Livret de : Jean-François Fontanel, Elise Roche et Guillaume Cramoisan (Chansons de Renaud Séchan)
Mise en scène : Elise Roche — Direction : Fred Pallem
Avec : Patrice Rivet, Guillaume Cramoisan, Xavier Martel, Jean-Luc Muscat, Diane Dassigny, Gaëlle Voukissa
Accompagnés par les musiciens : Fred Pallem ou Guillaume Magne, Julien Omé, Jérémy Pontier ou Rodrigue Fernandes
Notre avis (écrit en juin 2015) :
Après avoir exploré le p’tit monde de Georges Brassens il y a quelques années, la Troupe du Phénix reprend du service et met aujourd’hui son talent au service de l’œuvre de Renaud. L’idée est de suivre, à travers ses morceaux emblématiques, une bande de potes portés par leurs illusions, puis emportés par leurs désillusions. Pour ce faire, six artistes et quatre musiciens convoquent trois époques, trois univers, trois épisodes, nous invitant à un voyage dans le temps, de la banlieue des 70’s aux hlm des années 80 avant une plongée télévisuelle aux confins du 21e siècle. Ce triptyque est peuplé des personnages clés du chanteur énervant. Manu, Lucien, Gérard Lambert, La Teigne, la Pépette, la Doudou… Ils sont venus, ils sont tous là, comme disait l’autre. L’idée est terriblement ingénieuse. Elle semble même évidente tant ces protagonistes ont déjà pris corps dans l’esprit des amateurs de Renaud. Il n’y aurait plus qu’à les convier sur scène pour en faire des figures dramatiques. Certes, mais le livret offre hélas trop peu de matière pour leur permettre d’évoluer au-delà de leurs chansons originelles. Des spectateurs qui ne connaissent pas Renaud pourront-ils être séduits ? Rien n’est moins sûr et l’on peut craindre que le public non initié finisse par laisser béton. En revanche, cet écueil est un moindre défaut si l’on maîtrise bien l’œuvre. De fait, les fans de Renaud seront comblés et passeront sans aucun doute un moment délicieux au gré de ce périple jubilatoire. En effet, les quelques faiblesses du spectacle sont amplement palliées par l’entrain d’une troupe qui rend hommage à l’oeuvre rénaldienne avec tendresse et générosité. De ce point de vue, c’est amplement réussi, notamment dans la dernière partie qui prend de la distance avec l’évocation des personnages et mêle humour grinçant et folie pour une parodie savoureuse des télé-crochets. Et pour cause, il semble évident tout au long du spectacle que les chansons de Renaud sont toujours cruellement d’actualité. La vingtaine de morceaux choisis le prouvent s’il en était besoin. Que dire de plus si ce n’est que le simple fait de réentendre en live « Les Charognards » justifierait à lui seul le déplacement.