La vie de la première star internationale, celle qu’on nomma « la divine », « le monstre sacré », « la voix d’or », « l’impératrice du théâtre », « la scandaleuse ».
Sarah, celle qui dormait dans un cercueil, collectionnait les hommes et les animaux, fit un enfant avec un prince, traversa deux guerres, claqua deux fois la porte de la Comédie-Française, alla jouer jusqu’au far-west… Tout cela avec extravagance, humour et un engagement sans faille, portée par sa devise « Quand-même ! ».
Dix artistes, trente-cinq personnages : une ode à la liberté, la prise de risque et la détermination.
Notre avis : La rentrée théâtrale s’annonce bien ! C’est dans le bel écrin du théâtre niché dans les jardins du Palais-Royal que Géraldine Martineau a choisi de nous présenter sa pièce consacrée à Sarah Bernhardt. On se souvient de la création en 1982 de Sarah et le cri de la langouste interprété par Delphine Seyrig qui nous dépeignait un personnage vieillissant remontant le fil de sa vie. Dans cette pièce à deux personnages, elle se confiait à son fidèle secrétaire Pitou.
Le spectacle d’aujourd’hui déploie les acteurs principaux de la vie de la tragédienne – sa mère, ses sœurs, les hommes… – ainsi que les événements tragiques qui ont marqué son incroyable destinée… Au total, pas moins de trente-cinq personnages sont ici ressuscités par une incroyable palette de dix comédiens.nes dont deux musiciens.nes ! Le propos de Géraldine Martineau semble clair : rendre un hommage vibrant à une femme d’exception résolument moderne, voire d’avant-garde. Les convictions des deux femmes se retrouvent, dans le désir de (re)produire à cent ans d’intervalle de nouveaux modèles féminins. De surcroît, elles aiment par-dessus tout le théâtre qui les habite. Elles se rejoignent dans une soif de liberté et de justice qui ne les lâche pas.
Nous sommes séduits dès le lever de rideau par la délicatesse de la scénographie, le raffinement des costumes, les jeux subtils de lumières. Nous retrouvons un plaisir aussi vif que celui du spectacle La Dame de la mer, monté en 2023 à la Comédie-Française par Géraldine.
Estelle Meyer incarne la grande Sarah avec subtilité, en évitant les pièges de la grandiloquence : point d’excès dans son jeu, car l’autrice a choisi de dépeindre une femme résolument humaine qui aime, se bat contre les injustices et sait donner aux autres. Le choix d’une comédienne qui, de surcroît, chante à ravir sert magnifiquement le texte : la partition musicale ponctuant le spectacle arrive toujours fort à propos. La distribution – d’une homogénéité sans faille – nous permet de retrouver Isabelle Gardien, qui a su pendant de longues années servir magnifiquement la Maison de Molière.
La récente exposition du Petit Palais consacrée à ce monstre sacré avait remis en mémoire, ou fait découvrir, cette figure inclassable du monde du théâtre, largement applaudie au-delà de nos frontières. Ce nouvel éclairage ne fera que conforter l’idée que cette inclassable impératrice du théâtre recèle encore des secrets, toujours à découvrir.