rêve le plus cher de son créateur : avoir un fils. Cependant, pour devenir un vrai petit garçon, il doit parcourir un chemin semé de tentations et de pièges, son caractère espiègle et menteur étant son obstacle principal. Ce conte initiatique a servi pendant des générations à l’apprentissage de la bonne conduite des enfants, car il est facile pour eux, non seulement de s’identifier à la marionnette, mais aussi de prendre le recul nécessaire pour se rendre compte de ses bêtises et de son mauvais comportement.
Pourtant, il serait difficile de représenter aujourd’hui le roman de Carlo Collodi tel qu’il a été écrit en 1881, car, bien que les valeurs prônées soient intemporelles (respect, vérité…), il est plutôt mal vu, de nos jours, d’avoir des ambitions moralisatrices. De ce point de vue, c’est un pari réussi pour cette production, qui désacralise l’autorité morale en la transformant en effet comique. On s’amuse des règles absurdes édictées par le Grillon ou de la personnalité égocentrique de la Fée bleue.
L’univers naïf et acidulé du conte est très bien retranscrit dans la scénographie de Guillaume Bouchède. Grâce aux décors modulables, les nombreux changements, dynamiques, réalisés par les comédiens donnent un réel rythme à l’ensemble. Les différents tableaux sont poétiques mais assez réalistes pour ne pas perdre le jeune public (mention spéciale pour l’ingéniosité de la scène où la baleine avale Pinocchio et le Grillon). Il en va de même pour les costumes qui sont facilement reconnaissables et pourtant originaux, notamment grâce aux masques de Julie Coffinières (surtout pour le Renard et le Chat).
Parmi ces aspects réussis, on regrette l’absence de musiciens jouant en direct, remplacés par une bande-son, d’ailleurs parfois trop forte au point qu’on ne sait plus si le son des claquettes est déjà enregistré ou s’il provient de la scène. Au point de vue de la narration, l’intrigue se dénoue très rapidement, et il est difficile de développer de la sympathie pour le personnage de Pinocchio, qui, la grande majorité du spectacle, est plutôt agaçant.
C’est avant tout l’énergie des artistes sur scène dont on se souviendra. Pourtant très polyvalents (jeu, danse, chant, cirque, claquettes et même roller), on les sent s’écarter parfois un peu de leur zone de confort. Mais leurs personnages sont toujours bien campés, tous très marqués et incarnés.
Un beau spectacle pour le jeune public, foisonnant, riche et pétillant, qui nous entraîne dans un monde merveilleux sous un chapiteau de cirque jusqu’au ventre d’une baleine, et où l’on rit beaucoup. Et oui, même les adultes ont le droit à quelques blagues à attraper au vol ! Enfin, après la représentation, les comédiens sont disponibles pour une séance photo avec le public, l’occasion de repartir avec un beau souvenir et de se targuer d’avoir pu rencontrer Pinocchio.
Renseignements et réservations sur le site du théâtre de Paris.
Le spectacle sera repris au théâtre des Variétés à partir du 8 février 2020.