Gaspard Brécourt, parlez-nous de vos débuts à Saint-Céré…
Il y a cinq ans, quand Dominique Trottein, le chef titulaire, m’a appelé pour me demander de le remplacer. Je me suis arrangé pour venir. Il m’a dit de prendre deux ou trois tubes de vitamines car entre Madame Butterfly, Lost In The Stars et les récitals, je n’allais pas chômer ! J’ai tout de suite eu un très bon contact avec l’orchestre et les années suivantes, je suis revenu régulièrement pour Lucia, La Traviata et cette année pour Le Barbier de Séville et des récitals. Dans ce pays où les troupes sont en déliquescence, ça fait du bien de se retrouver l’été dans une ambiance familiale et de boulot intense en même temps. Musicalement, on s’éclate. Les musiciens sont tous issus d’orchestres différents mais ça reste l’Orchestre Opéra Éclaté. Ce n’est pas un orchestre de « cachetonneurs » car la plupart sont là depuis quinze, vingt ans. Ils sont tous fidèles et ce sont des instrumentistes excellents. Je prends énormément de plaisir à travailler avec eux. Pour Le Barbier de Séville, on a pu travailler dans le détail. C’est de la dentelle !
Le fait de se connaître depuis longtemps, de connaître les qualités et les défauts de chacun, vous permet ça ?
Je connais les défauts et les qualités de chacun mais je retiens surtout les qualités. Et j’essaie de transformer les défauts — passagers — y compris les miens. Je suis chef d’orchestre mais je me considère un peu comme un chef d’entreprise qui est en réunion permanente face à mes « employés ». Attention, je ne dis pas que les musiciens sont mes employés : ils sont à mon service comme je suis à leur service. C’est réciproque. Aujourd’hui, je les connais tous un par un, musicalement comme humainement et il n’y en a pas un avec qui je ne m’entends pas.
Quel est selon vous l’esprit du festival ?
On met à profit un travail exigeant — la musique demande beaucoup de travail — dans des œuvres souvent assez connues, parce que le public le demande, mais aussi des œuvres moins connues voire inconnues comme Lost In The Stars qui ne s’était jamais joué en France. C’est le principe du festival. Olivier Desbordes [directeur du festival] veut donner au public des œuvres qu’ils ont envie d’entendre et lui permettre d’en découvrir d’autres. De même, le festival met aussi le pied à l’étrier à de jeunes chanteurs. On donne la chance à des jeunes qui sont en début de carrière, en leur donnant des rôles qu’ils ne pourront peut-être pas défendre tout de suite car les directeurs de théâtre préfèrent prendre des gens plus aguerris. Ici, c’est un peu un laboratoire d’essai mais face au public.
Aujourd’hui, Saint-Céré est considéré comme une des figures de proue des festivals d’été en France, c’est un festival reconnu avec un public fidèle qui vient aussi bien de la région que d’autres pays, comme la Hollande, la Belgique ou l’Angleterre.
Il y a aussi un éclectisme dans la programmation avec des aspects différents du théâtre musical : opéra, opérette, comédie musicale…
Cette année, par exemple, je suis sur Le Barbier et sur un récital lui-même très éclectique qui permet d’alterner des choses connues et d’autres moins. Il y a cinq ans, j’enchaînais Butterfly puis Kurt Weill, et c’était un bonheur total. J’avais un grand-père qui était un chef d’orchestre reconnu, Jean Fournet. Dans les années 50, il était directeur de l’Opéra Comique et le lundi, c’était Tosca, le mardi Carmen, le mercredi L’Or du Rhin, le jeudi Butterfly, le vendredi une opérette, etc. Ici, c’est un peu pareil, on passe de Weill à Puccini en mettant un récital au milieu, c’est formidable. On change d’univers tous les soirs. Quoi de mieux que l’éclectisme, tant pour nous que pour le public ?
Quel est votre rapport à la comédie musicale ?
J’ai dans ma tête la version film de West Side Story, ce sont des images indélébiles dans ma tête. Puis, plus tard, j’ai découvert la version studio avec Te Kanawa et Carreras. J’ai des souvenirs formidables au Châtelet : un Candide magnifique, un Sweeney Todd exceptionnel. Et demain, si on me disait : « tu diriges West Side Story ou Sweeney Todd », je sauterais au plafond et je dirais oui tout de suite. J’adore cette musique aussi. Je ne fais pas de différence entre l’opéra comique, la comédie musicale, l’opéra bouffe, l’opera seria… J’aime cette phrase de Beethoven qui dit : « la musique transforme toujours des impressions extérieures en expressions intérieures. » Et ça, ça résume pour moi, ce qu’est la musique.
Gaspard Brécourt dirigera Les Noces de Figaro en tournée :
25 novembre 2017 – Théâtre André Malraux – Rueil Malmaison
3 décembre 2017 – 16h — La Colonne – Miramas
26 janvier 2018 – 20h45 — Théâtre André Malraux – Gagny
28 janvier 2018 — 20h30 — Théâtre Municipal — Muret
3 février 2018 – 20h30 — Les Bords de Scènes – Juvisy
10 février 2018 – 20h — Les Théâtres de Maisons Alfort – Maisons Alfort
15 février2018 – La Grande Scène – Le Chesnay
13, 14 et 16 décembre 2018 – Opéra — Massy
Ainsi que La Périchole :
10 novembre 2017 — 20h30 – Centre d’animation Régional, Espace Gartampe, Montmorillon
28 novembre 2017 – 20h45 — Théâtre Alphonse Daudet – Coignères
16 décembre 2017 – Saison Culturelle du Val d’Yerres – Yerres