Parlez-nous de votre rôle : qui est cette Dorothy Brock ?
C’est une star qui vieillit, elle n’a pas connu le succès depuis dix ans. Le spectacle se déroule au moment du pic de la Grande Dépression, en 1933, et le seul moyen pour que le spectacle continue c’est que son sugar daddy allonge l’argent tant qu’elle en est la vedette. En coulisse, on voit qu’elle a des rendez-vous secrets avec son amant, Pat Denning, et elle lutte contre cette situation : elle aime cet homme et ne peut pas vivre sans lui même si leur liaison est secrète, tout en s’accrochant à sa célébrité dont elle a bien conscience qu’elle se fane. Elle est principalement très malheureuse, ce qui la rend, bien sûr, difficile à vivre et colérique. On la voit tout au long lutter contre Julian Marsh, le metteur en scène. On finit par découvrir une part d’humanité chez elle.
Vous êtes une familière de ce musical dans lequel vous avez déjà joué. Parlez-nous de votre expérience sur 42nd Street…
Ce spectacle tient une grande part dans mon cœur. Ce fut l’un des premiers musicals que j’ai vus dans le West End quand j’avais 12 ans et j’avais le pressentiment que je devais en faire partie.
42nd Street fut mon premier boulot lorsque je suis sortie de l’école du spectacle à 18 ans. J’étais dans la troupe mais aussi la doublure pour le rôle de Peggy Sawyer. Je lui ressemblais beaucoup : si jeune, impatiente, les yeux écarquillés, avec des rêves énormes. Il y a une scène à l’acte 2 dans laquelle je joue avec la merveilleuse Emily Langham (qui joue Peggy au Châtelet) et j’ai l’impression de me voir dans le passé, ça m’émeut beaucoup ; je suis désormais rodée au rôle de Dorothy Brock mais il reste toujours un peu de Peggy dans mon cœur… C’est adorable de passer le flambeau à la nouvelle génération.
Donc ça compte beaucoup pour moi, par plusieurs aspects, et je suis tellement heureuse que cela marque mon retour sur scène après mon combat contre la maladie.
Je regrette que ma mère ne puisse pas voir cela : elle aimait tellement ce spectacle. Je suppose qu’elle a désormais les meilleures places du théâtre.
Quand avez-vous découvert 42nd Street, était-ce par le film ou par l’adaptation sur scène ?
Comme je disais, j’ai découvert 42nd Street quand ma mère m’a emmenée le voir dans le West End. Elle avait aussi pour habitude le samedi de s’asseoir avec moi pour regarder de vieux films, et je me rappelle avoir regardé le film original avec Ruby Keeler, Ginger Rogers et Dick Powell.
Quelle est votre chanson préférée dans 42nd Street ?
C’est difficile de choisir une chanson préférée : il y en a tellement… Je dirais probablement que « About a Quarter to Nine » est ma mélodie préférée…
Qu’est-ce que vous écoutez ou chantez comme numéro de comédie musicale lorsque vous vous sentez un peu déprimée ou, au contraire, en pleine forme ?
Toutes les grandes chansons de musical me rendent heureuse, et aussi tous les thèmes joués par des orchestres… J’adore Ella Fitzgerald… Si je me sens triste, j’aime écouter, par exemple, Judy Garland dans « Life’s a Bowl of Cherries ».
Vous venez jouer en France pour la deuxième fois. Quels conseils donneriez-vous à un compatriote anglais qui jouerait pour la première fois devant un public français ?
Eh bien je lui dirais de savourer la chaleur du public français. Et aussi d’être très clair dans la façon de raconter l’histoire.
Que souhaitez-vous pour 2023 ?
Mon souhait serait de rester en bonne santé… et d’avoir la surprise de recevoir du travail merveilleux. C’est l’une des choses intéressantes dans notre métier : on ne sait jamais ce qui nous attend, mais bien sûr, c’est aussi difficile et stressant de ne pas savoir quand votre prochain salaire tombera ; ce qui est certain, c’est que ça nous maintient debout, ça nous fait aller de l’avant. Et ça ne me dérangerait pas de revenir dans cette belle ville de Paris pour un autre merveilleux spectacle 😉